LL-L "Folklore" 2003.01.29 (06) [E/French]

Lowlands-L admin at lowlands-l.net
Thu Jan 30 00:08:23 UTC 2003


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 L O W L A N D S - L * 29.JAN.2003 (06) * ISSN 189-5582 * LCSN 96-4226
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From: Roger Thijs, Euro-Support, Inc. <roger.thijs at euro-support.be>
Subject: LL-L "Folklore" 2003.01.29 (02) [E]

From: Theo Homan <theohoman at yahoo.com>
Subject: LL-L "Folklore" 2003.01.28 (10) [E]
What about seeing The Wolf as a personification of the
evil?
----
I guess for many of us in Belgium, it may associate with "learning French".

I went to middle school in Tongeren and at age of about 14 we all had to
know by head "La Chèvre de Mr. Seguin" (out of A. Daudet, Lettres de mon
moulin), the story of the little goat, that preferred freedom in the
mountains above protection against the wolf, in the stables of Mr. Seguin.

I have put a reading of the story by Fernadel -  just for a few days - on
the web at URL:
http://www.euro-support.be/temp/chev.wma
Be aware it is over 5 Mb and plays for about 11 min.

It comes from CD Lettres de mon moulin, Fernandel, 1989, Distribution
Musidisc, Accord 661202  (barcode 3-229266-612025)

For understandibility, below a quick scan of the text from the leaflet that
came with the CD.

Regards,
Roger

---
M. Seguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres.

Il les perdait toutes de la même façon ; un beau matin, elles cassaient leur
corde, s'en allaient dans la montagne, et là -haut le loup les mangeait. Ni
les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait.
C'était, parait-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand
air et la liberté.

Le brave M. Seguin, qui ne comprenait rien au caractère de ses bêtes, était
consterné. Il disait : "C'est fini ; les chèvres s'ennuient chez moi ; je
n'en garderai pas une".

Cependant il ne se découragea pas, et, après avoir perdu six chèvres de la
même manière, il en acheta une septième ; seulement cette fois, il eut soin
de la prendre toute jeune, pour qu'elle s'habituât mieux à demeurer chez
lui.

Ah ! qu'elle était jolie la petite chèvre de M. Seguin ! Qu'elle était jolie
avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et
luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une
houppelande ! C'était presque aussi charmant que le cabri d'Esméralda, et
puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son
pied dans l'écuelle. Un amour de petite chèvre...

M. Seguin avait derrière sa maison un clos entouré d'aubépines. C'est lÃ
qu'il mit la nouvelle pensionnaire. Il l'attacha à un pieu, au plus bel
endroit du pré, en ayant soin de lui laisser beaucoup de corde, et de temps
en temps il venait voir si elle était bien. La chèvre se trouvait très
heureuse et broutait l'herbe de si bon coeur que M. Seguin était ravi.

"Enfin, pensait le pauvre homme, en voilà une qui ne s'ennuiera pas chez
moi!"

M. Seguin se trompait, sa chèvre s'ennuya.
Un jour, elle se dit en regardant la montagne

"Comme on doit être bien là -haut ! Quel plaisir de gambader dans la bruyère,
sans cette maudite longe qui vous écorche le cou !... C'est bon pour l'âne
ou pour le boeuf de brouter dans un clos

Les chèvres, il leur faut du large".

A partir de ce moment, l'herbe du clos lui parut fade. L'ennui lui vint.
Elle maigrit, son lait se fit rare. C'était pitié de la voir tirer tout le
jour sur sa longe, la tête tournée du côté de la montagne, la narine
ouverte, en faisant Mé !... tristement.

M. Seguin s'apercevait bien que sa chèvre avait quelque chose, mais il ne
savait pas ce que c'était... Un matin, comme il achevait de la traire, la
chèvre se retourna et lui dit dans son patois : "Écoutez, monsieur Seguin,
je me languis chez vous, laissez-moi aller dans la montagne.

- Ah! Mon Dieu!... Elle aussi 1" cria M. Seguin stupéfait, et du coup il
laissa tomber son écuelle puis, s'asseyant dans l'herbe à côté de sa chèvre
"Comment, Blanquette, tu veux me quitter

Et Blanquette répondit
"Oui, monsieur Seguin.

- Est-ce que l'herbe te manque ici ? - Oh ! Non ! Monsieur Seguin.

- Tu es peut-être attachée de trop court, veuxtu que j'allonge la corde ?

- Ce n'est pas la peine, monsieur Seguin.

- Alors, qu'est-ce qu'il te faut ? Qu'est-ce que tu veux ?

- Je veux aller dans la montagne, monsieur Seguin.

- Mais, malheureuse, tu ne sais pas qu'il y a le loup dans la montagne...
Que feras-tu quand il viendra ?...

- Je lui donnerai des coups de corne, monsieur Seguin.

- Le loup se moque bien de tes cornes. Il m'a mangé des biques autrement
encornées que toi... Tu sais bien, la pauvre vieille Renaude qui était ici
l'an dernier ? Une maîtresse chèvre, forte et méchante comme un bouc. Elle
s'est battue avec le loup toute la nuit... puis, le matin, le loup l'a
mangée.

- Pécaïre ! Pauvre Renaude !... Ça ne fait rien, monsieur Seguin,
laissez-moi aller dans la montagne.

- Bonté divine !... dit M. Seguin ; mais qu'estce qu'on leur fait donc à mes
chèvres ? Encore une que le loup va me manger... Eh bien, non... je te
sauverai malgré toi, coquine 1 Et de peur que tu ne rompes ta corde, je vais
t'enfermer dans l'étable, et tu y resteras toujours".

Là -dessus, M. Seguin emporta la chèvre dans une étable toute noire, dont il
ferma la porte à double tour. Malheureusement, il avait oublié la fenêtre,
et à peine eut-il le dos tourné, que la petite s'en alla...

Quand la chèvre blanche arriva dans la montagne, ce fut un ravissement
général. Jamais les vieux sapins n'avaient rien vu d'aussi joli. On la reçut
comme une petite reine. Les châtaigniers se baissaient jusqu'à terre pour la
caresser du bout de leus branches. Les genêts d'or s'ouvraient sur son
passage, et sentaient bon tant qu'ils pouvaient. Toute la montagne lui fit
fête. Plus de corde, plus de pieu... Rien qui l'empêchât de gambader, de
brouter à sa guise... C'est là qu'il y en avait de l'herbe ! Jusque
par-dessus les cornes, mon cher !... Et quelle herbe ! Savoureuse, fine,
dentelée, faite de mille plantes... C'était bien autre chose que le gazon du
clos. Et les fleurs donc !... De grandes campanules bleues, des digitales de
pourpre à longs calices, toute une forêt de fleurs sauvages débordant de
sucs capiteux ! ...

La chèvre blanche, à moitié soûle, se vautrait là dedans les jambes en l'air
et roulait le long des talus, pêle-mêle avec les feuilles tombées et les
châtaignes... Puis, tout à coup, elle se redressait d'un bond sur ses
pattes. Hop 1 La voilà partie, la tête en avant, à travers les maquis et les
buissières, tantôt sur un pic, tantôt au fond d'un ravin, là -haut, en bas,
partout... On aurait dit qu'il y avait dix chèvres de M. Seguin dans la
montagne. C'est qu'elle n'avait peur de rien, la Blanquette. Elle
franchissait d'un saut de grands torrents qui l'éclaboussaient au passage de
poussière humide et d'écume. Alors, toute ruisselante, elle allait s'étendre
sur quelque roche plate et se faisait sécher par le soleil... Une fois,
s'avançant au bord d'un plateau, une fleur de cytise aux dents, elle aperçut
en bas, tout en bas dans la plaine, la maison de M. Seguin avec le clos
derrière. Cela la fit rire aux larmes.

"Que c'est petit ! dit-elle ; comment ai-je pu tenir là -dedans ?"

Pauvrette ! De se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi
grande que le monde...

En somme, ce fut une bonne journée pour la chèvre de M. Seguin. Vers le
milieu du jour, en courant de droite et de gauche, elle tomba dans une
troupe de chamois en train de croquer une lambrusque à belles dents. Notre
petite coureuse en robe blanche fit sensation. On lui donna la meilleure
place à la lambrusque, et tous ces messieurs furent très galants... Il
parait même qu'un jeune chamois à pelage noir eut la bonne fortune de plaire
à Blanquette. Les deux amoureux s'égarèrent parmi le bois une heure ou deux,
et si tu veux savoir ce qu'ils dirent, va le demander aux sources bavardes
qui courent invisibles dans la mousse.

Tout à coup le vent fraîchit. La montagne devint violette ; c'était le soir.

"Déjà !" dit la petite chèvre ; et elle s'arrêta fort étonnée.

En bas, les champs étaient noyés de brume. Le clos de M. Seguin
disparaissait dans le brouillard, et de la maisonnette on ne voyait plus que
le toit avec un peu de fumée. Elle écouta les clochettes d'un troupeau qu'on
ramenait, et se sentit l'âme toute triste... Un gerfaut, qui rentrait, la
frôla de ses ailes en passant. Elle tressaillit... puis ce fut un hurlement
dans la montagne

"Hou ! Hou !"

Elle pensa au loup ; de tout le jour la folle n'y avait pas pensé... Au même
moment une trompe sonna bien loin dans la vallée. C'était ce bon M. Seguin
qui tentait un dernier effort.

"Hou ! Hou !... faisait le loup.
- Reviens 1 Reviens !..." criait la trompe.

Blanquette eut envie de revenir ; mais en se rappelant le pieu, la corde, la
haie du clos, elle pensa que maintenant elle ne pouvait plus se faire Ã
cette vie, et qu'il valait mieux rester.

Le trompe ne sonnait plus...

La chèvre entendit derrière elle un bruit de feuilles. Elle se retourna et
vit dans l'ombre deux oreilles courtes, toutes droites, avec deux yeux qui
reluisaient... C'était le loup.

Énorme, immobile, assis sur son train de derrière, il était là regardant la
petite chèvre blanche et la dégustant par avance, Comme il savait bien qu'il
la mangerait, le loup ne se pressait pas ; seulement, quand elle se
retourna, il se mit à rire méchamment.

"Ha ! Ha ! La petite chèvre de M. Seguin" ; et il passa sa grosse langue
rouge sur ses babines d'amadou.

Blanquette se sentit perdue... Un moment, en se rappelant l'histoire de la
vieille Renaude qui s'était battue toute la nuit pour être mangée le matin,
elle se dit qu'il vaudrait peut-être mieux se laisser manger tout de suite ;
puis, s'étant ravisée, elle tomba en garde, la tête basse et la corne en
avant, comme une brave chèvre de M. Seguin qu'elle était... Non pas qu'elle
eût l'espoir de tuer le loup, - les chèvres ne tuent pas le loup, - mais
seulement pour voir si elle pourrait tenir aussi longtemps que la Renaude...

Alors le monstre s'avança, et les petites cornes entrèrent en danse.

Ah ! La brave chevrette, comme elle y allait de bon coeur ! Plus de dix
fois, je ne mens pas, elle força le loup à reculer pour reprendre haleine.
Pendant ces trêves d'une minute, la gourmande cueillait en hâte encore un
brin de sa chère herbe ; puis elle retournait au combat, la bouche pleine...
Cela dura toute la nuit. De temps en temps, la chèvre de M. Seguin regardait
les étoiles danser dans le ciel clair, et elle se disait :

"Oh ! Pourvu que je tienne jusqu'Ã  l'aube..."

L'une après l'autre, les étoiles s'éteignirent. Blanquette redouble de coups
de cornes, le loup de coups de dents... Une lueur pâle parut dans
l'horizon... Le chant du coq enroué monta d'une métairie.

"Enfin !" dit la pauvre bête, qui n'attendait plus que le jour pour mourir ;
et elle s'allongea par terre dans sa belle fourrure blanche toute tachée de
sang...

Alors le loup se jeta sur la petite chèvre et la mangea.

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