Journ ée ConSciLa - L'amalgamation lexicale et ses rapports =?iso-8859-1?Q?_=E0_la_n=E9ologie=2C_?=Paris

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Tue Sep 10 06:22:00 UTC 2013


Chers collègues,

Veuillez trouver ci-joint le programme de la journée d'étude
ConSciLa  "L'amalgamation lexicale et ses rapports à la néologie" 
qui se tiendra le vendredi 4 octobre 2013 à Paris (Salons de
l'Inalco, 2 rue de Lille).

Cordialement,
Arnaud Léturgie


L'AMALGAMATION LEXICALE
ET SES RAPPORTS À LA NÉOLOGIE

Salons de l'INALCO

2, rue de Lille

75007 PARIS



PROGRAMME

9h-9h15 : Ouverture et présentation de la journée
Jean-François Sablayrolles & Arnaud Léturgie

9h15-10h : Les mots-valises: jeux et enjeux
Bernard Fradin (UMR 7110 CNRS & Université Paris 7)

10h-10h45 : Néologie et amalgamation lexicale
Arnaud Léturgie (Université de Cergy-Pontoise)

10h45-11h : Pause

11h-11h45 : Amalgamation lexicale, néologie et ludicité
Vincent Renner (Université Lumière Lyon 2)

11h45-12h30 : Anthropole, Unithèque et autres mots composites dans
l'espace urbain et universitaire : l'exemple de Lausanne
Camille Vorger (Université de Lausanne)


12h30-14h : Pause déjeuner

14h00-14h45 : La transparence morphosémantique d'amalgames
lexicaux allemands, français et perses : considérations
fonctionnelles
Elke Ronneberger-Sibold (Université catholique
d'Eichstätt-Ingolstadt, Allemagne)

14h45-15h30 : Mots-valises : quand les segments communs se font la
malle

Julie Makri-Morel (Université Lumière Lyon 2)

15h30-16h : Discussion générale



PRÉSENTATION DE LA JOURNÉE



Parmi les procédés de création lexicale disponibles,
l'amalgamation lexicale (ou « mot-valisation », Fradin & al.,
2009) ne profite pas de descriptions remportant l'unanimité. Ce
procédé est caractérisé par les approches empiriques
conduites par les chercheurs pour le décrire. Le problème est que,
la plupart du temps, ces analyses diffèrent d'un chercheur à
l'autre et la description du procédé suscite un éclatement
métalinguistique (cf. Sablayrolles, 2000) et théorique (cf. Renner
& al., 2012) dans la diversité des approches proposées. La
complexité éprouvée par les chercheurs à décrire le
procédé s'explique notamment par son caractère «
monstrueux » (Grésillon, 1984), « extragrammatical »
(Fradin, 1997 : 103). C'est à ce titre que les amalgames lexicaux
sont « des manifestations de la créativité lexicale [
]
mais ne sont pas productifs au sens où ils ne sont pas assignables
à un patron de régularité » (Fradin, 2003 : 211).



Parallèlement, force est de constater que les amalgames lexicaux
figurent parmi les procédés néologiques stables dans la mesure
où ils sont observables depuis fort longtemps et dans une proportion
assez constante. Ainsi, alors que la paternité du terme portmanteau
word est attribuée à Lewis Carroll, d'autres écrivains ont
eu recours à l'amalgamation lexicale. Rabelais (sorbonagre), Hugo
(foultitude), Rostand (ridicoculiser) ou Queneau (tournipilant) –
parmi d'autres – ont également contribué à la
popularité du procédé au travers de leurs créations
littéraires. On observe une profusion d'amalgames lexicaux dans
les années 1980 (cf. Galisson, 1987) et, plus récemment, dans des
modes de production langagière émergents, comme le slam (cf.
Vorger, 2011) ou encore dans les pratiques d'enseignement en cycle
primaire (cf. Léturgie, 2012).



On ajoutera que d'après une enquête menée par Sablayrolles
(2003 : 291) « [
] les mots-valises sont les néologismes les
plus systématiquement repérés et identifiés comme tels. »
Cette identification se produit notamment par l'effort
d'interprétation morpho-sémantique que doit fournir le
locuteur à la rencontre de ce type d'unité. Ce constat
paraît étonnant dans la mesure où Sablayrolles (ibid.) ajoute
qu'« il est remarquable que ce soit une matrice ordinairement
marginalisée, voire omise, qui vienne en tête de l'échelle de
néologicité. »



Cette journée ConSciLa invite donc à la réflexion sur la place
qu'occupe l'amalgamation lexicale au sein des procédés
néologiques en même temps qu'elle offre un espace d'échange
sur le procédé d'amalgamation en lui-même, dans différentes
langues.



Bibliographie

Fradin, Bernard. (1997). « Les mots-valises : une forme productive
d'existants impossibles ? », Silexicales 1, p. 101-110.

Fradin, Bernard. (2003). Nouvelles approches en morphologie. Paris :
P.U.F.

Fradin, Bernard, Montermini, Fabio & Marc Plénat. (2009). «
Morphologie grammaticale et extragrammaticale » in Fradin et al.
(éds), Aperçus de morphologie du français. Saint-Denis :
Presses universitaires de Vincennes, p. 21-45.

Galisson, Robert. (1987). « Les dictionnaires de parodie comme moyens
de perfectionnement en langue française ». Études de
linguistique appliquées, 67, p. 57-118.

Grésillon, Almuth. (1984). La Règle et le monstre : le mot-valise.
Interrogations sur la langue, à partir d'un corpus de Heinrich
Heine. Tübingen : Niemeyer.

Léturgie, Arnaud. (2012). « Are dictionaries of lexical blends
efficient Learners' dictionaries? » in Vadvedt Fjeld & Torjusen
(éds), Proceedings of the XV Euralex International Congress. Oslo :
University of Oslo, p. 619-625.

Renner, Vincent, Maniez, François & Pierre J. L. Arnaud. (2012). «
Introduction: A bird's-eye view of lexical blending 
<http://www.degruyter.com/view/books/9783110289572/9783110289572.1/97831\
10289572.1.xml> » in Renner & al. (éds), Cross-disciplinary
perspectives on lexical blending, Berlin : de Gruyter Mouton.

Sablayrolles, Jean-François. (2000). La néologie en français
contemporain. Examen du concept et analyse de productions néologiques
récentes. Paris : Champion.

Sablayrolles, Jean-François. (2003). « Le sentiment néologique
» in Sablayrolles (éd.), L'innovation lexicale, actes du
colloque de février 2001 à Limoges. Paris : Champion.

Vorger, Camille. (2011). Poétique du slam : de la scène à
l'école. Néologie, néostyle, et créativité lexicale.
Thèse de doctorat. Université Stendhal Grenoble 3.



RÉSUMÉS DES COMMUNICATIONS



Les mots-valises: jeux et enjeux, Bernard Fradin

Cette présentation s'efforcera de mettre au clair les
caractères principaux des mots-valises notamment au regard des
procédés morphologiques plus standard ou plus centraux de la
grammaire. Il montrera en quoi les questions que pose leur description 
concernent de manière centrale la description morphologique et plus
largement linguistique. Divers traitements des mots-valises seront
discutés et des critères seront donnés, permettant de
distinguer les mots-valises d'autres phénomènes avec lesquels
ils sont souvent confondus.





Néologie et amalgamation lexicale, Arnaud Léturgie

Il est assez surprenant que l'amalgamation lexicale n'ait
suscité que de rares travaux des lexicologues s'intéressant
à la néologie. C'est tout au moins le constat qui se dresse
lorsqu'on tente d'inventorier les commentaires sur les relations
entre néologie et amalgamation lexicale dans la littérature
scientifique.

Les raisons de ce manque d'intérêt sont multiples (matrices
lexicogéniques plus fréquentes, problème de définition de la
notion de « mot-valise », ludicité du procédé regardée
comme objet non scientifique, etc.). Pourtant, force est de constater
que les amalgames lexicaux jouissent d'une popularité qui ne
décroît pas. Si, dans les années 1980, la publicité en usait
et en abusait, d'autres media recourent aujourd'hui à ce
procédé. Ainsi, Vorger (2011) a démontré le recours
fréquent aux mots-valises dans le slam, Cook (2012) recense un nombre
important d'amalgames lexicaux anglais sur le réseau social
Twitter, enfin, Humbley (à paraître) signale l'engouement des
« organismes administratifs ou associatifs et les entreprises, qui
[créent les mots-valises] dans le cadre de leur politique de
communication. » Cette communication offre l'occasion
d'établir un bilan d'un certain nombre d'études existantes,
tout en se projetant vers l'avenir en prospectant pour que
d'autres analyses soient réalisées.





Amalgamation lexicale, néologie et ludicité, Vincent Renner

Cette communication traitera du caractère intrinsèquement ludique
du procédé morpho-phonologique d'amalgamation lexicale et,
à travers des exemples pris à des langues variées, elle tentera
de dégager une typologie des critères qui permettent
d'identifier des formes et des degrés divers de ludicité,
parmi lesquels on peut citer :

– la complexité formelle (ex. : hébr. mod. pomelít <
poméla + Ê"eškolít ; hong. citrancs < citrom + narancs
`orange' ; basq. sagardo < sagar + ardo ; esp. dedocracia < a
dedo + democracia ; angl. humongous < huge + monstrous ; all. Ostalgie <
Osten + Nostalgie ; angl. turducken < turkey + duck + chicken) ;

– la transgression des contraintes de structure (ex. : gr. mod.
mbatáta < malakía + patáta ; pleurire < pleurer + rire ;
cadonner < cadeau + donner ; gazinière < gaz + cuisinière ; angl.
planetesimal < planet + infinitesimal ; angl. Brangelina < Brad (Pitt) +
Angelina (Jolie)) ;

– le jeu de mots graphique (ex. : angl. pharming < pharmaceutical +
farming ; serb. nagRADIO < nagradio + radio ; pol. ban(knoty) < banknoty
+ knoty ; all. ANL€GER < Anleger + €) ;

– le jeu de mots antonymique (ex. : pantacourt < pantalon + court ;
esp. dictablanda < dictadura + blanda).



Anthropole, Unithèque et autres mots composites dans l'espace
urbain et universitaire : l'exemple de Lausanne, Camille Vorger

Nos précédentes études (2011, 2012) nous ont conduite à
analyser un double corpus de néologismes issus de textes de slam et
d'un espace épitextuel et péritextuel autour de ce mouvement
émergent. Nous avons pu montrer qu'il s'agissait d'un
espace hautement néologène, et que la matrice morphologique, ainsi
que celle que nous nommons « phraséologique », était
prégnante parmi les matrices lexicogéniques. Cette étude
posait, entre autres, la question du code dans lequel ces néologismes
étaient diffusés, plutôt oral s'agissant des textes de
slam, et écrit pour le paratexte. Dans la lignée de ces analyses,
nous aborderons la question du « mot-valise » - ou « mot
composite » tel que nous proposons de le qualifier - au sein d'un
espace autre, dont le code qui en le vecteur principal  de diffusion
nous semble, a priori, être l'écrit. En effet, l'espace
urbain et universitaire est d'abord constitué des panneaux de
signalisation correspondants, même si la diffusion peut se faire dans
le discours oral le cas échéant. Si l'on admet que Lausanne
offre un espace riche en matière de créativité lexicale, il
reste à se demander quelles en sont les formes et procédés,
quels sont les principaux facteurs et fonctions primordiales de la
néologie dans ce contexte et quel est le devenir de ces mots-valises
proliférants. A travers un corpus d'exemples issus de
l'espace universitaire (bâtiment « Anthropole », journal
« Uniscope », carte « Unicard », etc
), de l'espace
urbain (« Empoubellissons notre ville ») et publicitaire («
Nespresso »), nous analyserons les modes de formation en jeu, mais
aussi les fonctions et les facteurs favorisant les créations
lexicales de ce type.



La transparence morphosémantique d'amalgames lexicaux allemands,
français et perses : considérations fonctionnelles, Elke
Ronneberger-Sibold

Ma communication porte sur la transparence morphosémantique de trois
corpus d'amalgames, à savoir français (Grésillon 1984),
allemands et perses (Ronneberger-Sibold 2012), analysée par le biais
d'une typologie de techniques créatrices (Ronneberger-Sibold
2006), qui sera  expliquée dans la communication. L'idée
centrale est que la création d'amalgames sert à produire des
néologismes dont la  transparence morphosémantique est finement
dégradée, mais toujours réduite par rapport aux formations ou
périphrases régulières équivalentes. Le champ
d'application de cette forme de créativité lexicale ne se
borne pas à la communication clandestine : entre autres, il comprend
aussi  la satire littéraire ou journalistique et les noms propres de
marchandises et entreprises, ces derniers étant particulièrement
favorables à la transparence réduite pour des raisons
sémiotiques. En effet, l'étude montre que dans les trois langues
examinées, en dépit de différences structurales importantes,
les amalgames servant de noms propres sont beaucoup moins transparents
que les créations littéraires. Ceci montre que le manque de
transparence n'est pas un « défaut » des amalgames, mais,
au contraire, un avantage fonctionnel, employé de façon
délibérée dans la création lexicale.

Bibliographie

Grésillon, Almuth. 1984. La règle et le monstre: le mot-valise.
Interrogations sur la langue, à partir  d'un corpus de Heinrich
Heine. Tübingen : Niemeyer.

Ronneberger-Sibold, Elke. 2006. « Lexical blends: functionally tuning
the transparency of words ». Folia Linguistica 40. 155-181.

Ronneberger-Sibold, Elke. 2012. « Blending between grammar and
universal cognitive principles: Evidence from German, Farsi, and Chinese
». In: Vincent Renner, François Maniez and Pierre J. L. Arnaud
(eds.), Cross-Disciplinary Perspectives on Lexical Blending, 115-143.
Berlin/Boston: Mouton de Gruyter.




Mots-valises : quand les segments communs se font la malle
, Julie
Makri-Morel

Bien que cela ne soit pas unanimement admis, le mot-valise, pour être
considéré comme tel, doit présenter une caractéristique
phonologique spécifique : la présence d'au moins un
élément commun à la jointure des deux bases qui forment la
nouvelle unité.

Nos recherches en néologie lexicale nous ont permis d'observer
que ce type de procédé de création devient source de confusion
lorsque cette caractéristique n'est pas prise en compte. Afin de
clairement distinguer la « mot-valisation » d'autres
procédés de créations lexicales proches auxquels elle est
parfois "amalgamée" (tels que l'haplologie, la composition
populaire, la compocation, ou encore l'acronymie), nous nous
proposons de nous arrêter d'abord sur la définition du
mot-valise en faisant un rapide survol des différents points de vue
rencontrés et en nous focalisant sur les raisons qui motivent cette
confusion.

Afin d'approfondir notre étude sur le concept de mot-valise, nous
nous attarderons ensuite sur une de ses caractéristiques
intrinsèques : le segment commun. Nous tenterons alors de faire un
tour d'horizon des différentes possibilités de création
à partir d'exemples tirés notamment de la presse écrite
espagnole. En néologie, cela se traduit de différentes façons :
soit l'élément commun est un simple phonème (democradura <
democracia + dictadura), soit le segment est plus long (musicasete <
música + casete), soit plusieurs segments se superposent (glocal <
global + local). Nous verrons que, paradoxalement, plus le nombre
d'éléments communs est grand, plus l'interprétation du
mot-valise en devient complexe.

Brève bibliographie

CORBIN D. & PLÉNAT M. (1992), Note sur l'haplologie des mots
construits, Langue française n°96, Paris : Armand Colin,
p.101-112.

CUSIN-BERCHE F. (1999), Le lexique en mouvement : création lexicale
et production sémantique, Langages n°136, Paris : Armand Colin,
p.05-26.

GRÉSILLON A. (1984), La Règle et le monstre : le mot-valise.
Interrogations sur la langue, à partir d'un corpus de Heinrich
Heine, Tübingen : Niemeyer.

LÉTURGIE A. (2012), Les dictionnaires détournés : analyses et
typologie, CINEO 2008, Actes du Ier Congrès International de
Néologie des langues romanes, Barcelone, 07-10 mai 2008.

RENNER V., MANIEZ F. & ARNAUD P. (2012), Cross-disciplinary perspectives
on lexical blending, Berlin : de Gruyter Mouton.


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