36.754, Confs: Autour des distinctions discret / dense / compact/ et énonciateur /locuteur / positions énonciatives dans la théorie d’Antoine Culioli (Latvia)

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Sat Mar 1 06:05:07 UTC 2025


LINGUIST List: Vol-36-754. Sat Mar 01 2025. ISSN: 1069 - 4875.

Subject: 36.754, Confs: Autour des distinctions discret / dense / compact/ et énonciateur /locuteur / positions énonciatives dans la théorie d’Antoine Culioli (Latvia)

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Date: 01-Mar-2025
From: Elena Vladimirska [jelena.vladimirska at lu.lv]
Subject: Autour des distinctions discret /dense / compact/ et énonciateur /locuteur / positions énonciatives dans la théorie d’Antoine Culioli


Autour des distinctions discret / dense / compact/ et énonciateur
/locuteur / positions énonciatives dans la théorie d’Antoine Culioli

Date: 30-May-2025 - 31-May-2025
Location: University of Latvia, Riga, Latvia
Contact: Elena Vladimirska
Contact Email: jelena.vladimirska at lu.lv

Linguistic Field(s): Linguistic Theories; Morphology; Semantics;
Syntax
Subject Language(s): French (fra)

Ce colloque, qui se déroulera sur deux journées de travail, a pour
objectif de faire une synthèse des acquis relatifs à deux séries de
distinctions formulées par Antoine Culioli : (1) la distinction
discret / dense / compact (dans la suite DDC) et (2) la distinction
locuteur / énonciateur / positions énonciatives.
La première journée de travail sera consacrée à la distinction DDC
introduite par Culioli dans ses travaux sur le concept de notion.
Cette distinction remet en cause les fondements de la simple
distinction massif / comptable classiquement admise jusqu’alors. On en
trouve des traces écrites dès le séminaire de DEA (1983-84) puis dans
différents articles : De Vogüé (1989,1993,1999), Franckel. & Paillard
(1991) pour ne citer que les plus anciens. Plus précisément, la
distinction DDC vise à analyser les modes d’occurrences d’une notion,
c’est-à-dire les différents types de rapport entre une notion désignée
par la forme être N, (par exemple être livre) et les occurrences qui
peuvent en être des « incarnations », par exemple un, des, le ce
livre, du livre (dans les métiers du livre). La notion correspond à
une détermination qualitative (QLT), et son incarnation en occurrence
à une détermination quantitative (QNT) correspondant à une portion
d’espace-temps qui constitue un ancrage situationnel et énonciatif de
la notion. Comme l’écrit De Vogüé (1993, p. 69) « Les occurrences sont
dans un rapport variable, plus ou moins lâche, plus ou moins stabilisé
à la notion dont elles sont des occurrences : une occurrence de livre
n’est livre qu’à certains égards ; étant un individu particulier, elle
est plus ou moins exemplaire de la notion de livre, plus ou moins
discernable de la notion de livre ».
Depuis son élaboration, la distinction DDC a connu quelques
développements, en particulier l’extension de sa mise en œuvre du
domaine nominal au domaine verbal. Les discussions de cette première
journée pourront s’organiser autour de plusieurs axes, parmi lesquels
notamment (de façon non limitative) :
- La mise en œuvre de la distinction DDC dans un échantillon de
langues représentées par les participants.
- Les modes de préformatage (QNT) de la notion (QLT) par chaque unité
lexicale dans sa singularité. D’un côté, les modes DDC de construction
d’une occurrence ne peuvent en aucun cas constituer une catégorisation
lexicale : un mot ne peut se ranger par lui lui-même sous une
étiquette, ne serait-ce que du fait de sa variabilité qui le fait
changer de statut (cf. par exemple marche qui peut passer d’un statut
objectal (une marche d’escalier) à un statut processif (une marche à
la montagne)). D’un autre côté, un mot comme livre n’offre pas les
mêmes contraintes qu’un mot comme douceur. Pourra être envisagé en
particulier l’exemple du mot esprit dont l’analyse en cours pourra
constituer le point de départ d’une comparaison avec des termes
voisins, en français (âme, pensée) quant aux modes de construction
d’occurrences des notions lexicalisées par ces mots, et dans d’autres
langues. Les rapports QNT-QLT sont à analyser au cas par cas.
- La forme verbale que prend la présentation d’une notion : la notion
de livre s’énonce sous la forme <être livre>. Cela signifie que d’un
côté la détermination QLT s’énonce (ou tend à s’énoncer) à partir du
verbe être et que de l’autre la détermination QNT qui fonde une notion
(une propriété) en occurrence s’énonce sous forme nominale, munie (en
français) d’un déterminant. Ce rapport entre détermination QLT et QNT
dans son parallélisme avec forme verbale / forme nominale interroge la
distinction nom /verbe sur laquelle l’éclairage de De Vogüé (2006)
constitue une avancée majeure.
- L’extension de la distinction DDC, établie à partir du domaine
nominal, au domaine verbal et la question du statut des « prédicats
nominalisés ».
- La question de la forme lexicographique des unités nominales :
truchement d’une unité de même appartenance catégorielle (un chien est
un animal qui...) : passage à un prédicat nominalisé (fait de ....) ;
déploiement sous forme prédicative (douceur comme caractère de ce qui
est doux)
- La question de l’appartenance catégorielle des unités lexicales
d’une langue à l’autre : question à examiner à travers la forme
qu’elle prend dans la diversité des langues représentées.
La deuxième journée s’organisera autour de la distinction locuteur,
énonciateur, positions énonciatives. Dans les différentes approches du
concept d’énonciation sont mis en jeu les termes de sujet, locuteur
(co-locuteur), énonciateur, positions énonciatives. Selon Benveniste
en particulier, l’énonciation est une « mise en fonctionnement de la
langue par un acte individuel d’utilisation » (Problèmes de
linguistique générale, T2 : 80), l’analyse visant à comprendre comment
« la relation du locuteur à la langue détermine les caractères
linguistiques de l’énonciation » (idem). L'énonciation culiolienne,
quant à elle, ne met en jeu aucun sujet a priori. Comme le formule De
Vogüé, le locuteur n’est pas la source fondant l’ordre du langage.
Énonciateur n’est qu’on point de vue, un repère d’origine, reconstitué
selon les traces qu’il a dans l’énoncé. Il s’agit donc d’un sujet
énonciateur, mais qui a été reconstitué au terme de ce travail
d’analyse par lequel on remonte des énoncés aux processus qu’ils
mettent en jeu. (De Vogüé, 1992 : 82)
Le locuteur renvoie à l’individu singulier qui dans une situation
donnée produit un énoncé particulier. Ce locuteur produit
circonstanciellement des énoncés qu’il peut charger de non-dits,
d’intentions plus ou moins explicites, de toute une série de
phénomènes notamment étudiés par la pragmatique. Le locuteur constitue
une condition de possibilité de la production et de la matérialisation
d’un énoncé. La locution est un événement. L’énonciateur relève en
revanche d’une construction de l’énoncé par l’énoncé et à ce titre
relève d’une invariance. L’énonciateur n’est pas premier par rapport à
l’énonciation (qui n’est pas son énonciation) : il s’inscrit dans les
traces de l’activité de langage que constituent les agencements de
formes en quoi consiste le matériau verbal. Pour Culioli, l’existence
du sujet n’est ni première ni extérieure aux formes, elle est le
produit même de ces formes (d’où l’idée de théorie « constructiviste
»).
Locuteur et énonciateur mettent donc en jeu des approches bien
distinctes de la notion de sujet. Dans cette approche, l’espace
intersubjectif est un espace construit. À la suite de Culioli (2019)
et de Paillard (ibid. : 109-128 et 2021 : 24-25), cet espace peut être
défini autour de trois positions :
                     [So [S’o] S1]
So est la position de l’énonciateur (correspondant à ici) et S1 celle
du co-énonciateur. Ces deux positions sont en relation d’altérité : P
est associé à So, S1 correspond à une position associée à P’ (non P ou
autre que P). La position S’o est une position partagée relevant à la
fois de So et de S1: S’o est l’image de l’énonciateur relativement à
S1 et la représentation que se fait l’énonciateur de S1, dans des jeux
spéculaires en boucle. L’énonciateur peut donc correspondre à la
position So ou S’o définie comme position intermédiaire entre So et
S1.
Cette session interrogera, à partir du fonctionnement d’une série de
marqueurs dans différentes langues, la mise en jeu des rapports entre
locuteur, énonciateurs et positions énonciatives et interrogera plus
particulièrement les mises en œuvre possibles de la notion de sujet.
Le colloque se veut un lieu d’échanges sur des questions ouvertes par
les concepts ci-dessus. Il préférera le format de discussions et de
tables rondes sur des thèmes problématisés visant à l’élaboration d’un
programme de travail ultérieur.
Références
Benveniste E. (1966), « L’appareil formel de l’énonciation ». In :
Problèmes de linguistique générale, T2, 79-88.
Culioli, A. (1983 - 1984), Séminaire de DEA, texte polycopié :  notion
et occurrence de la notion, p.27-29 ; DDC : p 103.
Culioli A. (1999), PLE, T3, p.14) et note 2 p.114 (renvoi à T2, p.44).
[Reprise d’un article publié in BULAG (1991)]
Culioli A. (1999), PLE, T3, p.14), Des façons de qualifier (QNT-QLT),
p.81-89.
Culioli A. (2019), « Nouvelles variations sur la linguistique », in
Pour une linguistique de l’énonciation, tome IV, Lambert Lucas, p.53.
Culioli A., Normand C. (2005), Onze rencontres sur le langage et les
langues, Ophrys, Gap.
De Voguë S. (1989), « Discret, dense, compact : les enjeux énonciatifs
d’une typologie lexicale ». In : La notion de prédicat, éd. JJ.
Franckel, collection URA 1028, Université de Paris VII.
De Voguë S. (1992), « Culioli après Benveniste : énonciation, langage,
intégration », Linx, n°26, 1992. Lectures d’Emile Benveniste, pp.
77-108.
De Vogüé S. (1993), « Du temps et des modes », Le Gré des langues 6,
p.65-91.
De Vogüé S. (1999), « Construction d’une valeur référentielle :
entités, qualités, figures », Travaux linguistiques du CerLiCO.  La
référence 2, 12, pp.77-106. hal-02060097. Extrait de :
https://hal.parisnanterre.fr/hal-02060097
De Vogüé S. (2006), « Qu’est ce qu’un verbe ». In Lebaud D., Paulin
C., Poog K. (eds.)  Constructions verbales et production de sens,
Presses universitaires de Franche-Comté.
Franckel J-J. & Paillard D. (1991), « Dense-discret-compact : vers une
typologie opératoire », Travaux de linguistique et de philologie,
xxix, éd. G. Kleiber et G. Roques, Strasbourg-Nancy, Klincksieck.
Paillard D. (2001), « A propos des verbes « polysémiques » : identité
sémantique et principes de variation », Sémantique du lexique verbal,
Françoise Cordier et Jacques François (eds.), Syntaxe & Sémantique,
2001, n°2, p.99-120, Presse universitaire de Caen.
Paillard D. (2009), « Prise en charge, commitment ou scène énonciative
», Langue française, 162, p.109-128.
Conférencier invité :
Jean-Jacques Franckel (Université Paris-Nanterre)
Comité scientifique :
Jean-Jacques Franckel (Université Paris-Nanterre), Paris, France
Fumitake Ashino, Université Keio, Tokyo, Japon
Tatsuya Ito, NUFS (l'Université des Langues étrangères de Nagoya),
Nagoya, Japon
Elizaveta Khatchatouryan, Université d’Oslo, Norvège
Tatiana Bottineau, INALCO, Paris, France
Elena Vladimirska, Université de Lettonie, Lettonie
Comité d’organisation :
Elena Vladimirska, Université de Lettonie
Jeļena Gridina, Université de Lettonie,
Daina Turlā Pastare Université de Lettonie
Calendrier et modalités :
Février 2025 : appel à communications
15 avril 2025 : limite de réception des propositions de communication
1er mai 2025 : notification aux auteurs
Modalités de soumission :
Merci d’envoyer vos résumés (d’une page maximum), accompagnés des
questions que vous souhaiteriez proposer pour la discussion, en lien
avec les axes développés dans l’argumentaire, à l’adresse suivante :
jelena.vladimirska at lu.lv
Modalités de communication :
Les propositions retenues feront l'objet d'une communication de 20
minutes, suivie de 30 min de discussion).
Langue de communications : Français



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LINGUIST List: Vol-36-754
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