Journée d'étude: L’analyse linguistique de corpus discursifs, 24 janv.Tours

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Wed Oct 24 16:30:24 UTC 2007


L'analyse linguistique de corpus discursifs : des théories aux 
pratiques, des pratiques aux théories

24 janvier 2008
Journée d'étude organisée à l'Université François-Rabelais de Tours 
(3, rue des Tanneurs, salle 12) 
Par Julien LONGHI (contact j.longhi [at] wanadoo.fr)

Problématique :

La linguistique de corpus connaît depuis quelques années un essor 
croissant, et reçoit un succès grandissant auprès des institutions. 
Cet essor, et le succès qui l'accompagne, ne sont pas sans poser de 
problèmes, comme l'a déjà souligné Mayaffre, quant il affirme que « 
le corpus – la notion et l'objet – risque d'être victime aujourd'hui 
en France de son succès ». Pour le linguiste, le chantier, quoique 
considérable, permet de renouveler l'appréhension de son objet : 
comme le souligne Rastier, « étendant le champ d'investigation de la 
linguistique générale, la linguistique de corpus lui permet tout à la 
fois une reconception de son objet et de ses théories ». En outre, si 
les applications font l'objet d'une demande sociale croissante, le 
lien entre les théories et les pratiques, et également les pratiques 
et les théories, est à interroger de manière approfondie. Cette 
journée d'étude a pour but de confronter des linguistes, issus de 
différents courants, dont l'intérêt se porte d'une manière ou d'une 
autre sur les corpus discursifs, dans l'interaction du sémantique et 
du discursif. Chacun proposera une appréhension particulière du 
corpus, ainsi qu'un cadre théorique propre, et une place importante 
sera faite à la confrontation des points de vue. Les communications 
présentées s'attacheront à décrire la manière dont le Discours, 
appréhendé à travers les corpus, devient le lieu de l'analyse 
linguistique, et comment il peut tout à la fois représenter un 
observatoire pour la sémantique lexicale, un objet d'étude pour 
saisir les praxis linguistiques, et le lieu de réalisation de normes 
socio-discursives repérables selon une conception argumentative de la 
langue. Les thèmes de la nomination, de formations discursives, de la 
dimension argumentative/topique des discours, la caractérisation 
linguistique des types de discours, et les processus de 
référenciation en discours, seront les fils conducteurs de cette 
journée, qui aborde l'objet corpus selon ses aspect discursifs et 
sémantiques.

Argumentaire :

La dimension cognitive et sémiotique sera abordée par Danièle Dubois, 
à travers l'analyse de différents corpus qui concernent l'expérience 
subjective des diverses modalités sensibles. Plus précisément, les 
relations entre sens lexical et construction du sens en discours 
seront prises en compte selon le contraste entre couleurs/odeurs. Son 
analyse des différents corpus mettra en valeur, dans un modèle qui 
articule langue, discours et cognition, le contraste entre une 
pratique terminologique qui s'instancie dans les discours à visée 
sociale de type scientifique ou experts (en analyse sensorielle), qui 
construisent une référence objective « universelle », et la 
construction d'un sens lexical dans des discours de sens commun dont 
la visée référentielle concerne l'expérience individuelle
Cette dimension cognitive sera également reprise dans la contribution 
de Olga Galatanu, qui propose un modèle de description des phénomènes 
de construction du sens en co-texte et en contexte. Ce modèle 
s'appuie sur une approche de la signification lexicale associative, 
holistique, encyclopédique et processuelle qui l'inscrit à la fois 
dans la filiation de la sémantique argumentative et dans le courant 
d'une approche cognitive du sens linguistique. Pour elle aussi 
l'activité de langage transforme, avec la représentation du monde 
référentiel, la signification des lexèmes qui la décrivent et 
l'évaluent (Galatanu 2006). 
La réflexion sur l'activité langagière sera prolongée dans la 
communication de Julien Longhi, dans une perspective discursive et 
phénoménologique, par l'introduction du concept d'objet discursif 
(Longhi 2007) : un objet peut être défini comme une synthèse des 
apparences phénoménologiques. Ce n'est pas l'objet qui prend des 
apparences, mais des apparences – parce qu'elles sont conçues comme 
telles – qui synthétisent un objet (cf. Lebas 1999). Les apparences 
synthétisées ne sont pas seulement celles du monde d'expérience, 
elles comprennent aussi les mécanismes discursifs qui viennent à 
produire leurs propres normes, d'où l'appellation objet discursif. 
L'étude d'un corpus de discours politiques de droite (Chirac, Madelin 
et Le Pen de 1997 à 2004) permettra de décrire les processus 
constitutifs du sens de l'objet discursif libéral(isme) en mettant en 
valeur la stabilité, l'instabilité et la plasticité dans la 
construction du sens en discours.
L'activité langagière, et les praxis qu'elle met en jeu, seront au 
centre de l'intervention de Paul Siblot : le cotexte, par la prise en 
compte du dialogisme et des interactions, le contexte, par celle des 
déterminations sociohistoriques et situationnelles, ne sont plus 
tenus pour extérieurs au linguistique. Si les discours construisent 
bien la langue, nous devrions en bonne logique retrouver dans celle-
ci l'effet des déterminations du sens en discours. C'est ce point 
qu'il se propose d'examiner avec la notion de dialogisme de la 
nomination (la nomination considérée comme acte signifiant, non pas 
au seul moment de l'attribution initiale de la dénomination mais en 
toute réactualisation discursive, réinsère selon l'auteur le sujet et 
le référent dans le champ de la réflexion sur le signe linguistique). 
Pour cela il prendra appui sur les résultats d'un ensemble d'analyses 
conduites sur des objets de discours particuliers, à partir de 
marques linguistiques précises, et repérés dans le large corpus de la 
formation discursive coloniale relative à l'Algérie. 
Enfin, Nathalie Garric s'intéressera au  concept de médiation, qui 
apparaît dans différents lieux discursifs de l'espace public. Il 
contribue à l'émergence de nouveaux dispositifs communicationnels, 
instaure de nouveaux rôles et enjeux discursifs non seulement sur des 
objets sociaux mais également sur des objets eux-mêmes discursifs, 
voire linguistiques, tels que le discours d'information médiatique. 
La médiation engendre de la part de ses participants une attitude 
réflexive ou autoréflexive marquée par des indices épilinguistiques 
et des stratégies épidiscursives que nous proposons d'aborder comme 
un nouveau poste d'observation de l'interaction entre langue et 
discours. L'analyse sera développée à partir d'un corpus constitué 
d'une quinzaine de sessions de l'émission, diffusée sur France 2 
depuis 1998, L'hebdo du médiateur. Le traitement du corpus procèdera 
par une entrée quantitative à l'aide du logiciel Lexico 3, pour, dans 
le cadre de l'Analyse de discours de tradition française, accéder à 
des études locales reposant sur des indices essentiellement 
énonciatifs et argumentatifs. La médiation pourrait ainsi inaugurer 
un genre discursif singulier de l'ordre de ces nouvelles situations 
de circulation du savoir qui obligent à reconsidérer certaines des 
spécificités du discours de transmission des connaissances, 
participant celle-ci de la vulgarisation d'une certaine forme de la 
connaissance linguistique.

 
 
Programme de la journée :

9h : accueil des participants et introduction de la journée

9h30-10h15 : Danièle Dubois, PU, L.C.P.E. (CNRS) : 
Expériences communes et pratiques expertes de la sensorialité : 
lexique et construction du sens en discours

10h15-11h : Olga Galatanu, PU, Université de Nantes : 
L'analyse du Discours dans la perspective de la Sémantique des 
Possibles Argumentatifs : les mécanismes sémantico-discursifs de 
construction du sens et de reconstruction de la signification lexicale

11h-11h30 : pause café

11h30-12h15 : Julien Longhi, ATER, Université de Tours (LRL) : 
Les objets discursifs et le phénomène d'anticipation lexicale en 
discours : processus de référenciation et argumentativité dans 
l'activité discursive

14h-14h45 : Paul Siblot, PU, Université de Montpellier III 
(Praxiling, UMR CNRS 5259) :
Prise de parole, prise de position et production du sens

14h45-15h30 : Nathalie Garric, MCF, Université de Tours (L&R) : 
La médiation médiatique : un nouveau poste d'observation pour la 
réflexion linguistique et discursive

15h30-16h30 : Bilan et perspectives


 
Références bibliographiques :

DUBOIS, Danièle (1997) (éd) Catégorisation et cognition, Kimé, Paris.
DUBOIS, Danièle (2006) « De l'expérience subjective des catégories de 
couleurs à l'objectivité de la couleur : approches cognitives », 
Cahiers du LCPE, n°7 : Dénomination, désignation, catégories, p.67-78.
GALATANU, Olga (1999) « Le phénomène sémantico-discursif de 
déconstruction-reconstruction des topoï dans une sémantique 
argumentative intégrée », Langue Française, n°123, p.41-51.
GALATANU, Olga (2006) « Du cinétisme de la signification lexicale », 
p.85-104, Sujets, activités, environnement, P.U.F., Paris.
GARRIC, Nathalie & LEGLISE, Isabelle (2002) « La place du logiciel, 
du corpus, de l'analyste : l'exemple d'une analyse de discours 
patronal à deux voix », Les 2ème journées de Linguistique de Corpus, 
Septembre 2002, Université de Lorient.
LEBAS, Franck (1999) L'indexicalité du sens et l'opposition "en 
intension" / "en extension", Thèse de Doctorat, Université de Paris 
VIII de Saint-Denis.
LONGHI, Julien (2006) « Eléments pour une pragmatique topique 
dynamique », Revue de Sémantique et Pragmatique, n°19/20, p.121-133
LONGHI, Julien (2007) « L'objet discursif intermittent : construction 
d'une forme sémantique et évolution des topoï dans un corpus de 
presse », p. 149-163, dans CISLARU, G., GUERIN, O., MORIM, K., NEE, 
E., PAGNIER, T., VENIARD, M. (éds) L'acte de nommer – Une dynamique 
entre langue et discours, Presses Sorbonne Nouvelle, Paris.
SARFATI, Georges.-Elia (2005) « La théorie linguistique du sens 
commun et l'idée de compétence topique », p.81-98, dans J. ADEN (éd) 
De Babel à la mondialisation, SCEREN.
SIBLOT, Paul (1997) « Nomination et production de sens : le 
praxème », Langages, n°127, p.38-55.
SIBLOT, Paul (2007) « Nomination et point de vue : la composante 
déictique des catégorisations lexicales », p. 25-38, dans CISLARU, 
G., GUERIN, O., MORIM, K., NEE, E., PAGNIER, T., VENIARD, M. (éds) 
L'acte de nommer – Une dynamique entre langue et discours, Presses 
Sorbonne Nouvelle, Paris.


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