Journ ée d'étude sur la traduction à Besançon le 8 avril 2010
Amr Ibrahim
ahi779 at YAHOO.FR
Fri Dec 17 15:39:20 UTC 2010
Traduire : pour découvrir ou
neutraliser ?
Journée d’étude, le
vendredi 8 avril 2010 à l’Université de Franche-Comté
(Besançon)
Organisée
par l’Équipe d’Accueil LHPLE (Littérature et Histoire des Pays de
Langues
Européennes) et la CRL (Cellule de Recherche en Linguistique).
La traduction,
quel que soit son
domaine, semble irrémédiablement prise, depuis les origines, dans une
double
tension : montrer que celui qu’on ne comprenait pas au point de le
croire étranger
à la nature humaine, voire carrément muet, a à dire des choses qu’on n’a
jamais
entendues et qu’il sait les dire d’une manière propre à nous surprendre
ou nous
émerveiller, ou démontrer que ce qu’on n’entendait pas n’était au fond
qu’une
transposition de nos formulations ancestrales et qu’en y mettant les
formes, le
texte traduit coule d’aussi bonne source que ce qui s’écrit dans notre
langue maternelle.
Le traducteur
peut vouloir épater ou,
ayant revêtu les attributs des prophètes, vouloir révéler une vérité que
la
surdité à la langue qu’il traduit a désespérément masquée à ceux qui
partagent
sa langue maternelle, comme il peut être animé par cette rage de
nivellement,
de neutralisation, de normalisation qui lui fait dépenser le meilleur de
son
énergie pour nous convaincre qu’en fin de compte nous pouvons circuler
le plus
tranquillement du monde, qu’au fond il n’y a rien à voir.
D’un côté la
conviction que si les
différences sont traduisibles ou tout au moins transposables, elles
restent
pour l’essentiel irréductibles et qu’elles sont constitutives de la
diversité
humaine, de l’autre l’idée, que ce soit dans une perspective pacifique
ou
guerrière, que le monde est un, que les hommes sont identiques, que les
différences, qu’elles soient linguistiques, culturelles ou autres, ne
sont que
de surface et que ce que dit une langue ne peut pas différer
fondamentalement
de ce que dit la nôtre. D’un côté, on va, sans armure ni prévention,
vers un
autre dont on voudrait être tout à la fois différent et solidaire, de
l’autre,
on assimile à soi, au nom de l’universalité qu’on croit évidente de nos
sentiments naturels, toutes les différences du monde.
Cette tension
ne se manifeste pas
avec la même intensité ni de la même manière selon le domaine où
s’exerce la
traduction. Nous proposons de ramener la multiplicité des domaines à
quatre
types où l’on reconnaîtra tout à la fois quelques grandes fonctions du
langage et quelques secteurs clé des usages et de la communication
langagière : (1) la traduction des émotions et du sentiment esthétique,
champ privilégié de la littérature, (2) la traduction de ce qui fait ou
dont on
voudrait faire un événement, champ privilégié de ce que les institutions
qu’elles soient médiatique, politique ou idéologique appellent
l’information,
(3) la traduction des connaissances dont dépend la maîtrise du monde,
degré
zéro s’il en fût de la traduction, et enfin (4) la traduction des textes
de
référence, toujours sacrés pour qui considère que la construction ultime
du
sens passe par la formulation étalon qu’ils donnent des concepts et du
réseau
de relations où ils s’inscrivent.
Nous
n’aborderons pas dans cette
journée les questions soulevées par le champ de la littérature. La traduction littéraire étant
le plus souvent une réécriture, une recréation, met en jeu
des problématiques
infinies qu’il n’est ni facile ni souhaitable d’articuler, dans ce
cadre, aux
trois autres champs.
Nous invitons
ceux qui voient dans
les pratiques de traduction des enjeux importants, qu’ils adoptent ou
contestent les termes dans lesquels nous avons formulé la problématique,
à
proposer, en se situant par rapport aux trois derniers champs –
l’information,
la traduction spécialisée et la traduction des textes de référence -,
une
réflexion personnelle argumentée par l’analyse linguistique d’un cas
précis de
traduction dans un domaine de leur choix.
Les
propositions, prévues pour une
intervention de 35 minutes suivie de 10 minutes de discussion, doivent
être
envoyées à cellulerecherchelinguistique at gmail.com
pour, au plus tard, le dimanche 30 janvier.
Elles
ne doivent pas excéder une page (40
lignes) ni être inférieures à une demi page (20 lignes), bibliographie
comprise. Elles doivent comporter le nom de l’auteur, son statut, ainsi
que ses
coordonnées institutionnelles et personnelles. Une notification
d’acceptation
ou de refus sera envoyée aux auteurs dans le courant de la première
moitié de
février.
Les
communications, sous une forme
éventuellement plus longue et plus élaborée, donneront lieu à une
publication
qui sera soumise, pour chaque communication, à une double évaluation
anonyme.
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