[parislinguists] Numéro spécial de Lexis

Aliyah MORGENSTERN aliyah.morgenstern@gmail.com [parislinguists] parislinguists-noreply at yahoogroupes.fr
Wed Jan 28 19:36:13 UTC 2015


Chers collègues,
Veuillez trouver ci-dessous une annonce de Laure Gardelle, MCF en linguistique anglaise à l'ENS Lyon.
Bien à vous,
Aliyah Morgenstern

De : Laure Gardelle <lgardelle at yahoo.fr>
Objet : CFP - La conceptualisation du nombre dans le lexique de l'anglais - Revue Lexis

La revue électronique Lexis - revue de lexicologie anglaise mettra en ligne son numéro 10 en 2016, dirigé par Laure Gardelle (ENS de Lyon). Celui-ci sera consacré à « laconceptualisation du nombre dans le lexique de l’anglais ».
 
Texte de présentation du numéro :
La conceptualisation du nombre dans le lexique de l’anglais
 
Le nombre, entendu ici au sens restreint d’opposition entre le « un » et le « plus d’un », est spontanément associé à une catégorie grammaticale, qui en anglais oppose singulier et pluriel. En effet, comme l’indiquent un certain nombre de cadres théoriques, le singulier a pour sens principal de référer à une entité, le pluriel à plus d’une [Corbett 2000 : 4] ; ainsi dans le couple magazine / magazines. Le pluriel est alors un trait qui se traduit en discours par une flexion ajoutée à une forme lexicale minimale ; il apporte à la dénotation une contribution distincte – à savoir l’idée de « plus d’un ».
Cependant, les concepts de « un » et de « plus d’un » transcendent les catégories grammaticales du singulier et du pluriel ; ce sont ces cas que le présent numéro se propose d’explorer, en s’interrogeant sur les modes de conceptualisation du « un » et du « plus d’un » véhiculés par le lexique. Les contributions pourront notamment porter sur les domaines suivants :
- les pluriels lexicaux : pour un certain nombre de noms exclusivement pluriels, ou pluralia tantum, il est impossible de diviser le sens en sens lexical + « plus d’un » ; ainsimeasles, qui ne dénote pas one measle + one measle [etc.] et qui, malgré le pluriel grammatical, désigne une seule maladie. Acquaviva [2008 : 79] conclut que le pluriel conceptualise le référent comme « non simple », mais que sa valeur sémantique pour un nom donné dépend de la manière dont le contenu lexical de ce nom définit le « un ». Il pourra être intéressant d’explorer plus avant les liens entre contenu lexical et contribution sémantique du nombre grammatical ; ces considérations invitent également des études comparables sur les indénombrables singuliers (singularia tantum).
- les noms collectifs, agrégats et autres noms de regroupement : la tradition linguistique isole les noms tels que family ou crockery, qui, même lorsqu’ils sont de nombre grammatical singulier, dénotent une pluralité d’éléments. Ces noms ont pour point commun de présenter un double niveau de conceptualisation : un tout composé d’unités multiples. Des études plus récentes montrent cependant la diversité des conceptualisations au sein de cet ensemble, qu’il pourra être intéressant d’explorer plus avant. Ainsi certains noms collectifs sont plus perméables que d’autres, au sens où ils transmettent plus facilement les attributs du tout aux éléments qui les composent ; a young pairimplique par exemple young people, tandis que a young organisation n’implique pas young members [Joosten et al. 2010]. Ou encore, certains noms collectifs regroupent les unités par proximité spatiale (ex. pile), d’autres par série temporelle (ex. succession), etc. [Arigne 2006, 2011]. L’étude des emplois métaphoriques de certains collectifs (ex.an army of business consultants) pourra elle aussi être intéressante. Pour le français, Flaux et Van de Velde [2010 : 60] montrent par exemple l’effet de sens quantitatif des noms collectifs ainsi employés en position déterminative, et une moindre sensibilité de la dénotation au pluriel grammatical, au sens où par exemple, un escadron d’élèvespeut indiquer la même quantité que des escadrons d’élèves. Le pluriel a alors un rôle avant tout emphatique.
- on pourra s’intéresser plus généralement aux noms de gauche de syntagmes en of (ex. a bit of) : Huddleston et Pullum [2002 : 349-350] montrent par exemple que dealimpose un nom de droite singulier, indénombrable (a great deal of work, vs. *a great deal of errors), tandis que amount ou quantity sont aujourd’hui compatibles avec un pluriel pour certains locuteurs. Il pourra être intéressant d’étudier la conceptualisation opérée par ces termes en lien avec le « un » et le « plus d’un ».
- le lien entre nombre grammatical et massification, abstraction : pour les noms d’agrégats, par exemple, un singulier désignant une pluralité peut avoir un effet massifiant, ainsi en français valetaille, ou un effet d’abstraction, hyperonymique, ainsi jewellery – que Wierzbicka [1988] nomme « supercatégorie collective ». On pense également à des syntagmes en discours, tels que all that succession and repetition of massed humanity. Ou encore, un pluriel morphologique ne garantit pas que l’entité dénotée par le nom puisse être dénombrée ; ainsi *he counted the furnishings [Acquaviva 2008 : 87]. En ce sens, la conceptualisation opérée par un tel nom procède là encore d’une opération d’abstraction.
- certains noms sont de forme invariable au singulier et au pluriel, parfois de manière systématique (ex. sheep), parfois seulement dans des contextes de chasse ou de conservation (ex. elephant) [Allan 1976], [Corbett 2000]. Il pourra être intéressant d’analyser le rapport entre absence de morphologie plurielle régulière et conceptualisation de l’animal, en lien avec la diversité des cas : Allan montre en effet que certains noms sont plus susceptibles que d’autres de ne pas prendre de -s final dans ces contextes (ex.hyena vs. teal).
- la place des préfixes dans la conceptualisation du nombre : Richet [2005] montre notamment que là où une langue peut envisager un élément sous l’angle du « plus d’un », via un multiplicateur (ex. quadruple croche), une autre peut en faire une fraction du « un » (ex. hemidemisemiquaver), ce qui interroge là encore sur les facteurs qui président à la conceptualisation de l’unité.
- les effets de recatégorisation : la perception d’un élément conduit parfois à un changement de comportement grammatical du nom qui le dénote ; ainsi avec les « pluriels d’unités » [Corbett 2000], par exemple coffees vs. (some) coffee. La sensibilité au nombre grammatical apparaît alors comme la conséquence du changement de conceptualisation de l’élément ; il pourra être intéressant d’en étudier les contours et les limites, dans la langue standard comme dans des emplois créatifs.
 
Bibliographie
Acquaviva, Paolo. Lexical Plurals : A Morphosyntactic Approach. Coll. Theoretical Linguistics. Oxford : Oxford UP, 2008.
Allan, Keith. Collectivizing. Archivum Linguisticum 7, 1976 : 99-117.
Arigne, Viviane. Les discrets collectifs face aux massifs: des modes de discrétisation du massif (version longue). In Jean-Claude Souesme (dir.), Le qualitatif, Cycnos 23:1, 2006. <http://revel.unice.fr/ >
Arigne, Viviane. La figure du tout intégré et les noms discrets collectifs. Anglophonia 30, 2011 : 59-99.
Corbett, Greville G. Number. Cambridge : Cambridge UP, 2000.
Flaux, Nelly & Danièle Van de Velde. Les noms en français: esquisse de classement. Paris : Ophrys, 2000.
Huddleston, Rodney & Geoffrey K. Pullum. The Cambridge Grammar of the English Language. Cambridge : Cambridge UP, 2002.
Joosten, Frank et al. Dutch Collective Nouns and Conceptual Profiling. Linguistics 45:1, 2007 : 85-132.
<http://eprints.soton.ac.uk/144837/1/Joosten,_De_Sutter,_Drieghe_et_al._(2007).pdf>
Richet, Bertrand. Des chiffres et des lettres : expression(s) du nombre en anglais contemporain. Cercles, 2005.
< http://www.cercles.com/occasional/ops2-2005/richet.pdf>
Wierzbicka, Anna. The Semantics of Grammar. Amsterdam : John Benjamins, 1988.
 
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Les articles peuvent être rédigés en français ou en anglais, et doivent comporter un résumé de 10 lignes maximum en français et en anglais, ainsi que quelques mots-clefs. Les abstracts doivent être envoyés au directeur de la publication (lexis at univ-lyon3.fr) sous forme de fichiers attachés (Word et pdf), et seront évalués par deux membres du comité scientifique international. Un article proposé pourra être refusé, accepté sous réserve de modifications, ou accepté tel quel. Le nombre de pages d’un article n’est pas limité.
 
 
 
Les abstracts et les articles sont à envoyer en version électronique à lexis at univ-lyon3.fr
 
• janvier 2015 : appel à contributions
 
• juin 2015: abstracts à envoyer à lexis
 
• septembre 2015 : avis aux auteurs
 
• novembre 2015 : réception des articles
 
• novembre et décembre 2015 : relecture des articles par les membres du Comité scientifique
 
• janvier et février 2016 : corrections par les auteurs
 
• mars 2016 : réception de la version définitive des articles.
 

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