corpus, employabilit é, demande sociétââââle et effet Dürrenmatt
tobias.scheer at UNICE.FR
tobias.scheer at UNICE.FR
Wed Dec 18 14:20:52 UTC 2013
Avis de parution
Numéro spécial de la revue en ligne CORELA (Cognition, Représentation,
Lanage) consacré au
Statut et utilisation des corpus en linguistique
http://corela.edel.univ-poitiers.fr/index.php?id=2950
édité par Laurence Vincent-Durroux & Phil Carr.
Etant donné son caractère politique (section 2), je me permets de
recopier infra le résumé de mon propre article dans ce volume. Il y est
question de notre bel environnement académique conçu par les penseurs de
l'OCDE (entre autres) qui vit au rythme de l'hystérie autour des projets
et classements internationaux en prenant tous les jours des décisions
irrationnelles, le tout en emballant son oeuvre de destruction dans la
novlangue des communicants issus des écoles de management. Il y est
question également de l'effet Dürrenmatt. Et, concernant le corpus, de
la confusion généralisée, orchestrée et gobée entre technologie et
science (regarder la carrière du mot "innovation").
Tobias Scheer
Résumé
Le corpus a toujours été, est et sera un outil précieux qui aide à
poursuivre un but. Son statut ontologique d'outil ne changera pas, aussi
fabuleux soient la puissance computationnelle, la capacité de stockage,
la rapidité d'accès et de transmission, et quelle que soit sa taille. Le
corpus est une source de données parmi d'autres (dont, notamment, les
jugements de grammaticalité) qui a des avantages et limitations
spécifiques dont l'usager doit être conscient -- au même titre que pour
n'importe quel autre outil.
Noyé dans l'utilitarisme et l'hystérie autour des projets qui de nos
jours dominent l'academia, beaucoup croient, ouvertement ou tacitement
(ou encore à leur insu), que la recherche qui implique la construction
d'un corpus assortie d'une exploitation computationnelle "puissante" est
plus sérieuse que celle qui n'en implique pas. D'aucuns même pensent que
la finalité d'un projet de recherche peut se réduire à la création d'un
corpus, que le corpus produira la science par ses vertus intrinsèques,
et qu'il peut donc se substituer au raisonnement et à la dialectique
entre données et hypothèse. La même idéologie promeut l'idée qu'aucun
énoncé ne peut être scientifique sans être statistiquement significatif.
C'est ici que le corpus cesse d'être un outil, i.e. où le système
bascule dans la folie. Depuis une décennie ou davantage, c'est ce qui
s'est passé : sans avoir rien demandé, le pauvre corpus se retrouve au
milieu d'un blizzard et se fait abuser par l'idéologie dominante.
Abstract
The corpus was, is and will be a valuable tool that helps pursuing a
goal. Its ontological status as a tool will not change, no matter how
fabulous the computational power, storage capacity, access and
transmission speed, and whatever the size of the corpus. The corpus is a
data source among others (namely grammaticality judgements), which has
specific advantages and limitations that the user needs to be aware of
-- like for any other tool.
Drowned in the ambient utilitarianism and project-hysteria, many people
believe, overtly or tacitly (or without being aware that they do), that
research which involves the building of a corpus coupled with
exploitation by a "powerful" computer programme, is more serious than a
competitor which does not. Some even believe that the whole purpose of a
research project may be the creation of a corpus, and that the corpus
will produce science by itself, i.e. substitute itself to reasoning and
the data-expectation dialectic. The same ideology promotes the idea that
whatever scientific statement is made, it needs to be statistically
relevant. This is where the corpus stops being a tool, i.e. where the
system goes mad. And it did on a large scale in the past decade or so.
Poor corpora are in the middle of this thunderstorm, and are abundantly
abused by the ideology in place.
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