Appel: Colloque Europhras 2014
Thierry Hamon
thierry.hamon at UNIV-PARIS13.FR
Fri Oct 11 19:52:01 UTC 2013
Date: Wed, 09 Oct 2013 19:05:45 +0200
From: Mejri Salah <smejri at ldi.univ-paris13.fr>
Message-ID: <52558CE9.6040300 at ldi.univ-paris13.fr>
*Conférences de l'EUROPHRAS 2014*
les 10, 11 et 12 septembre 2014 à Paris
Sorbonne Paris Cité, Université Paris 13 et Paris Sorbonne, Paris 4
*LA PHRASEOLOGIE**: RESSOURCES, DESCRIPTIONS ET TRAITEMENTS
INFORMATIQUES*
La centralité du fait phraséologique dans le fonctionnement des langues
s'impose de plus en plus avec une évidence renouvelée aux linguistes
indépendamment de la nature de leurs choix théoriques. Président à cette
prédominance croissante trois constats : l'universalité du phénomène qui
fait que toute langue vivante exprime sa dynamique entre autres par la
création d'occurrences phraséologiques récurrentes, l'aspect
quantitatifqui montre que le nombre des unités polylexicales dépasse de
loin celui des unités monolexicales dans le lexique, et le croisement de
toutes les dimensions de la langue (morphologie, syntaxe, sémantique,
prosodie, pragmatique) dans l'étude des phraséologismes. Découle de ces
constats un certain nombre d'interrogations : le figement et les
dénominations complexes seraient-ils des mécanismes morphologiques à
considérer au même titre que les autres procédés de formation de mots ?
Dans ce cas, quel statut devrait-on donner aux unités polylexicales :
celui de mot, de phrasème, de synapsie, de syntagme figé, de lexie
complexe, etc. ? Autant de dénominations qui illustrent la difficulté
que les sciences du langage ont à cerner un phénomène aussi complexe.
Comme le figement représente, avec la grammaticalisation, l'une des
sources les plus importantes de formation d'outils grammaticaux
(locutions prépositives, conjonctives, déterminants complexes, et
connecteurs de toutes sortes, il serait légitime de se poser la question
relative au statut du figement dans le fonctionnement des langues et de
leur évolution : le figement ne serait-il pas la contrepartie de la
liberté combinatoire des unités lexicales dans le cadre phrastique et
interphrastique, une liberté privilégiée jusqu'alors dans les études
linguistiques ? A ce titre, ne serait-il pas plus judicieux de définir
la liberté combinatoire en tenant compte des contraintes de sélection
imposées par le figement. Toutes ces questions conduisent les uns et les
autres à reconsidérer les descriptions effectuées jusque-là dans les
différents cadres théoriques et dans les différents domaines des
sciences du langage pour y intégrer tous les faits nouveaux impliqués
par la phraséologie.
Pour aider à mieux appréhender ce phénomène linguistique, EUROPHRAS 2014
se propose d'attirer l'attention sur trois volets en particulier : les
ressources, les descriptions et les traitements informatiques.
1. Les ressources :
Les évolutions technologiques actuelles ont eu un impact certain sur les
approches linguistiques : il est de plus en plus nécessaire de partir
des observables pour décrire et analyser les phénomènes linguistiques.
De tels observables peuvent être, grâce aux données numériques,
construits selon un certain nombre de paramètres linguistiques
définissant l'objet conformément à une méthodologie appropriée, sous
forme de ressources textuelles, lexicologiques (et/ou lexicographiques)
et terminologiques quand il s'agit des domaines spécialisés. Les
ressources textuelles représentent une assise empirique permettant
l'accès direct au fonctionnement des unités phraséologiques dans la
combinatoire phrastique et discursive. Elles permettent également de
mieux cerner les variétés discursives des phraséologismes tels qu'ils
sont employés dans les différents usages. Qu'il s'agisse de la langue
générale ou des langues spécialisées, les ressources textuelles
fournissent un cadre qui sert à la fois comme source d'informations sur
le fonctionnement des phraséologismes et comme outil de vérification des
modes d'insertion des unités polylexicales dans le discours. Par
ailleurs, les ressources lexicologiques et lexicographiques permettent
de sortir les études linguistiques des limites imposées par le choix
d'exemples prototypiques et de permettre d'avoir accès à des données de
plus en plus exhaustives couvrant toutes sortes de paramètres de
sélectioncomme les structures syntaxiques, les phraséologismes, les
types de variations, les transformations, les différentes
caractéristiques sémantiques (iconicité, intervention de tropes,
opacité, transparence, etc.) et les contraintes pragmatiques. De telles
contraintes peuvent concerner la nature des unités retenues pour
constituer ses ressources : les séquences classées par parties du
discours (nom, verbe, adverbe, adjectif, déterminant, etc.), les
séquences phrastiques (sentencieuses ou non), les pragmatèmes, etc. De
telles possibilités de classement sont nécessaires à une étude plus fine
des faits phraséologiques décrits. Il en est de même des unités
complexes dans les domaines spécialisés où la constitution de ressources
terminologiques est déterminante pour l'analyse de ce genre de discours.
De telles ressources, si elles sont exploitées également pour la
description du fonctionnement linguistique de ces unités dans le
discours, favoriseraient une meilleure approche de la polylexicalité
aussi bien dans la construction terminologique que dans leur insertion
dans le discours. Une fois les observables construits, il est nécessaire
de procéder à leur description.
2. Les descriptions
Nous ne cherchons pas ici à établir une typologie quelconque des
descriptions disponibles des faits phraséologiques, nous nous contentons
uniquement d'en dégager trois axes :
- Les descriptions qui privilégient les perspectives synchronique et
diachronique : même si l'approche synchronique a prédominé ces
dernières années, il y a lieu de constater un retour important des
études diachroniques. Si l'approche synchronique privilégie les
discours et la description des phraséologismes pendant des synchronies
particulières pour en dégager les spécificités de fonctionnement, la
diachronie favorise les traits d'évolution que connaissent ces unités
complexes, dont notamment le processus de figement lui-même, les
phénomènes de grammaticalisation déjà mentionnés et la naissance même
des phraséologismes quand ils ont le statut de néologismes ;
- Qu'il s'agisse de synchronie ou de diachronie, les études menées
s'inscrivent souvent dans des domaines privilégiant morphologie,
syntaxe, sémantique ou pragmatique. En morphologie, on cherche souvent
à dégager les patrons syntagmatiques récurrents dans la formation de
ces unités complexes et les différents procédés auxquels ces unités
sont soumises pour intégrer la monolexicalité comme les soudures, les
troncations, la siglaison, etc. La syntaxe privilégie le plus souvent
les différentes restructurations admises par les phraséologismes à la
faveur de leur intégration dans la combinatoire phrastique ou
inter-phrastique. La sémantique essaye de cerner des problématiques
aussi diverses que celles de la compositionnalité/non
compositionnalité, transparence/non transparence, figuration,
motivation, etc. Quant à la dimension pragmatique, elle s'intéresse le
plus souvent aux contraintes énonciatives de l'emploi des
phraséologismes.
- Toutes ces descriptions s'inscrivent dans des approches globales
relevant soit de choix théoriques différents, soit de perspectives
épistémologiques différenciées. Dans le premier cas, les
phraséologismes n'échappent pas aux écoles et théories qui couvrent
les champs disciplinaires de la linguistique : grammaire générative,
fonctionnalisme, psychosystématique, approche énonciative, grammaire
constructionnelle, etc. Dans le second cas, il s'agit d'orientations
qui focalisent sur une perspective d'étude des phénomènes
linguistiques, comme c'est le cas en psycholinguistique, en
ethnolinguistique, en sociolinguistique, etc.
3. Les traitements informatiques :
Parmi les renouvellements les plus importants dans le domaine
phraséologique, on retient l'ensemble des difficultés rencontrées par le
traitement informatique des phraséologismes comme la reconnaissance
automatique des unités polylexicales, la couverture phraséologique
textuelle et les exploitations diverses qu'on peut en faire grâce à cet
outil. Les travaux sur la reconnaissance automatique ont permis entre
autres d'opérer des distinctions entre séquences figées, collocations,
segments répétés, etc. ; ce qui a permis, sur le plan théorique,
d'opérer des distinctions subtiles et à étendre par la même occasion le
champ phraséologique à des occurrences discursives ayant un profil
combinatoire plus ou moins stable. Plusieurs travaux sont menés
également pour forger des méthodes permettant d'obtenir des résultats
probants en matière de reconnaissance : le croisement de plusieurs
méthodes semble pour le moment être la voie la plus prometteuse. Le
recours à des ressources phraséologiques importantes dans la langue
générale et dans les langues spécialisées projetées sur des ressources
textuelles pourraient être exploités dans la délimitation de la
couverture phraséologique textuelle exploitable entre autres dans les
domaines de traduction automatique et semi-automatique et dans des
exploitations diverses telles que la fouille de textes, la recherche
d'information, la veille technologique, etc.
On assiste actuellement à l'émergence de nouvelles méthodes qui
cherchent à couvrir de nouveaux domaines. Nous en mentionnons les trois
suivantes : celle de l'acquisition des langues, qui cherche à vérifier
si les phraséologismes font l'objet d'un traitement spécial par rapport
aux autres unités du lexique, l'analyse des discours spécialisés qui
tente de se servir des phraséologismes (séquences figées et
collocations) comme marqueurs de spécialité et les méthodes hybrides en
traitement automatique qui croisent éléments de nature linguistique et
données statistiques.
Nous n'avons évoqué là que quelques aspects du phénomène phraséologique.
EUROPHRAS 2014 sera l'occasion de revisiter tous ces axes en vue d'en
préciser les contours et d'enrichir les études disponibles. Ce sera
également l'occasion de faire le point sur les avancées théoriques,
méthodologiques et descriptives du phénomène phraséologique abordé d'un
point de vue aussi bien monolingual que plurilingual, tout en tenant
compte des dimensions appliquées à la didactique des langues, à la
traduction, au traitement informatique et à la saisie de phénomènes
aussi complexes que les contenus culturels véhiculés par les
phraséologismes, et l'idiomaticité qui s'ensuit, dans la définition des
manières dont les langues catégorisent les entités du monde en se
servant des formations syntagmatiques à partir des unités monolexicales
déjà disponibles dans les langues en question.
Les langues de communications sont : l'allemand, l'anglais, l'espagnol
et le français.
*Comité scientifique*
Jean-Claude Anscombre, CNRS, LDI, France
Marie-Antoinette Balibar-Mrabti, Université Paris-Ouest Nanterre, France
Vladimir Beliakov, Université de Toulouse, France
Xavier Blanco, Université Autonome de Barcelone, Espagne
Peter Blumenthal, Université de Cologne, Allemagne
Pierre-André Buvet, Université Paris 13, France
Jean-Pierre Colson, Université catholique de Louvain, Belgique
Mirella Conenna, Université de Bari, Italie
Gloria Corpas Pastor, Université de Malaga, Espagne
Dmitrij Dobrovol'skij, Académie russe des sciences, Moscou
Joëlle Ducos, Université Paris-Sorbonne, France
Natalia Filatkina, Université de Trier, Allemagne
Mario Garcia-Page, UNED, Espagne
Jan Goes, Université d'Artois, France
Carmen Gonzalez Rey, Université, Espagne
Gaston Gross, Université Paris 13, France
Francis Grossman, Université de Stendhal, France
Annelies Häcki Buhofer, Universität Basel, Suisse
Harald Burger, Université de Zürich, Suisse
Fabrice Issac, Université Paris 13, France
Vida Jesens(ek, Université de Maribor, Slovénie
Georges Kleiber, Université de Strasbourg, France
Jarmo Korhonen, Université de Helsinki, Finlande
Koenraad Kuiper, Université de Canterbury, Nouvelle Zélande
Salah Mejri, Université Paris 13, France
Carmen Mellado Blanco, Université de Santiago de Compostela, Espagne
Wolfgang Mieder, Université du Vermont, USA
Pedro Mogorron Huerta, Université d'Alicante, Espagne
Franck Neveu, Université Paris-Sorbonne, France
Maria Luisa Ortiz, Université de Brasilia, Brésil
Antonio Pamies-Bertrán, Université de Grenade, Espagne
Elizabeth Piirainen, Steinfurt, Allemagne
Annette Sabban, Université Hildesheim, Allemagne
Julia Sevilla Muñoz, Université de Madrid, Espagne
Inès Sfar, Université Paris-Sorbonne, France
Olivier Soutet, Université Paris-Sorbonne, France
Kathrin Steyer, Institut für deutsche Sprache, Mannheim, Allemagne
Agnès Tutin, Université Grenoble II, France.
Luis Villaseñor Pineda, Laboratoire des Technologies de Langues, INAOE,
Mexique.
Jean-Philippe Zouogbo, Université Paris Diderot, France
*Comité d'organisation*
Paris-Sorbonne (à compléter)
Aude Grezka, Université Paris 13, LDI (CNRS-UMR 7187)
José-Luis Menesses Lerin, Université Paris 13, LDI (CNRS-UMR 7187)
Marie-Hélène Viguier, Université Paris 13, LDI (CNRS-UMR 7187)
*Calendrier*
- Appel à communications : *30 juillet 2013*
- Clôture de l'appel : *15 novembre 2013*
- Réponse aux auteurs: *15 janvier 2014*
- Inscriptions: *du 1 février au 30 avril 2014*
- Congrès : *les 10, 11 et 12 septembre 2014*
Contact : europhras2014 at gmail.com
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