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<p>
<FONT FACE="Verdana, Helvetica, Arial"><SPAN style="font-size:12.0px;"><BR>
<BR>
<BR>
------ Message transféré<BR>
<B>De : </B>Jerome Valluy <jerome.valluy@<wbr>univ-paris1.<wbr>fr><BR>
<B>Société : </B><a href="http://terra.rezo.net">http://terra.<wbr>rezo.net</a><BR>
<B>Date : </B>Wed, 24 Sep 2008 12:30:49 +0200<BR>
<B>À : </B>TERRA <terra@cines.<wbr>fr><BR>
<B>Objet : </B>[TERRA-Quotidien] Dossier : Refuser le classement des revues SHS<BR>
<BR>
</SPAN></FONT>
<P ALIGN="CENTER">
<FONT FACE="Verdana, Helvetica, Arial"><SPAN style="font-size:12.0px;">Dossier : <BR>
<FONT COLOR="#CC0000"><B>Refuser le classement des revues SHS<BR>
</B></FONT>
</SPAN></FONT>
<P>
<FONT FACE="Verdana, Helvetica, Arial"><SPAN style="font-size:12.0px;"><U>Sommaire du dossier (ordre chronologique inversé)</U> : <BR>
1. <B><I>"Refuser le classement des revues"</I> </B>par Sylvain Piron sur <I>[revues_shs]</I>, 20.09.2008<BR>
2. <B><I>"Il faut refuser le classement des revues."</I></B> par Sabine Rommevaux<BR>
3. <B><I>"Y a-t-il une conscience à l’AERES ?"</I></B>, Sophie Basch, sur <I>Fabula.Org</I>, 20.09.2008<BR>
4.<I> <B>"“The State We’re In” : le classement des revues par l’AERES"</B></I>, par C. Bouillaud sur <I>Bouillaud's Weblog</I>, 11.09.2008<BR>
5. <B><I>"Aeres - Revues science politique"</I> </B> et <B><I>"Note sur le classement des revues de science politique par l'AERES"</I></B>, par J.L Briquet sur <I>[ancmsp]</I> 05.20.2008<BR>
6. <B> <I>"La liste des revues scientifiques du domaine des sciences humaines et sociales"</I></B> sur <I>Aeres-evaluation.<wbr>fr</I>, le 28.07.2008<BR>
7. <B><I>"Journals under Threat: A Joint Response from History of Science, Technology and Medicine Editors"</I></B> appel publié dans les revues signatrices puis sur SLU le 16.07.2008<BR>
8. <B><I>"Vos papiers ! la science à l’aune de la raison comptable"</I></B>, par G. Debrégeas & F. Jobard, sur <I>Vacarmes</I>, 30.05.08<BR>
9. <B>"<I>Critères d'identification des chercheurs et enseignants-<wbr>chercheurs "publiants"</I>"</B> AERES 06.03.2008<BR>
<BR>
<BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"><B>1. <FONT COLOR="#CC0000">"Refuser le classement des revues"</FONT> par Sylvain Piron sur [revues_shs]<wbr>, 20.09.2008<BR>
</B>Chers collègues,<BR>
<BR>
Au cours de ces derniers mois, les procédures de classements des revues <BR>
en catégories ABC, au niveau européen avec l'ERIH (European Reference <BR>
Index for the Humanities) et en France avec celui que prépare l'AERES <BR>
(Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur), <BR>
ont suscité des réactions en chaîne qui dénoncent autant les conditions <BR>
dans lesquelles ces listes sont établies (le plus souvent de façon <BR>
opaque et sur la base de critères incertains) que le principe même d'un <BR>
tel classement dont les effets nocifs sont assez facilement prévisibles, <BR>
dès lors qu'il est prévu d'employer une telle classification dans <BR>
l'évaluation individuelle des chercheurs - la sinistre division entre <BR>
"publiants" et "non-publiants" - qui déterminera les financements <BR>
accordés aux équipes de recherche.<BR>
<BR>
Des réflexions vigoureuses ont circulé ces derniers temps, en dernier <BR>
lieu une lettre ouverte de Sophie Basch (Paris IV), intitulée "Y a-t-il <BR>
une conscience à l’AERES ?" ; pour ceux qui ne l'auraient pas encore <BR>
reçue, je la copie à la suite de ce message.<BR>
Ce matin même, Sabine Rommevaux, présidente de la Société française <BR>
d'histoire des sciences et des techniques, a diffusé sur la liste Theuth <BR>
(histoire et philosophie des sciences) un appel à emboîter le pas à la <BR>
démarche des directeurs de revues anglaises d'histoire des sciences, <BR>
techniques et médecine, qui demandent en bloc à être retirés des listes <BR>
de l'ERIH. Je vous copie son message ci-dessous, et vous joins la <BR>
version définitive de l'appel "Journals under Threat".<BR>
<BR>
Au point où en est la montée de l'indignation dans la communauté <BR>
scientifique française, il me semble que le moment est venu d'une <BR>
véritable mobilisation sur ce thème. Pour avoir la moindre efficacité, <BR>
elle ne peut consister qu'à énoncer un refus collectif des responsables <BR>
de revues scientifiques de figurer dans le classement de l'AERES. Mais <BR>
puisque cette institution ne fait que reproduire à l'échelle nationale <BR>
une démarche engagée à l'échelon européen, la démarche véritablement <BR>
significative serait l'expression d'un refus, de la part des <BR>
responsables de revues européennes, toutes disciplines confondues, de <BR>
figurer sur la liste de l'ERIH.<BR>
<BR>
Pour commencer, je propose à ceux d'entre vous qui partagent ce point de <BR>
vue de me contacter, afin que nous rédigions collectivement le texte <BR>
bref et percutant d'un appel, énonçant un refus collectif de voir nos <BR>
revues figurer sur ces listes (et j'inclus la mienne dans cette <BR>
protestation, en raison même de son insignifiance et de son excessive <BR>
spécialisation)<wbr>, et d'organiser sa diffusion rapide.<BR>
<BR>
bien cordialement à tous,<BR>
<BR>
Sylvain Piron<BR>
Maître de Conférences à l'EHESS<BR>
Rédacteur en chef de la revue électronique Oliviana. Mouvements et <BR>
dissidences spirituels XIIIe- XIVe siècles<BR>
<BR>
<BR>
Source : -------- Message original -------- <BR>
Sujet : [revues_shs] Refuser le classement des revues. <BR>
Date : Sat, 20 Sep 2008 13:11:02 +0200<BR>
De : Sylvain Piron <sylvain.piron@<wbr>ehess.fr> <a href="mailto:sylvain.piron@ehess.fr"><mailto:sylvain.<wbr>piron@ehess.<wbr>fr></a> <BR>
Répondre à : revues_shs@cru.<wbr>fr <BR>
Pour : revues_shs@cru.<wbr>fr<BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"><B>2. <FONT COLOR="#CC0000">"Il faut refuser le classement des revues."</FONT> par Sabine Rommevaux<BR>
</B><BR>
<BR>
Une quarantaine de directeurs de revues d'histoire des sciences, des <BR>
techniques ou de la médecine ont demandé à ce que leurs revues soient <BR>
rayées de l'European Reference Index for Humanities (ERIH), établi par <BR>
la Fondation européenne pour la science, index sur lequel s'appuie <BR>
l'AERES pour constituer ses propres listes. Ces directeurs de revues, <BR>
parmi les plus prestigieuses, presque toutes classées A ont dénoncé <BR>
l'opacité, voire l'arbitraire avec lesquels cet index avait été établi.<BR>
Une version non officielle de cette lettre avait été diffusée avant <BR>
l'été sur Theuth. Robert Fox (directeur de Notes & Records of the Royal <BR>
Society), à l'initiative de la protestation, m'a autorisée à diffuser <BR>
largement la dernière version de cette lettre. Je l'ai ainsi envoyée à <BR>
un membre du conseil de l'AERES, qui l'a lu avec beaucoup d'intérêt et <BR>
va la transmettre à ses collègues chargés de l'évaluation. Robert Fox <BR>
souhaite aussi que de nouveaux directeurs de revues s'associent à cette <BR>
protestation.<BR>
<BR>
Je vous demande donc de diffuser largement cette missive.<BR>
Bien cordialement.<BR>
<BR>
Sabine Rommevaux, Présidente de la Société française d'histoire des <BR>
sciences et des techniques<BR>
<BR>
Source : -------- Message original -------- <BR>
Sujet : [revues_shs] Refuser le classement des revues. <BR>
Date : Sat, 20 Sep 2008 13:11:02 +0200<BR>
De : Sylvain Piron <sylvain.piron@<wbr>ehess.fr> <a href="mailto:sylvain.piron@ehess.fr"><mailto:sylvain.<wbr>piron@ehess.<wbr>fr></a> <BR>
Répondre à : revues_shs@cru.<wbr>fr <BR>
Pour : revues_shs@cru.<wbr>fr<BR>
<BR>
<BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"><B>3. <FONT COLOR="#CC0000">"Y a-t-il une conscience à l’AERES ?"</FONT>, Sophie Basch, sur Fabula.Org, 20.09.2008<BR>
</B><BR>
<BR>
Depuis quelques mois, l’AERES, Agence gouvernementale chargée de <BR>
l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, créée en <BR>
2006, s’efforce d’établir un classement qualitatif des revues en <BR>
sciences humaines, sur le modèle des palmarès des sciences dures. Cette <BR>
démarche a suscité une vive contestation Outre Manche : les philosophes <BR>
des sciences britanniques ont dénoncé cette entreprise de <BR>
standardisation dont ils démontent les fondements et les aboutissements <BR>
(Journals under Threat : A Joint Response from HSTM Editors). Les <BR>
directeurs de revues éminentes ont prié les rédacteurs de l’ERIH <BR>
(European Reference Index for the Humanities) de retirer leurs <BR>
publications d’un inventaire dont ils récusent la pertinence, achevant <BR>
ainsi d’en infirmer la validité.<BR>
Les Français doivent leur emboîter le pas. Olivier Boulnois, directeur <BR>
d’études à l’École Pratique des Hautes Études, s’est récemment exprimé <BR>
sur ces classements dont le principe même lui paraît biaisé. Le seul <BR>
moyen d’évaluer la qualité et le « rayonnement » (ce critère reste <BR>
insaisissable) d’un article est de le lire, non de le classer en A, B ou <BR>
C selon le support qui l’a accueilli. Les historiens, les philosophes et <BR>
les littéraires ne passeraient pas tant d’heures dans les bibliothèques <BR>
s’ils ne devaient dépouiller des revues anciennes, souvent obscures, à <BR>
faible tirage, éditées en marge des dogmes dominants et qui ont <BR>
néanmoins hébergé des contributions importantes. Le temps n’est pas un <BR>
facteur d’évaluation négligeable. Les classements réducteurs de l’ERIH <BR>
et de l’AERES ne tiennent aucun compte de cette décantation : ils <BR>
balisent non seulement la recherche du présent mais celle du futur.<BR>
Le but de l’opération est simple : l’évaluation individuelle et <BR>
collective (chercheurs et équipes de recherche) requiert des compétences <BR>
spécifiques ; elle demande du temps et des moyens. Le classement des <BR>
publications en trois catégories présente un inestimable avantage <BR>
puisqu’il permet l’évaluation machinale. Il suffira à l’évaluateur de <BR>
tourner la manivelle, comme le joueur d’orgue de barbarie lorsqu’il <BR>
introduit les cartes de papier perforé dans un instrument qui n’a pas la <BR>
prétention de produire de grande musique. Les historiens, les <BR>
philosophes, les littéraires ne peuvent accepter cette orchestration.<BR>
Mais le problème est aussi ailleurs. Le malaise règne à l’AERES. Déjà, <BR>
inévitables, des bruits de marchandage circulent : si vous renoncez à <BR>
rendre publiques vos récriminations, nous pourrions remonter de B en A <BR>
telle revue que vous dirigez ou dont vous êtes le collaborateur <BR>
régulier… La défaite de la pensée s’accompagne d’une abdication de la <BR>
conscience, favorisée par l’anonymat : l’ERIH et l’AERES, dont le maître <BR>
mot est la « transparence », ne publient pas les noms de ceux qui, <BR>
discipline par discipline, ont constitué leurs listes. Qui fixe ce canon <BR>
et qui en assume la responsabilité ? L’ineptie de la démarche a été <BR>
suffisamment dénoncée ; peut-être n’a-t-on pas assez insisté sur la <BR>
compromission qu’elle suppose.<BR>
Les commissions disciplinaires chargées de procéder aux classements sont <BR>
constituées de chercheurs et d’universitaires chevronnés. Mais leur <BR>
composition change au fil des réunions : beaucoup de ceux qui sont venus <BR>
ne reviennent pas, bannis pour indiscipline ou volontairement exilés. <BR>
L’atmosphère de ces assemblées est cordiale. La gêne est cependant <BR>
patente : la pertinence de ces classements ne convainc personne. Des <BR>
voix s’élèvent pour défendre une politique du moindre mal : puisque le <BR>
Ministère impose l’établissement de ces listes, mieux vaut confier la <BR>
sélection aux plus compétents (ceux qu’on a choisi de convoquer et qui <BR>
ont répondu à la convocation)<wbr>. La rengaine est connue : « cette décision <BR>
est mauvaise, mais elle sera encore pire si ce n’est pas nous qui <BR>
l’appliquons ». Le raisonnement, qui éveille de mauvais souvenirs, est <BR>
aussi vicieux que le principe même du classement : comment exécuter de <BR>
basses œuvres sans se discréditer ? Ceux qui refusent le statut de <BR>
petits fonctionnaires de la censure n’ont plus qu’à quitter les lieux. <BR>
Car il n’y a pas de compromis, comme la suite le montrera : écrémage de <BR>
plus en plus rapide à mesure que l’heure tourne ; élimination des revues <BR>
publiées dans des lieux improbables comme Vilnius, Bergen, Ankara, <BR>
Budapest ou Bratislava (qui a jamais entendu parler de ces publications <BR>
?), aux titres plus imprononçables encore que ceux des périodiques <BR>
allemands, néerlandais ou italiens dont le comité écorche les syllabes – <BR>
les revues anglaises ou américaines, A dans le classement de l’ERIH, <BR>
sont rarement rétrogradées. À l’heure où la France s’inquiète du déclin <BR>
de sa culture (mais diminue les crédits de ses Instituts de recherche à <BR>
l’étranger), ce mépris est particulièrement malvenu. L’AERES a-t-elle <BR>
pensé à l’humiliation que ces listes imposeront à ceux qui, dans des <BR>
régions lointaines et aux ressources souvent limitées, font l’effort de <BR>
publier en français ou sur la France, chassées du tableau d’honneur sans <BR>
autre forme de procès ? Nul n’est besoin d’un répertoire pour savoir <BR>
qu’il est plus prestigieux de publier dans telle vénérable revue que <BR>
dans un bulletin paroissial. Faut-il pour autant succomber à la manie du <BR>
fichage et au démon de l’explicitation, aussi offensants qu’inutiles ? <BR>
Le vrai provincialisme n’est pas où on le traque mais dans l’ignorance <BR>
de l’étranger.<BR>
Quand tous ces arguments auront été avancés, voire admis, des voix <BR>
s’élèveront pour rappeler un impératif : le regroupement des universités <BR>
françaises en PRES (Pôles de recherche et d’enseignement supérieur), où <BR>
les Facultés de sciences humaines ne bénéficieront plus de leur glorieux <BR>
isolement. « Que répondre à l’incompréhension des collègues de médecine, <BR>
de physique, de chimie, excédés par l’absence de critères objectifs de <BR>
classement ? Nos disciplines sont vouées à la disparition dans ce <BR>
contexte. » Mais c’est précisément alors qu’elles seraient laminées. Les <BR>
sciences humaines ne sont pas exactes par définition. Elles ne sont pas <BR>
pour autant dépourvues de rigueur mais aucune « objectivité » autre que <BR>
l’honnêteté intellectuelle ne peut présider à leur évaluation. Il ne <BR>
s’agit pas de s’abriter derrière une loi d’exception mais de partir de <BR>
la réalité. L’honneur des humanités est la curiosité : le seul critère <BR>
admissible est celui de la diversité et de la variété des publications.<BR>
<BR>
Sophie Basch<BR>
Professeur de littérature française à l’université Paris IV-Sorbonne, <BR>
membre de l’IUF<BR>
<BR>
<BR>
Source : 209.85.129.104/<wbr>search?q=<wbr>cache:Yb_<wbr>7FwX9ZIMJ:<wbr>www.fabula.<wbr>org/actualites/<wbr>article25688.<BR>
php+Y+a-t-il+<wbr>une+conscience+<wbr>%C3%A0+l%<wbr>E2%80%99AERES&hl=fr&ct=clnk&cd=1&gl=fr&client=firefox-<wbr>a<BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"></SPAN><FONT SIZE="5"><SPAN style="font-size:18.0px;"><B>4. <FONT COLOR="#CC0000">"“The State We’re In” : le classement des revues par l’AERES"</FONT></B></SPAN></FONT><B><SPAN style="font-size:12.0px;">, par C. Bouillaud sur <I>Bouillaud's Weblog</I>, 11.09.2008<BR>
11 septembre 2008 <BR>
</SPAN></B><SPAN style="font-size:12.0px;"><BR>
Jean-Louis Briquet (par ailleurs une vieille connaissance que je salue bien amicalement s’il vient à me lire ici) en tant que Délégué scientifique adjoint Aeres pour la science politique, a fait passer sur la liste de l’ANCMSP le 5 septembre 2008 une anticipation du classement par l’AERES des revues de science politique et une explication des critères retenus pour opérer ce classement en A, B, et C. Ce classement des revues doit ensuite servir à évaluer pour chaque laboratoire et pour chaque individu son niveau d’<I>excellence.</I> Un laboratoire qui contient beaucoup de “publiants” (néologisme de la novlangue administrative) dans des revues de rang A sera bien évalué, et celui qui ne contiendrait que des “publiants” dans des revues de rang B et C serait condamné à terme. Au niveau individuel, cette grille devrait aussi déterminer là terme les carrières à venir de chacun. Les non-”publiants” ne sont eux même pas à évoquer : ils seront sans doute éradiqués comme les parasites qu’ils sont. D’après ce que dit Jean-Louis Briquet, pas plus de 25% des revues évaluées par l’Aeres dans chaque champ disciplinaire ne doit être classé en A.<BR>
<BR>
Je voudrais d’abord réagir sur le principe même d’un classement établi des revues, des Universités, des personnes. Cette tendance existe depuis fort longtemps - aprés tout, un Jean-Jacques Rousseau n’a-t-il pas percé dans la vie intellectuelle de son temps grâce à des concours de ce genre? La remise de prix d’excellence est une banalité du monde académique depuis trois siècles au moins. Simplement nous sommes dans une phase ultérieure de “rationalisation” du classement. Nous y ajoutons en plus cette dose de cruauté qui semble venir du monde des entreprises : 25% des revues en A pas plus, cela m’a fait penser à ces notations du personnel dont la presse avait parlé il y a quelques années chez IBM qui entraînait une obligation pour les cadres de trouver parmi leurs subordonnés des faibles dont se débarasser. Il y a ainsi quelque chose aussi comme un jeu d’élimination (des “tournois successifs” comme disent joliment les économistes) qu’on organise ainsi, ou pour être plus populaire, un style de pensée semblable à celui du “Maillon faible”. Il ne suffit pas d’être correct, il faut être dans les 25% des meilleurs, voire “le meilleur”. Et il n’en restera qu’un. En réalité, nous sommes ici dans du pur Spencer, dans du “darwinisme social” appliqué à la science. Nous n’osons certes plus théoriser comme Spencer en son temps l’élimination pure et simple du plus faible, nous nous contentons de faire l’éloge de l’innovation socialement et économiquement utile à tous (en principe ) apporté par le plus fort - avec le thème de l’<I>excellence</I> créatrice de richesses. Ce genre de classement casse donc bien sûr le mythe de la “communauté scientifique” pour bien mettre en lumière la “rat race” en cours en son sein à chaque instant. Dans le fond, cela veut dire que les principes moraux (le grand mot!) qui devraient mouvoir un scientifique ne sont pas différents de celui d’un gestionnaire d’un fonds collectif de placement (une SICAV par exemple) : il faut être parmi les meilleurs en fonction d’une performance mesurable objectivement. Je pense qu’il peut y avoir là une contradiction forte avec la motivation première qui incite des jeunes à se lancer dans un doctorat en sciences humaines. Celle-ci me semble souvent fondé d’abord sur une interrogation personnelle sur un point de la réalité, et encore pire sur un goût (altruiste) de la transmission du savoir. Grâce à la mise en lumière de ces classements, par une agence comme l’Aeres, qui n’est que la version française d’un phénomène mondial, les jeunes doctorants sont désormais prévenus : il ne vous suffira pas d’être bon, ni même très bon comme vous l’êtes souvent, il vous faudra avoir un esprit de compétition digne d’un tennisman face au classement ATP. J’ajouterais une considération plus philosophique si l’on veut : je me demande comment le monde académique (en sciences sociales) peut-il concilier des pratiques darwiniennes en son sein avec une certaine tendance (kantienne) à faire l’éloge de l’égalité entre les hommes, ou à s’inquiéter (pour la société) de l’égal “respect” dû à chacun? Des sciences sociales régies par de tels principes internes de compétition peuvent-elles être qualifiées d’humanistes? Ne devraient-elles pas réhabiliter ce cher Spencer, et affirmer clairement l’inégalité naturelle entre les hommes?<BR>
<BR>
Une fois rappellé tout ce doit à l’esprit du “darwinisme social” ce genre de classement, on peut aussi s’interroger sur ses effets à terme sur la production scientifique de notre discipline. Il devient évident qu’un jeune impétrant doit chercher à tout prix à publier dans une revue classée en A, doit accepter de publier faute de mieux dans une revue classée en B, et doit refuser comme une insulte et une perte de temps préjudiciable à sa carrière de publier dans une revue classée en C. (Significativement, Jean-Louis Briquet ne reproduit même pas la liste des revues classées en C dans son mail…) En dehors de la soumission aux puissances établies que cela implique, cela veut surtout dire qu’une approche vraiment innovante pourrait avoir quelques difficultés à s’imposer. En effet, un groupe de doctorants ou de jeunes docteurs qui s’apercevraient qu’ils ont quelque chose à dire qui n’est pas audible par les comités de lecture des revues classées en A n’auraient guère intérêt à publier dans les revues classées en B ou C, et encore moins dans une revue nouvelle qu’ils créeraient, puisqu’elle ne leur apporterait que peu de “points de vie” pour leur carrière. Bref, un tel classement fige la situation, sauf si on suppose que les comités de lecture des revues classées en A sont parfaitement ouverts aux innovations proposées par les jeunes. La situation n’est certes pas complétement figée, une revue peut monter en A ou une autre descendre en B ou C, mais le premier classement aura sans doute un fort effet d’hystérèse. (Je ne compte pas ici l’effet éventuel de découragement sur les comités de rédaction des revues classées en B ou en C, à leur sens injustement, face un revue classée en A). Il est bien sûr ironique que ce classement soit annoncé aux jeunes lecteurs de la liste de l’ANCMSP par un chercheur qui lui-même fut l’une des personnes clés de l’ouverture de la discipline à de nouvelles approches dans les années 1980-90 à travers la création de <I>Politix</I>.<BR>
<BR>
Dernier point (à mon sens le moins important) : le choix des revues mises en A. La <I>RFSP</I> participe au premier rang, si j’ose dire “de droit”. Il est facile de constater une représentation significative de la “sociohistoire du politique” avec deux revues : <I>Politix</I> et <I>Genèse. </I>Comme le dit Jean-Louis Briquet, pour le reste, il s’agit essentiellement du choix de la revue “majeure” dans chaque sous-champ disciplinaire (<I>Critique internationale</I> pour les RI, <I>Raisons politiques</I> pour la théorie politique, <I>PMP</I> pour les politiques publiques). <I>Politique africaine</I> est classée en A pour des raisons liées à une autre discipline. Tous les relégués en B auront sans doute quelques raisons de se plaindre, et, franchement, l’écart de contenu entre ce qui est classé en A et en B ne me saute pas aux yeux si je raisonne article par article. Du point de vue de l’innovation, je doute par exemple que <I>PMP</I> soit vraiment une revue importante, elle est sans doute centrale par son réseau social, mais un article important en politiques publiques (cf. les biblographies des manuels sur ce point) sera plutôt publié dans la <I>RFSP</I>. La distinction entre revues classées en A et en B (je ne connais pas celles classées en C) me paraît surtout statutaire, et elle ne traduit de fait que l’état actuel des luttes au sein des divers sous-champs qui structurent la discipline. On dispose là en effet une belle objectivation des luttes de classement comme dirait P. Bourdieu qui structurent le champ, mais pas d’une boussole fiable pour savoir où lire ce qu’il y aurait d’intéressant à lire si on est à l’affût d’une nouveauté significative. On pourrait enfin noter que cette objectivation souligne bien un écart entre la science politique française et la science politique internationale : de ce point de vue, <I>Politix</I> et <I>Genèse</I> devraient se trouver en B ou même C, et inversement la<I> RIPC</I> et peut-être <I>Pôle Sud </I>en A<I>, </I>et, si j’ose me moquer, <I>PMP</I> en D…<I> </I>On devrait aussi voir apparaître dans le classement les revues anglophones sur la France, étrangement absentes du classement. De toute façon,<I> </I>chacun aura son classement personnel en fonction de ses intérêts de recherche, de ses goûts éditoriaux, de ses croyances sur ce que doit apporter un article en science politique, de son histoire de publication (ou de non-publication) dans telle ou telle revue. Face à un tel classement, chacun est simplement ramené à sa place objective au sein du champ.<BR>
<BR>
En somme, nous savons désormais “the State We’re In”.<BR>
<BR>
____________<wbr>_________<wbr>_________<wbr>_________<wbr>__<BR>
Source : <a href="http://bouillaud.wordpress.com/2008/09/11/the-state-were-in-le-classement-des-revues-par-laeres/">http://bouillaud.<wbr>wordpress.<wbr>com/2008/<wbr>09/11/the-<wbr>state-were-<wbr>in-le-classement<wbr>-des-revues-<wbr>par-laeres/</a><BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"><B>4. <FONT COLOR="#CC0000">"Aeres - Revues science politique"</FONT> et <FONT COLOR="#CC0000">"Note sur le classement des revues de science politique par l'AERES"</FONT>, par Jean-Louis Briquet (AERES) sur [ancmsp] le 05 septembre 2008<BR>
</B><BR>
Bonjour, ci-dessous une note précisant la manière dont a été établie la liste des revues de science politique par l'Aeres.<BR>
<BR>
A noter que cette liste n'a pas encore été intégrée à la liste générale des revues scientifiques SHS publiée sur le site de l'Aeres (<a href="http://www.aeres-evaluation.fr/La-liste-des-revues-scientifiques)">http://www.aeres-<wbr>evaluation.<wbr>fr/La-liste-<wbr>des-revues-<wbr>scientifiques)</a> et qu'elle le sera très vite (dans le courant de la semaine prochaine).<BR>
<BR>
A noter également que chaque direction scientifique disciplinaire à l'intérieur des SHS a procédé à son propre classement et que, quand une revue est évaluée par plusieurs disciplines, c'est la note la plus haute qui lui est attribuée. Le classement tel qu'il apparaît actuellement sur la liste générale des revues SHS sera donc modifié selon ce principe.<BR>
<BR>
Cordialement<BR>
<BR>
Jean-Louis Briquet<BR>
Délégué scientifique adjoint Aeres<BR>
Science politique<BR>
<BR>
*****<BR>
<BR>
<B>NOTE SUR LE CLASSEMENT DES REVUES DE SCIENCE POLITIQUE PAR L'AERES<BR>
<BR>
</B>L'Aeres a souhaité disposer d'une liste de revues scientifiques SHS classées en A, B et C. Cette liste servira aux experts pour l'évaluation des unités (taux de « publiants » et production scientifique globale). Les délégations scientifiques concernées ont été chargées d'élaborer une liste pour la (ou les) discipline(s) de leur ressort. Une "liste des revues scientifiques du domaine des sciences humaines et sociales" a été publiée sur le site de l'Aeres fin juillet 2008 (<a href="http://www.aeres-evaluation.fr/La-liste-des-revues-scientifiques),">http://www.aeres-<wbr>evaluation.<wbr>fr/La-liste-<wbr>des-revues-<wbr>scientifiques)<wbr>,</a> regroupant les diverses listes disciplinaires. Lorsqu'une revue a été examinée par plusieurs disciplines, c'est le classement le plus élevé qui a été retenu.<BR>
<BR>
<U>Important </U>: La liste des revues de science politique n'a pas encore été intégrée (4 septembre 2008) à la "liste des revues scientifiques du domaine des sciences humaines et sociales". Elle le sera dans la première quinzaine du mois de septembre.<BR>
<BR>
<B>Procédure suivie pour le classement des revues de science politique<BR>
<BR>
</B>Un groupe de travail a été constitué, composé de : 2 représentants de l'Aeres ; 2 représentants du CNU section 04 ; 2 représentants de la section 40 du Comité national du CNRS ; 2 représentants de l'AFSP ; 2 présidents de comités de visite Aeres. Les principales institutions et associations disciplinaires ont donc été parties prenantes de l'élaboration du classement.<BR>
<BR>
Le classement a été, pour le moment, limité aux revues françaises appartenant strictement à la science politique. Un groupe de travail sera mis en place cette année afin de disposer d'un panorama plus précis des revues non françaises (anglophones et non anglophones) dans lesquelles sont amenés à publier les politistes français. Dans l'attente, les experts sont invités à se référer aux classements internationaux, en particulier celui du Web of Science ou l'ERIH. En ce qui concerne les revues d'autres disciplines dans lesquelles publient fréquemment les chercheurs et enseignants-<wbr>chercheurs en science politique (sociologie, histoire, anthropologie, droit, etc.), ce sont les classements établis dans ces autres disciplines (et donc ceux de la liste générale SHS) qui seront utilisés.<BR>
<BR>
Une liste de revues a été soumise au groupe de travail, composée des revues de science politique de la liste des revues SHS établie cette année par le CNRS (ont été ajoutées certaines revues n'apparaissant pas sur cette liste, mais dans lesquelles les politistes évalués par la section 40 du comité national du CNRS ont publié au cours des deux dernières années). Les membres du groupe ont attribué une note à chacune des revues, selon les critères suivants :<BR>
<BR>
A : Revue généraliste de tout premier plan dans la discipline et revues spécialisées de tout premier plan dans leur domaine<BR>
B : Revues généralistes et spécialisées importantes<BR>
C : Revues de second rang ou revues non scientifiques (vulgarisation, etc.)<BR>
<BR>
<U>Remarques</U> <BR>
<BR>
Il a été jugé préférable d'utiliser les critères ci-dessus plutôt que les seuls critères de visibilité internationale (cf. European Science Foundation : European Reference Index for Humanities), cela pour la raison principale que très peu de revues françaises pourraient être classées selon ces derniers critères et qu'il serait alors impossible de réaliser une évaluation raisonnable de la production scientifique effective des politistes français.<BR>
<BR>
Il a été décidé de ne classer les revues que en A et en B. Il s'agit d'individualiser un noyau de revues scientifiques de la discipline, qui seront considérées de manière égale (que leur note soit A ou B) pour le calcul des "publiants" lors de l'évaluation des unités de recherche par l'Aeres.<BR>
<BR>
Le classement est susceptible d'évoluer et sera réexaminé chaque année. Un forum sera bientôt créé sur le site Internet de l'Aeres, pour recevoir toute remarque, réaction, contestation, etc., concernant cette liste.<BR>
<BR>
<BR>
<B>Liste des revues de science politique Aeres<BR>
<BR>
</B>Le classement a été établi à partir des notes attribuées par les membres du groupe de travail et discuté collectivement lors d'une réunion de ce groupe le 24 juin 2008. Au cours de la discussion, la direction de l'Aeres a rappelé que, d'un point de vue général pour toutes les disciplines, les revues classées en A ne devaient pas excéder 25% du total. Nous avons dès lors été amené à effectuer en réunion une certaine reventilation à partir de l'optique suivante : ont été classées A les deux revues les plus généralistes (Revue française de science politique, Politix) ainsi qu'une revue centrale dans chacun des domaines de la science politique (Critique internationale pour les relations internationales, Genèses pour la sociologie politique, Politique et management public pour les politiques publiques, Raisons politiques pour la pensée politique). La revue Politique africaine ayant déjà été classée A sur la liste anthropologie/<wbr>ethnologie, c'est ce classement qui a été adopté.<BR>
<BR>
<U>Revues classées A<BR>
<BR>
</U>Critique internationale<BR>
Genèses<BR>
Politique africaine<BR>
Politique et management public<BR>
Politix<BR>
Raisons politiques<BR>
Revue française de science politique <BR>
<BR>
<U>Revues classées B<BR>
<BR>
</U>Cemoti <BR>
Communications <BR>
Cultures et conflits <BR>
Droit et société <BR>
Lien social et politique <BR>
Lusotopie <BR>
Mots <BR>
Pôle sud <BR>
Politique européenne <BR>
Pouvoirs<BR>
Problèmes d'Amérique latine <BR>
Quaderni <BR>
Réseaux <BR>
Revue d'études comparées Est Ouest <BR>
Revue d'étude méditerranéenne et des mondes musulmans <BR>
Revue française d'administration publique <BR>
Revue française des affaires sociales <BR>
Revue internationale de politique comparée<BR>
<BR>
(4 septembre 2008)<BR>
____________<wbr>_________<wbr>_________<wbr>_________<wbr>__<BR>
Source : -------- Message original --------<BR>
Sujet : [ancmsp] Aeres - Revues science politique<BR>
Date : Fri, 05 Sep 2008 14:15:31 +0200<BR>
De : Jean-Louis Briquet <briquet@ceri-<wbr>sciences-<wbr>po.org> <a href="mailto:briquet@ceri-sciences-po.org"><mailto:briquet@<wbr>ceri-sciences-<wbr>po.org></a> <BR>
Pour : listancmsp@lists.<wbr>apinc.org<BR>
<BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"><B>5. <FONT COLOR="#CC0000">La liste des revues scientifiques du domaine des sciences humaines et sociales </FONT>sur Aeres-evaluation.<wbr>fr, le 28.07.2008<BR>
</B><BR>
La liste des revues scientifiques du domaine des sciences humaines et sociales indique pour chacune son champ disciplinaire et, le cas échéant, son niveau d’audience. On y accède en cliquant sur l’initiale du nom de la revue (liste générale) ou sur le libellé qui ouvre également une notice explicative et une liste par champ disciplinaire. Les listes ont été établies pour chaque champ par des comités d’experts comprenant des représentants des instances d’évaluation de la recherche et d’associations ou sociétés savantes, ainsi que des documentalistes. La liste constitue une aide à l’évaluation de la production des unités de recherche, au sein des comités organisés par l’AERES. Dans l’ensemble, la classification A, B, C correspond à l’étendue du rayonnement des revues. Un forum de discussion ouvert pour chaque champ permettra d’adresser des remarques ou des recommandations. La liste sera actualisée.<BR>
<BR>
N.B1 : l’AERES remercie toutes les personnes ayant contribué à établir ces listes, ainsi que le CNRS et l’ERIH de la Fondation Européenne pour la Science pour avoir mis à sa disposition des listes déjà recensées par ces organismes.<BR>
<BR>
NB2 : Pour déterminer le nombre de publiants dans un laboratoire, les revues ici classées A et B sont considérées comme des « publications de rang A » au même titre que d’autres formes de production scientifique (voir la note relative aux publiants sur le site de l’AERES, section 2).<BR>
<BR>
Lire le classement : <a href="http://www.aeres-evaluation.fr/La-liste-des-revues-scientifiques">http://www.aeres-<wbr>evaluation.<wbr>fr/La-liste-<wbr>des-revues-<wbr>scientifiques</a><BR>
____________<wbr>_________<wbr>___<BR>
Source : <a href="http://www.aeres-evaluation.fr/La-liste-des-revues-scientifiques">http://www.aeres-<wbr>evaluation.<wbr>fr/La-liste-<wbr>des-revues-<wbr>scientifiques</a><BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"><B>6. "<FONT COLOR="#CC0000">Journals under Threat: A Joint Response from History of Science, Technology<BR>
and Medicine Editors</FONT>" appel publié dans les revues signatrices puis sur SLU le 16.07.2008<BR>
</B><BR>
We live in an age of metrics. All around us, things are being standardized, quantified,<BR>
measured. Scholars concerned with the work of science and technology must regard<BR>
this as a fascinating and crucial practical, cultural and intellectual phenomenon.<BR>
Analysis of the roots and meaning of metrics and metrology has been a preoccupation<BR>
of much of the best work in our field for the past quarter century at least. As<BR>
practitioners of the interconnected disciplines that make up the field of science studies<BR>
we understand how significant, contingent and uncertain can be the process of<BR>
rendering nature and society in grades, classes and numbers.<BR>
<BR>
We now confront a situation in which our own research work is being subjected to<BR>
putatively precise accountancy by arbitrary and unaccountable agencies. Some may<BR>
already be aware of the proposed European Reference Index for the Humanities<BR>
(ERIH), an initiative originating with the European Science Foundation. The ERIH is<BR>
an attempt to grade journals in the humanities – including “history and philosophy of<BR>
science”. The initiative proposes a league table of academic journals, with premier,<BR>
second and third divisions. According to the European Science Foundation, ERIH<BR>
“aims initially to identify, and gain more visibility for, top-quality European<BR>
Humanities research published in academic journals in, potentially, all European<BR>
languages”. It is hoped “that ERIH will form the backbone of a fully-fledged research<BR>
information system for the Humanities”. What is meant, however, is that ERIH will<BR>
provide funding bodies and other agencies in Europe and elsewhere with an allegedly<BR>
exact measure of research quality. In short, if research is published in a premier<BR>
league journal it will be recognized as first rate; if it appears somewhere in the lower<BR>
divisions, it will be rated (and not funded) accordingly.<BR>
<BR>
This initiative is entirely defective in conception and execution. Consider the major<BR>
issues of accountability and transparency. The process of producing the graded list of<BR>
journals in science studies was overseen by a committee of four (the membership is<BR>
currently listed at <a href="http://www.esf.org/research-areas/humanities/researchinfrastructures-">http://www.esf.<wbr>org/research-<wbr>areas/humanities<wbr>/researchinfrast<wbr>ructures-</a><BR>
including-erih/<wbr>erih-governance-<wbr>and-panels/<wbr>erih-expert-<wbr>panels.html)<wbr>.<BR>
This committee cannot be considered representative. It was not selected in<BR>
consultation with any of the various disciplinary organizations that currently represent<BR>
our field such as the European Association for the History of Medicine and Health,<BR>
the Society for the Social History of Medicine, the British Society for the History of<BR>
Science, the History of Science Society, the Philosophy of Science Association, the<BR>
Society for the History of Technology or the Society for Social Studies of Science.<BR>
Journal editors were only belatedly informed of the process and its relevant criteria or<BR>
asked to provide any information regarding their publications. No indication has been<BR>
given of the means through which the list was compiled; nor how it might be<BR>
maintained in the future.<BR>
<BR>
The ERIH depends on a fundamental misunderstanding of conduct and publication of<BR>
research in our field, and in the humanities in general. Journals’ quality cannot be<BR>
separated from their contents and their review processes. Great research may be<BR>
published anywhere and in any language. Truly ground-breaking work may be more<BR>
likely to appear from marginal, dissident or unexpected sources, rather than from a<BR>
well-established and entrenched mainstream. Our journals are various, heterogeneous<BR>
and distinct. Some are aimed at a broad, general and international readership, others<BR>
are more specialized in their content and implied audience. Their scope and<BR>
readership say nothing about the quality of their intellectual content. The ERIH, on<BR>
the other hand, confuses internationality with quality in a way that is particularly<BR>
prejudicial to specialist and non-English language journals. In a recent report, the<BR>
British Academy, with judicious understatement, concludes that “the European<BR>
Reference Index for the Humanities as presently conceived does not represent a<BR>
reliable way in which metrics of peer-reviewed publications can be constructed”<BR>
(Peer Review: the Challenges for the Humanities and Social Sciences, September<BR>
2007: <a href="http://www.britac.ac.uk/reports/peer-review).">http://www.britac.<wbr>ac.uk/reports/<wbr>peer-review)<wbr>.</a> Such exercises as ERIH can<BR>
become self-fulfilling prophecies. If such measures as ERIH are adopted as metrics by<BR>
funding and other agencies, then many in our field will conclude that they have little<BR>
choice other than to limit their publications to journals in the premier division. We<BR>
will sustain fewer journals, much less diversity and impoverish our discipline.<BR>
<BR>
Along with many others in our field, this Journal has concluded that we want no part<BR>
of this dangerous and misguided exercise. This joint Editorial is being published in<BR>
journals across the fields of history of science and science studies as an expression of<BR>
our collective dissent and our refusal to allow our field to be managed and appraised<BR>
in this fashion. We have asked the compilers of the ERIH to remove our journals’<BR>
titles from their lists.<BR>
<BR>
Hanne Andersen (Centaurus)<BR>
Roger Ariew & Moti Feingold (Perspectives on Science)<BR>
A. K. Bag (Indian Journal of History of Science)<BR>
June Barrow-Green & Benno van Dalen (Historia mathematica)<BR>
Keith Benson (History and Philosophy of the Life Sciences)<BR>
Marco Beretta (Nuncius)<BR>
Michel Blay (Revue d’Histoire des Sciences)<BR>
Cornelius Borck (Berichte zur Wissenschaftsgeschi<wbr>chte)<BR>
Geof Bowker and Susan Leigh Star (Science, Technology and Human Values)<BR>
Massimo Bucciantini & Michele Camerota (Galilaeana: Journal of Galilean Studies)<BR>
Jed Buchwald and Jeremy Gray (Archive for History of Exacft Sciences)<BR>
Vincenzo Cappelletti & Guido Cimino (Physis)<BR>
Roger Cline (International Journal for the History of Engineering &<BR>
Technology)<BR>
Stephen Clucas & Stephen Gaukroger (Intellectual History Review)<BR>
Hal Cook & Anne Hardy (Medical History)<BR>
Leo Corry, Alexandre Métraux & Jürgen Renn (Science in Context)<BR>
D.Diecks & J.Uffink (Studies in History and Philosophy of Modern Physics)<BR>
Brian Dolan & Bill Luckin (Social History of Medicine)<BR>
Hilmar Duerbeck & Wayne Orchiston (Journal of Astronomical History & Heritage)<BR>
Moritz Epple, Mikael Hård, Hans-Jörg Rheinberger & Volker Roelcke (NTM:<BR>
Zeitschrift für Geschichte der Wissenschaften, Technik und Medizin)<BR>
Steven French (Metascience)<BR>
Willem Hackmann (Bulletin of the Scientific Instrument Society)<BR>
Bosse Holmqvist (Lychnos)<BR>
Paul Farber (Journal of the History of Biology)<BR>
Mary Fissell & Randall Packard (Bulletin of the History of Medicine)<BR>
Robert Fox (Notes & Records of the Royal Society)<BR>
Jim Good (History of the Human Sciences)<BR>
Michael Hoskin (Journal for the History of Astronomy)<BR>
Ian Inkster (History of Technology)<BR>
Marina Frasca Spada (Studies in History and Philosophy of Science)<BR>
Nick Jardine (Studies in History and Philosophy of Biological and Biomedical<BR>
Sciences)<BR>
Trevor Levere (Annals of Science)<BR>
Bernard Lightman (Isis)<BR>
Christoph Lüthy (Early Science and Medicine)<BR>
Michael Lynch (Social Studies of Science)<BR>
Stephen McCluskey & Clive Ruggles (Archaeostronomy: the Journal of Astronomy in<BR>
Culture)<BR>
Peter Morris (Ambix)<BR>
E. Charles Nelson (Archives of Natural History)<BR>
Ian Nicholson (Journal of the History of the Behavioural Sciences)<BR>
Iwan Rhys Morus (History of Science)<BR>
John Rigden & Roger H Stuewer (Physics in Perspective)<BR>
Simon Schaffer (British Journal for the History of Science)<BR>
Paul Unschuld (Sudhoffs Archiv)<BR>
Peter Weingart (Minerva)<BR>
Stefan Zamecki (Kwartalnik Historii Nauki i Techniki)<BR>
____________<wbr>_________<wbr>_____<BR>
Source : <a href="http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article591">http://www.sauvonsl<wbr>universite.<wbr>com/spip.<wbr>php?article591</a><BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"><B>8. "<FONT COLOR="#CC0000">Vos papiers ! la science à l’aune de la raison comptable</FONT>", par G. Debrégeas & F. Jobard, sur Vacarmes, 30.05.08<BR>
</B><BR>
<BR>
<BR>
Évaluer la recherche, après tout, c’est la science même. Mais si son évaluation se réduit à une exigence de performance individuelle et à une traque aux oisifs — ce sont les objectifs à peine voilés des réformes en cours —, elle aura le même résultat que partout où elle s’applique de cette manière : la transformation du chercheur en entrepreneur de soi, et un formidable appauvrissement de son travail. Et si les meilleurs garants de la création scientifique étaient, au contraire, la liberté qu’on lui accorde et les collectifs qu’elle se donne ?<BR>
<BR>
L’évaluation de l’activité scientifique est aujourd’hui le lieu d’une inventivité bureaucratique remarquable. D’un côté, les chercheurs qui exercent à l’université (en langage indigène, les « enseignants-<wbr>chercheurs ») n’étaient jusqu’à présent évalués (par le Conseil national des universités) qu’à l’occasion des demandes de promotion, soit une fois dans la carrière, tandis que les chercheurs exerçant dans les établissements dits techniques et scientifiques (epst) type cnrs, Inserm, etc., le sont à intervalles réguliers depuis des décennies. Présenter ainsi les choses revient toutefois à taire une autre évaluation, au cœur du métier : celle que produisent les scientifiques eux-mêmes lors des colloques ou dans les revues. Ce sont pourtant les lieux centraux de l’évaluation des producteurs de savoir, significativement ignorés en tant que tels par les réformes de l’évaluation.<BR>
<BR>
En 2006, la loi d’orientation de la recherche a créé une agence d’évaluation (Aeres), dont les membres sont nommés, et qui se superpose aux organes internes, comme le Comité national du cnrs, dont les membres sont pour leur majorité élus par leurs pairs. Ces institutions sont le cœur de la vindicte gouvernementale : électives, elles le seraient dans les deux sens du terme et favoriseraient l’entre-soi — l’évaluation française, ou des copains qui s’évaluent entre eux [1]. Toutefois, personne n’a à ce jour été capable de substituer d’autres principes de légitimité scientifique que celle de l’appréciation portée par les scientifiques eux-mêmes. Si ce n’est la légitimité du Prince (les membres nommés par le ministre), ou une légitimité importée, le plus souvent du champ industriel ou managérial, via ces « personnalités qualifiées » introduites en surnombre dans les lois récentes.<BR>
<BR>
Il faut replacer cette ligne de front propre au champ scientifique dans le contexte plus vaste d’une guerre qui se joue sur deux théâtres plus larges. Le premier est le contrôle par le gouvernement, ou l’industrie et l’entreprise, de l’activité scientifique. C’est souvent ce que cache le vocable « innovation », terme préféré à celui de « recherche » en ce qu’il désigne d’abord la recherche brevetable — c’est-à-dire monnayable à court ou moyen terme. Or les instances d’évaluation, comme le Comité national du cnrs, sont également les instances de co-élaboration des choix scientifiques. Doubler ces instances par une agence externe (dite « autonome ») dont les membres sont nommés asphyxie la capacité de libre détermination scientifique des établissements scientifiques. Le second terrain est celui du culte général rendu à l’indicateur chiffré : culture dite « du résultat » dans toutes les organisations, privées ou publiques, indicateurs de la loi de finances (lolf) pour les politiques publiques, audit de l’action ministérielle ou, en ce qui concerne la science, évaluation standardisée sous forme bibliométrique. Cette évolution est porteuse d’une réforme au long cours de la fonction publique, qui embrasse l’ensemble des agents et pas seulement, bien sûr, ceux de la recherche.<BR>
<BR>
L’un des points cruciaux de l’évaluation est son objet. S’agit-il de sanctionner ? Si oui, s’agit-il de ne sanctionner que négativement ? Autrement dit, de ne destiner le système d’évaluation qu’au repérage des chercheurs à problèmes ? C’est l’un des objectifs à peine dissimulés de la réforme, qui vise en fait les chercheurs à productivité nulle, réputés plus nombreux dans les établissements scientifiques du seul fait que les chercheurs y sont fonctionnaires dès l’âge de 30 ans (cas de figure presque unique au monde). Si l’évaluation poursuit cette fin, il s’agit d’un gâchis considérable. Pour elle-même, d’abord, car a-t-on besoin de commissions pour repérer les chercheurs problématiques ? Pour la science française ensuite, car on peut soutenir qu’en réalité, un taux de « non publiants » (ailleurs, on dirait « oisifs ») de 5 à 10 % est le prix à payer, en l’espèce raisonnable, pour la liberté laissée à l’ensemble des agents de mener leurs recherches librement au sein de collectifs stables — liberté inestimable, quand on sait les dommages de l’instabilité des statuts sur les parcours scientifiques — qui ont d’ailleurs pour effet l’attractivité très forte du cnrs à l’égard des docteurs étrangers (et l’ouverture considérable du cnrs à l’international, puisqu’un cinquième des chercheurs recrutés actuellement sont étrangers).<BR>
<BR>
La perte de sens induite par une évaluation seulement orientée vers la sanction négative nous fait toucher du doigt un deuxième problème : celui de la sanction positive. L’essentiel du travail demandé aux équipes d’évaluation consiste à produire des classements : du classement de revues et supports de publication au classement des chercheurs. Mais produire du classement à partir d’échelles multiples (prise en compte, par exemple pour un universitaire, de ses recherches, de ses enseignements et de sa participation à la vie collective et l’administration de son département) est extrêmement compliqué. On demande alors aux évaluateurs de se rabattre sur des indicateurs quantifiés. Mais au-delà du choix de l’indicateur, se pose le problème de la finalité du classement. En effet, le travail d’évaluation des équipes devrait porter sur les qualités et les défauts, les avancées et les impasses, les espoirs et les fausses pistes des laboratoires. Autrement dit, ce sont moins les agents et les institutions qu’il s’agit d’évaluer, que ce qu’ils produisent et la manière dont ils produisent. Ce qu’ils produisent : décèle-t-on des pistes innovantes dans les activités menées ? Comment ils produisent : travaillent-<wbr>ils avec les doctorants, avec les ingénieurs et les techniciens, les savoir-faire sont-ils tous valorisés, etc. ?<BR>
<BR>
L’essentiel de l’évaluation doit ou devrait tendre à la production de comportements vertueux, tandis que les efforts visent aujourd’hui à ce qu’elle ne produise que de la sanction (négative, d’abord, positive, parfois). Le risque inhérent est de voir se mettre en place des stratégies de contournement ou de détournement dont on sait les résultats délétères [2] : sur-publication (publier plusieurs fois des résultats quasi-identiques)<wbr>, auto-citation ou citation entre collègues, publication précoce de résultats non stabilisés, auto-génération de bruits de fond artificiels (et négligence des pistes silencieuses mais fructueuses)<wbr>, court-circuitage des lieux d’évaluation non administratifs (les colloques ou séminaires), etc. Tout privilégie ici une science bling-bling, une science caisse-enregistreus<wbr>e, une science pointeuse, où les bips de citation se substituent à l’examen des avancées et des promesses réelles de l’activité.<BR>
<BR>
Plus grave encore, l’évaluation-sanction exerce des effets sur le contenu même de la production. Ainsi, dans les sciences expérimentales, il s’agit désormais de ne présenter que la face valorisante de l’activité que l’on a menée. On tait ainsi les erreurs, les fausses pistes, les hypothèses non vérifiées. L’essentiel est de montrer que le temps n’a pas été gâché, que l’investissement est resté rentable : un budget, une hypothèse, une validation empirique. Les effets de ces comportements individuels sur le collectif sont coûteux : car à taire systématiquement les fausses pistes ou hypothèses non vérifiées, on ne les signale pas à la communauté, qui du coup peut tout aussi bien les réitérer dans l’ignorance qu’elles sont infructueuses. Une fois encore, l’évaluation qui ne se pose pas la question de sa finalité légitime (aider à produire de la bonne science, produire ainsi des comportements vertueux) engendre des coûts considérables, bien évidemment jamais pris en compte.<BR>
<BR>
Les impasses des systèmes d’évaluation actuellement imposés ne sont jamais aussi visibles que dans la bibliométrie, portée par une logique de production de classements standardisés. La bibliométrie désigne le comptage des citations d’un article par d’autres articles. Elle est l’instrument par lequel les bureaucraties d’évaluation aujourd’hui en compétition évitent le conflit des jugements, et se fondent sur l’objectivité supposée de critères fixés en dehors d’elles [3]. Du coup, on assiste à un alignement des instances d’évaluation : les chercheurs cnrs doivent désormais remplir des « fiches de données individuelles » en 17 points, qui mentionnent le nom du chercheur, le nombre d’ouvrages ou de chapitres scientifiques, le nombre d’articles et de citations référencés sur Web of Science, le taux d’autocitations, le taux de citations par article, le facteur h [4] , le facteur d’impact moyen de la discipline, son top ten, ses Highly Cited Papers. Que révèle cette standardisation apparente de l’évaluation par la bibliométrie, si ce n’est l’extraordinaire pouvoir d’attraction du nombre, qui a l’immense avantage de conjurer les questions fondamentales de l’évaluation : qui évalue ? comment évaluer ? qu’évaluer ? à quelles fins ?<BR>
<BR>
Un mauvais papier, de par sa capacité fédératrice (même négative), a ainsi plus de chances d’être cité qu’un article innovant, derrière lequel un consensus disciplinaire ne peut, dans un premier temps, se dégager. Les effets les plus dramatiques se repèrent aujourd’hui chez les jeunes chercheurs qui ne disposent pas de postes sécurisés. Ainsi de ces collègues aspirants à un poste — pre-tenure track — aux États-Unis qui, voyant approcher le couperet qui décidera s’ils y accèdent ou non, doivent en quelques années « cracher du papier », c’est-à-dire publier au-delà du raisonnable quitte, bien souvent, à mettre en veilleuse leur éthique scientifique. L’activité même des revues s’en trouve affectée, qui se dotent d’outils publics de mesure « en temps réel » de fréquence de citation ou de téléchargement de leurs papiers. Ainsi, fin mai 2008, le quatrième most-frequently read article de la revue Politics and Society (éditeur Sage, classée dans les indices internationaux) est un article intitulé « Police powers and race riots in Paris », nonobstant le recensement par nos soins d’une vingtaine d’erreurs factuelles — il n’y a pas eu d’élections législatives en France en 1985, non pas trois mais deux morts en 2005, etc. — dont trois dans la présentation de l’article immédiatement disponible sur le site de la revue. Ironie de la bibliométrie : si la communauté ne repère pas ces erreurs, l’article est fréquemment cité ; si elle les repère, il le sera plus encore [5].<BR>
<BR>
De manière générale, des indices élevés peuvent tout à fait masquer des situations de forte stérilité scientifique, de reproduction de l’existant, sur lesquels les collègues s’appuieront d’autant mieux dans leurs propres citations que la production conforte en retour soit leur propre inertie, soit leur innovation. De plus, un excellent indice masque les voies de garage, les voies non ou mal exploitées, les manques des labos en question, sous l’apparence d’une production florissante.<BR>
<BR>
Aujourd’hui, les voies de résistance sont étroites, mais depuis longtemps clairement dessinées. D’abord, l’outil bibliométrique doit être circonscrit et circonstancié : il doit être un des éléments d’appréciation des collectifs, laquelle doit toujours être qualitative. L’évaluation passe par la lecture des contributions, puis la restitution et la délibération autour de leurs mérites scientifiques. Demander au chercheur ou au laboratoire de fournir un ensemble de trois ou quatre publications qu’ils estiment les plus intéressantes, leur demander de montrer en quoi, à leurs yeux, elles le sont, permet d’engager un vrai dialogue sur l’activité scientifique telle qu’elle est menée au sein du collectif — sans négliger, pour autant, le repérage des problèmes ou des chercheurs problématiques. Mais le filtre premier reste le collectif et la finalité première l’activité scientifique.<BR>
<BR>
L’évaluation (au-delà ou sans bibliométrie) doit ensuite être scientifiquement légitime, c’est-à-dire conduite par des chercheurs méritants et innovants. Le panachage de l’élection et de la nomination en est le meilleur garant. L’évaluation de l’individu ne doit être séparée de celle de son unité : ce sont des collectifs qui produisent la science, et l’un ne peut être mené sans l’autre (la loi précise aujourd’hui, à rebours de cela, que l’évaluation des unités est menée par l’Aeres, celle des agents par le cn-cnrs). Enfin, l’évaluation doit être délibérative, publique et ouverte à une procédure d’appel, qui permette au laboratoire ou au chercheur de contester les résultats de cette évaluation. Souligner ces points d’ingénierie bureaucratique de l’évaluation permet de saisir combien le combat engagé pour une évaluation au service de la science et de l’innovation prend aujourd’hui les allures d’une guerre de tranchées ; ce d’autant que le gouvernement refusant de prendre une loi sur ces dispositions, l’essentiel de la réforme de la recherche publique est aujourd’hui soustrait à la discussion parlementaire, c’est-à-dire à l’évaluation par la société elle-même.<BR>
<BR>
Georges Debrégeas, physicien au cnrs, est vice-président de Sauvons la recherche. Fabien Jobard, politiste au cnrs, est élu au Comité national, Syndicat national des chercheurs scientifiques. Cet article paraîtra dans le n°44 de Vacarme, en librairie le 18 juin, au sein d’un dossier sur cette grande fièvre évaluatrice qui a saisi tous les domaines de la vie, du savoir au travail, du privé au public, du physique au psychique, et sur les manières d’y faire face.<BR>
<BR>
[1] On ne peut, faute de place ici, exposer dans le détail les répertoires argumentatifs des partisans de la destruction des organismes existants. On renverra néanmoins le lecteur aux chroniques d’Alain Perez, journaliste aux Échos affecté aux questions scientifiques, qui propose, à défaut d’un journalisme d’information, un journalisme d’anticipation dont la seule mais systématique vertu est de renseigner avec une grande exactitude sur les réformes gouvernementales à venir.<BR>
<BR>
[2] Pour une critique de ces effets au-delà de la seule recherche, voir « Le gouvernement des conduites. L’expérience blairiste du pouvoir », entretien avec Patrick Le Galès et Florence Faucher-King, Vacarme, 38, hiver 2007, p. 57-61.<BR>
<BR>
[3] Une partie d’entre eux est accessible au public comme www.webometrics.<wbr>info/top1000_<wbr>r&d.asp <a href="http://www.webometrics.info/top1000_r&d.asp"><http://www.webometr<wbr>ics.info/<wbr>top1000_r&d.asp></a> ou <a href="http://scholar.google.fr.">http://scholar.<wbr>google.fr.</a> Si la lecture des rangs ou indices est immédiate, celle des modalités de construction des échelles est nettement plus longue, cause de redoublement du pouvoir magique du chiffre.<BR>
<BR>
[4] Le facteur h fonctionne comme un indice synthétique de deux échelles croisées, tel que h = 12 signifie que le chercheur compte douze articles cités douze fois.<BR>
<BR>
[5] Au passage, la publication d’un article scientifique présentant un taux d’erreur démesuré au regard, par exemple, de la page Wikipedia anglophone consacrée au même sujet (les émeutes françaises de 2005), montre à quel point les sciences sociales américaines, loin d’être le lieu de production de cette science internationale tant vantée, sont des sciences éminemment locales. Ne pas faire relire un article sur la France à un chercheur français ou un chercheur travaillant sur la France est une faute scientifique que peu de revues européennes de sciences sociales commettent.<BR>
<BR>
____________<wbr>_________<wbr>_____<BR>
Source TERRA : <a href="http://www.vacarme.org/article1600.html">http://www.vacarme.<wbr>org/article1600.<wbr>html</a><BR>
<BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="2" WIDTH="100%"><B>9. "<FONT COLOR="#CC0000">Critères d'identification des chercheurs et enseignants-<wbr>chercheurs "publiants"</FONT> ", AERES 06.03.2008<BR>
</B><BR>
Doc d'origine en PDF : <a href="http://www.aeres-evaluation.fr/IMG/pdf/Criteres_Identification_Publiants.pdf">http://www.aeres-<wbr>evaluation.<wbr>fr/IMG/pdf/<wbr>Criteres_<wbr>Identification_<wbr>Publiants.<wbr>pdf</a><BR>
<BR>
<BR>
<BR>
<I>L’activité d’une unité de recherche fait l’objet d’une appréciation qualitative, fondée principalement sur l’évaluation par les pairs, complétée par un certain nombre d’indicateurs aussi objectifs que possible. A l’estimation globale de la qualité de la production scientifique et du rayonnement d’un laboratoire, s’ajoute la prise en considération de l’organisation et de la répartition des travaux entre ses membres. L’un des indicateurs est une estimation de la proportion des chercheurs et enseignants-<wbr>chercheurs "publiants".</I> <BR>
<BR>
Est considéré comme chercheur ou enseignant-chercheu<wbr>r « publiant », celui qui, dans le cadre d'un contrat quadriennal, satisfait à un nombre minimal de « publications ». Ce nombre est à pondérer en fonction du contexte défini par sa situation dans la carrière et son engagement dans des tâches d’intérêt collectif pour la recherche. La mesure chiffrée de cette production est complétée par d'autres indicateurs tels que : le rayonnement scientifique (la possibilité de sa mesure à partir du nombre total de citations des travaux, ou d’indices comme le facteur H, sera testée au fur et à mesure que seront constituées des bases bibliométriques pertinentes pour les différents domaines, notamment celles incluant les ouvrages en SHS), la participation active à des réseaux et programmes nationaux et internationaux, la prise de risque dans la recherche (notamment aux interfaces disciplinaires)<wbr>, l'ouverture vers le monde de la demande sociale, les responsabilités dans la gestion de la recherche (nationales, internationales) ou dans la publication de revues (rédacteur en chef) ou de collections internationales (directeur), l'investissement dans la diffusion de la culture scientifique, la recherche appliquée ou l’expertise.<BR>
<BR>
Le poids relatif des différents types de "publication" est propre à chaque discipline. Les appréciations de chaque support de publication scientifique et des formes de contribution à la recherche sont différenciées en fonction des pratiques de chaque communauté disciplinaire. Un chercheur ou un enseignant-chercheu<wbr>r est considéré comme publiant si sa production scientifique de rang A est au moins égale en quatre ans à celle apparaissant dans le tableau suivant :<BR>
<BR>
<BR>
Secteur Chercheur Enseignant-Chercheu<wbr>r <BR>
Mathématiques 2<BR>
2<BR>
<BR>
Physique, Chimie, Sciences de la Terre et de l’Univers 4<BR>
2<BR>
<BR>
Sciences pour l’Ingénieur, Sciences et Technologies<BR>
de l’Information et de la Communication 3<BR>
2<BR>
<BR>
Sciences du Vivant 4<BR>
2<BR>
<BR>
Sciences de l’Homme et de la Société 4<BR>
2<BR>
<BR>
Remarque : Un enseignant-chercheu<wbr>r est considéré ici sous cette appellation s’il satisfait à ses obligations statutaires d’enseignement. La même remarque s’applique à tous les personnels ayant des obligations statutaires de service (exemple les tâches d’observation du corps des astronomes et physiciens).<BR>
<BR>
Est considéré comme une production scientifique de rang A :<BR>
- une publication dans une revue internationale avec comité de lecture (ou une revue considérée<BR>
comme de très bon niveau par la communauté dans certaines disciplines)<wbr>,<BR>
- un chapitre d’ouvrage ou un ouvrage de recherche reconnu internationalement (ou de portée<BR>
nationale en SHS),<BR>
- pour le secteur STIC ou SHS, un article long dans un congrès international à comité de sélection<BR>
considéré comme sélectif par la communauté,<BR>
- pour le secteur SHS, la constitution de bases de données accessibles ou de corpus de référence, les<BR>
éditions critiques<BR>
- un brevet déposé à l’international.<BR>
<BR>
Il est clair que la participation à des colloques est un indice de l’activité scientifique mais la très grande<BR>
variabilité qualitative de l’évaluation des actes des colloques ne permet pas de les retenir comme élément<BR>
pertinent d’appréciation.<BR>
</SPAN></FONT>
<P ALIGN="CENTER">
<FONT FACE="Verdana, Helvetica, Arial"><SPAN style="font-size:12.0px;"><B>Quelques remarques permettant de tenir compte du domaine et du contexte :
</B></SPAN></FONT>
<P>
<FONT FACE="Verdana, Helvetica, Arial"><SPAN style="font-size:12.0px;"><BR>
1) Dans le secteur Mathématiques, les directions de thèses peuvent, dans certains cas, être prises en compte dans l’appréciation de la production scientifique du chercheur.<BR>
<BR>
2) Dans le secteur des Sciences de la Vie, de la Santé et de l’Environnement, l’AERES est sensible à la notion de prise de risque dans la recherche, et analysera chaque cas ne répondant pas aux critères. Ainsi, alors que trois publications dans des journaux d'impact moyen suffisent pour une activité standard, une publication dans Nature, Cell ou Science va suffire à cataloguer le chercheur ou enseignant-chercheu<wbr>r comme publiant. De même la place en premier auteur dans un journal d'audience importante (J. Biol. Chem., Nature, Science, EMBO J., ...) peut suffire à classer le chercheur ou l'enseignant-<wbr>chercheur comme publiant. <BR>
<BR>
3) Pour tenir compte de la diversité des publications dans le secteur SHS, la liste ci-dessous donne à titre indicatif des équivalences possibles de publications, selon les disciplines: <BR>
— Un article dans une revue à comité de lecture (ou considérée comme de très bon niveau par la communauté) est évalué selon la difficulté d’accès à la publication et le nombre des co-auteurs. Ce type de revues implique une procédure explicite de sélection et de révision des articles; n’entreront dans ce décompte que les revues de portée internationale ou nationale ; une liste établie avec le concours de la communauté scientifique, comportant, lorsqu’un consensus peut être construit, une classification en trois catégories (internationales, nationales et locales ou professionnelles) sera affichée et révisable. Les articles publiés dans des revues locales ou professionnelles sont comptabilisés, tantôt au titre de la recherche, tantôt au titre de la diffusion de la culture scientifique ou de la valorisation selon les disciplines.<BR>
— Un bon ouvrage scientifique de recherche ou d’érudition est une publication de rang A (les éditions critiques, les manuels, traités, précis, essais, compilations sont appréciés au cas par cas). La direction d’ouvrages collectifs est comptabilisée dans les disciplines où elle est une forme de production <BR>
essentielle.<BR>
— Une communication à un colloque ou un congrès ne peut pas être comptée deux fois si elle est publiée par ailleurs.<BR>
<BR>
4) La valorisation des résultats de recherche comme par exemple le dépôt de brevets, le développement ou la diffusion de logiciels, l'appartenance active à des laboratoires communs public-industriel, la participation à la création d'entreprises seront prises en compte.<BR>
<BR>
5) Les prises de responsabilités scientifiques ou administratives importantes peuvent compenser une production scientifique modeste.<BR>
<BR>
6) Pour les collègues récemment nommés, il faut bien sûr considérer la date de nomination pour apprécier la production scientifique.<BR>
<BR>
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Source TERRA : <a href="http://www.aeres-evaluation.fr/IMG/pdf/Criteres_Identification_Publiants.pdf">http://www.aeres-<wbr>evaluation.<wbr>fr/IMG/pdf/<wbr>Criteres_<wbr>Identification_<wbr>Publiants.<wbr>pdf</a><BR>
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pour des virus ou des polluriels et rien de <BR>
suspect n'a été trouvé.<BR>
<HR ALIGN="CENTER" SIZE="3" WIDTH="95%"></SPAN></FONT><SPAN style="font-size:12.0px;"><FONT FACE="Monaco, Courier New">Appel (permanent) du réseau TERRA à ouvrir un chantier national de recherche, débat et réflexion <BR>
sur les orgines des nationalismes, xénophobies et discriminations et les causes de leurs <BR>
exacerbations périodiques dans l’histoire de l’humanité<BR>
<BR>
6402 signataires.<wbr>.. et vous ? et vous ? et vous ?<BR>
SIGNEZ ICI : <a href="http://terra.rezo.net/article602.html">http://terra.<wbr>rezo.net/<wbr>article602.<wbr>html</a><BR>
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Nous faisons attention aux "effets d'opinion" que produisent nos diffusions en cherchant<BR>
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pluralisme et d'une information la plus complète possible d'abonnés tenus pour doués <BR>
d'esprit critique.<BR>
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des messages (au regard du Guide de diffusion : <a href="http://terra.rezo.net/rubrique131.html)">http://terra.<wbr>rezo.net/<wbr>rubrique131.<wbr>html)</a> <BR>
et des flux quotidiens et mensuels de messages (au regard des capacités estimées de <BR>
réception et lecture des abonnés de la liste). <BR>
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L'Equipe Editoriale : Khadidja ATTOU - Pascale ARRAOU - Eric CARLIER - Claire BRIDE <BR>
- Charlotte DE LAUBIER - Estelle D’HALLUIN - Estelle DURAND - Claire ESCOFFIER - <BR>
Jane FREEDMAN (Modérateur) - Dominique ISSELIN - Jamila LAMANI - Narguesse KEYHANI - Jacques <BR>
LOBJOIT - May MAALOUF - Fabienne MESSICA - Jean Claude OULAI - Franck <BR>
PINAY-RABAROUST - Amandine POIRSON - Claire RICHARD Gwénola RICORDEAU - <BR>
Roselyne ROCHEREAU - Jérôme VALLUY (Modérateur) - Laurent VANNINI<BR>
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ABONNEMENT/DESABONN<wbr>EMENT, ARCHIVES... <BR>
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AIDE et RECLAMATIONS : groupe.de.pilotage@<wbr>terra.lautre.<wbr>net<BR>
<BR>
<BR>
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<BR>
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<BR>
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<BR>
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<BR>
------ Fin du message transféré<BR>
</FONT></SPAN>
</p>
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