Soutenance de th èse

marcelasangiacomo marcelasangiacomo at YAHOO.COM
Mon Oct 5 08:51:51 UTC 2009


Bonjour,



J'ai le plaisir de vous annoncer la soutenance de ma thèse
intitulée :







"La présence de l'espagnol en nahuatl : une étude
sociolinguistique des adaptations

                           et non-adaptations des emprunts."





Auteur : Marcela SAN GIACOMO





qui aura lieu



Samedi 10 octobre à 10hrs



dans la Salle des Actes, à l'ENS au 45 Rue d'Ulm, 75005.

(RER B : station Luxemburg)





Un pot suivra auquel vous êtes cordialement invité(e).







Membres du Jury:       Madame Sharon PEPERKAMP (Directrice de recherche)

Madame

Madame

Monsieur

Monsieur





Françoise GADET

Claudine   CHAMOREAU

Joaquim   BRANDAO DE CARVALHO

Michel de FORNEL





Résumé :



Dans des situations de langues en contact on trouve souvent des mots
d'emprunt. Lorsqu'il s'agit d'un segment phonologique
illicite dans la langue d'arrivée, ce segment peut soit être
adapté soit rester non-adapté. Par exemple, le nahuatl ne contient
pas de phonème /d/ dans son inventaire, le mot espagnol doctor
(médecin) peut ainsi rester sans adaptation, mais il peut
également être adapté comme [loktóä][1] <#_ftn1> .

La question que nous nous posons dans cette thèse est de savoir quels
sont les facteurs sociaux et linguistiques qui favorisent
l'adaptation des mots d'emprunt par rapport à la
non-adaptation. Nous avons analysé l'influence de ces facteurs
sur l'adaptation des mots d'emprunt espagnols en nahuatl. Nous
avons suivi la méthodologie de la sociolinguistique variationniste
qui nous permet d'étudier, avec une perspective quantitative, les
facteurs internes et externes à la langue dans l'adaptation et
non-adaptation des emprunts.

Notre travail s'est déroulé à Tagcotepec, une communauté
nahuatl, d'environ 500 habitants, dans la Sierra Norte de Puebla, au
Mexique. La langue majoritaire de la communauté est le nahuatl.
Malgré le fait que l'espagnol est la langue nationale, elle est
acquise en deuxième place. Les deux langues cohabitent dans un
système de diglossie, où la population est essentiellement
bilingue et chaque langue a sa fonction précise. L'attitude
envers la langue place le nahuatl en tant que langue de prestige. Elle
est aussi un symbole d'identité communautaire. En revanche,
l'espagnol est vu et utilisé en tant qu'un outil permettant
l'accès au commerce, l'éducation, la santé. L'espagnol
est un symbole de la présence nationale. Un facteur
sociogéographique important de cette communauté est la présence
d'une rivière que la divise en deux secteurs : le premier, avec
l'accès direct à la route, aux villages et villes avoisinants,
ainsi qu'à la vie commerciale, éducative et religieuse de
Tagcotepec. Le deuxième secteur est reculé dans les montagnes. Ces
différences sociogéographiques se reflètent dans différents
pourcentages de bilinguisme : il y a plus de locuteurs bilingues dans le
premier secteur.

Nous avons travaillé avec un échantillon de 71 locuteurs,
représentatif des caractéristiques sociolinguistiques de la
communauté. Nos données proviennent des enregistrements de la
parole spontanée. Notre base de données compte 776 mots
d'emprunt, pour un total de 4619 tokens. Les exemples en (1)
montrent la variabilité d'adaptations des emprunts espagnols que
nous trouvons à Tagcotepec. Dans le mot burro (âne) il y a deux
cibles espagnoles illicites pour le nahuatl /b/ et /r/ qui sont
susceptibles d'être adaptées. Dans (1a) ces cibles sont
adaptées, dans (1b, 1c) il n'y a qu'une cible qui est
adaptée et dans (1d) toutes les deux restent sans adaptation.



(1)           a. pú½oÖ     < burro            Constantina, 43
ans

                b. búu½os    < burros          Micaela, 53 ans

                c. puríitos    < burrítos        Manuela, 37 ans

                d. búro        < burro            Rosy, 27 ans



Pour cela, nous avons construit un plateau de jeu composé de 270
petites images avec le but d'enregistrer les emprunts dont nous
avions besoin. Elles contenaient à la fois des objets familiers pour
lesquels les locuteurs utilisent des emprunts de la vie quotidienne, par
exemple, tortilla (galette de maïs) ou bien burro (âne) et
d'autres objets connus seulement dans les villes, ou bien dans des
lieux extérieurs à Tagcotepec,  par exemple, rinoceronte
(rhinocéros) ou jirafa (girafe).

Ils étaient les meneurs de jeu, chargés de conduire les séances
avec les locuteurs. Ils nous ont également aidée à assurer le
bon déroulement des séances dans la langue nahuatl.

Nous avons travaillé dans des séances en groupe avec des locuteurs
conformes à notre échantillon. Ils ont participé aussi bien au
jeu qu'au questionnaire que nous avons construit pour recueillir les
données nécessaires à la recherche. Les séances se sont
ainsi déroulées, dans la plupart des cas, par petits groupes, chez
les locuteurs.

Les facteurs sociaux pris en compte sont le secteur géographique
d'habitation, niveau de bilinguisme du locuteur, sexe, âge et les
relations au sein du groupe (ce dernier indique le rapport entre les
locuteurs participant à la séance de groupe). Les facteurs
linguistiques sont la fréquence d'utilisation du mot, cible,
emploi (mot isolé ou dans une phrase), nombre de syllabes et nombre
de cibles dans l'emprunt.

Nos résultats ont dévoilé que le pourcentage d'adaptation
global était 16%. L'analyse de règle variable (VARBRUL) a
montré la probabilité de l'adaptation des emprunts est
déterminée, en ordre d'importance, par les facteurs suivants :
premièrement, par le type de cible (les segments /r/, /µ/, /x/,
/g/ étant les plus souvent adaptés) ; deuxièmement, par le fait
d'habiter dans le secteur reculé de la communauté ;
troisièmement, par l'appartenance au groupe des locuteurs les
plus âgées ; quatrièmement, par le fait que l'emprunt
contienne moins de trois syllabes ; cinquièmement, par le fait que le
locuteur s'adresse à des amis ou bien aux membres de sa famille ;
sixièmement, par le fait que le mot d'emprunt soit fréquent ;
septièmement, par le fait que l'emprunt contienne moins de trois
cibles ; enfin, par le fait que l'emprunt soit employé comme un
mot isolé. Nous avons constaté que les facteurs sociaux et
linguistiques influencent l'adaptation des emprunts et qu'il
n'y a pas de stricte hiérarchie entre ces deux groupes des
facteurs.






[1] <#_ftnref1>  Le nahuatl est la deuxième langue du  Mexique,
après l'espagnol,  parmi 68 autres langues indiennes du pays.
Actuellement elle est parlée par environ 1.300.000 locuteurs. Depuis
la conquête de 1519, l'espagnol et le nahuatl restent en contact.
Ce rapport long et intense entre les deux langues a produit de fortes
influences mutuelles, notamment concernant la présence des mots
d'emprunt.



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