Infolettre Lambert-Lucas N. 62

Marc ARABYAN arabyan at FREE.FR
Fri Dec 28 15:58:41 UTC 2012


Infolettre n° 62 / décembre 2012

http://www.lambert-lucas.com

VIENNENT DE PARAÎTRE

1. Le Temps : le récit et le commentaire

de Harald Weinrich (traduction de Michèle Lacoste)

Rééd. facsimilé de l’édition du Seuil, 1973. ISBN : 978-2-35935-058-6, 334 pages, 30 euros.

Lorsque les éditions Kohlhammer, de Stuttgart, publient Tempus : besprochene und erzählte Welt en 1964, l’article d’Émile Benveniste sur « Les relations de temps dans le verbe français » est paru cinq ans auparavant dans le n° 54 (1959) du Bulletin de la Société de Linguistique de Paris. On mesure la précocité de la réaction d’Harald Weinrich par rapport à un texte qui reste aujourd’hui parmi les plus souvent cités dans les études françaises de linguistique générale.

Les temps du verbe, écrit Benveniste, « se distribuent en deux systèmes distincts et complé­men­taires [qui] manifestent deux plans d’énonciation différents », l’« histoire » et le « discours ». Il revient à Harald Weinrich d’explorer, principalement dans la littérature française (Voltaire, Flaubert, Mau­pas­sant, Proust, Camus, Sartre…), la bipartition du temps linguistique selon l’« attitude » et la « per­spec­tive de locution » adoptées par l’énonciateur.

Délaissant la distribution benvenistienne des pronoms entre personne et non-personne (« Structure des relations de personne dans le verbe », BSLP, n° 43, 1946), l’auteur développe les conséquences pour la grammaire textuelle de la « dichotomie structurale » entre groupe de temps compatibles avec le passé simple et groupe de temps compatibles avec le présent. Il montre comment le passé simple sert à conduire des récits distanciés où le monde est raconté (erzählte Welt) dans la détente, là où le présent (associé au passé composé et au futur simple) implique les interlocuteurs par rapport au monde ainsi commenté (besprochene Welt), indépendamment de la distinction entre langue écrite et langue parlée.

Dernière grande catégorie explorée par Le Temps, la « mise en relief », dans le récit, de l’action conduite au passé simple sur un arrière-plan à l’imparfait, analyse qui débouche sur une linguistique de la littérature, avec par exemple des clefs pour comprendre la division des textes en paragraphes.

On devait à cet ouvrage de référence bientôt cinquantenaire, épuisé au Seuil, de le rééditer.

2. Des lettres de l’alphabet à l’image du texte. Recherches sur l’énonciation écrite

de Marc Arabyan

ISBN : 978-2-35935-055-5, 300 pages, 30 euros.

Recueil de travaux de sémiolinguistique consacrés à des objets relativement nouveaux tels que l’« écriture imprimée » et l’« énonciation éditoriale », ce livre parle de la grammaire et de l’image des textes envisagés selon leurs genres. Une première partie, centrée sur l’écriture latine, présente les notions de type et de token, de lettres anamorphosées et métamorphosées, puis identifie et classe les principaux paramètres de la variation typographique entre valeurs linguistiques et valeurs sémiotiques avant d’appliquer ces concepts à l’analyse de messages publicitaires.  La deuxième partie prolonge ces analyses en étudiant les rapports entre écriture et lecture, remettant en question la façon dont cette dernière est historicisée. La troisième partie revient sur le concept d’« énonciation éditoriale » pour montrer quelles découvertes il est possible de faire en lisant les classiques dans les éditions d’époque avant de s’intéresser aux « mises en textes » des récits pris sous l’angle de la linguistique de la littérature.

3. Quand les genres de discours provoquent la grammaire… et réciproquement

sous la direction de Claire Despierres et Mustapha Krazem

ISBN : 978-2-35935-028-9, 240 pages, 26 euros.

Ouvrage publié avec le concours de l’Université de Bourgogne / CPTC - Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures.

Les rapports entre genres de discours et grammaire sont généralement abordés dans un seul sens : les genres provoquent de la grammaire quand il s’agit d’identifier les éléments grammaticaux constitutifs d’un genre ou d’un sous-genre afin d’en stabiliser la structure formelle. Mais l’approche inverse est également licite : la grammaire « provoque » alors les genres de discours. Ainsi la prise en compte des caractéristiques sociales et communicationnelles des genres offre-t-elle un nouvel éclairage sur les faits de langue et permet-elle de renouveler la perception de leurs propriétés linguistiques.  Cet ouvrage, à travers des contributions qui s’appuient sur des genres et des points de grammaire variés,  illustre les deux approches.

Les éditeurs scientifiques de l’ouvrage sont maîtres de conférences à l’Université de Bourgogne, chercheurs au Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures  / Groupe de Recherches Linguistiques en Sciences de la Culture (CPTC / GReLiSC). Claire Despierres, spécialiste de linguistique de l’énonciation, travaille sur la langue théâtrale. Mustapha Krazem est syntacticien. Ses travaux en lien avec les genres portent sur les énoncés averbaux, le présent de l’indicatif et l’infinitif.

4. La vie à l’œuvre. Le biographique dans le discours philosophique

sous la direction de Frédéric Cossutta, Pascale Delormas et Dominique Maingueneau

ISBN : 978-2-35935-061-6, 150 pages, 15 euros.

Ouvrage publié avec le concours de l’Université Paris-Est Créteil / Céditec.

S’intéresser à la biographie des philosophes c’est trop souvent opposer la vie et l’œuvre, la première étant réduite à l’éclairage de la seconde. Ce livre collectif propose une réévaluation de ce rapport et lui restitue sa complexité. La vie, c’est aussi bien la biographie proprement dite, faite des évènements attachés à un nom et à une personne situés, un mode de vie spécifique consistant à vivre selon des préceptes théoriques et pratiques, mais aussi les formes narratives qui stylisent, voire tentent d’objec­tiver scientifiquement la vie en biographie. Ces trois modalités s’entrecroisent, s’interpénètrent, se répondent ou s’opposent.

En se montrant sensibles aux dimensions discursives et institutionnelles de l’activité philosophique, les auteurs s’attachent à montrer que l’analyse ne doit pas dissocier récits de vie et récits de méthode, émergence des genres biographiques et constitution de l’identité de philosophe. Ainsi la vie se vit de s’écrire autant que l’écriture se fait vie, dans un perpétuel jeu de boucles.

Le Groupe de recherche sur l’analyse du discours philosophique (GradPhi, membre du Céditec de l’Université Paris-Est Créteil) réunit des philosophes et des linguistes soucieux d’appréhender la philosophie comme une activité discursive qui ne saurait être réduite aux seuls monuments écrits déposés dans le panthéon de la tradition. Le GradPhi est l’auteur depuis 1995 d’une série de publications dans lesquelles il associe, comme c’est le cas ici, des chercheurs venus d’autres horizons.

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Marc Arabyan
Professeur honoraire
de l'Universite de Limoges
Directeur editorial
des Editions Lambert-Lucas
4, rue d'Isly
87000 LIMOGES (FRANCE)
http://www.lambertlucas.com
tel 06 82 09 18 60


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