36.3695, Confs: Colloque International "La Linguistique ‘Fonctionnelle’ Cent Ans après la Fondation du Cercle Linguistique de Prague" (Bulgaria)
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Mon Dec 1 14:05:02 UTC 2025
LINGUIST List: Vol-36-3695. Mon Dec 01 2025. ISSN: 1069 - 4875.
Subject: 36.3695, Confs: Colloque International "La Linguistique ‘Fonctionnelle’ Cent Ans après la Fondation du Cercle Linguistique de Prague" (Bulgaria)
Moderator: Steven Moran (linguist at linguistlist.org)
Managing Editor: Valeriia Vyshnevetska
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Editor for this issue: Valeriia Vyshnevetska <valeriia at linguistlist.org>
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Date: 28-Nov-2025
From: Malinka VELINOVA [m.velinova at uni-sofia.bg]
Subject: Colloque International "La Linguistique ‘Fonctionnelle’ Cent Ans après la Fondation du Cercle Linguistique de Prague"
Colloque International "La Linguistique ‘Fonctionnelle’ Cent Ans après
la Fondation du Cercle Linguistique de Prague"
Date: 19-Nov-2026 - 21-Nov-2026
Location: Sofia, Bulgaria
Contact: Ivaylo BUROV
Contact Email: clp2026sofia at yahoo.com
Meeting URL: https://sites.google.com/view/clp2026sofia
Linguistic Field(s): Historical Linguistics; History of Linguistics;
Ling & Literature; Phonology; Typology
Submission Deadline: 15-Apr-2026
In Honorem
L’année 2026 marque le 100e anniversaire de la fondation du Cercle
linguistique de Prague, dont les travaux, les théories et les concepts
ont laissé une empreinte profonde sur toute la linguistique moderne. À
cette occasion, le Département d’études romanes de l’Université de
Sofia « Saint Clément d’Ohrid », en partenariat avec l’Université
Masaryk (Brno), organise un colloque international consacré à
l’histoire de cette organisation informelle de chercheurs, mais aussi
à la notion pragoise de fonction et à ses implications pour les
théories linguistiques d’obédience fonctionnelle.
Propositions de Communication et Langues du Colloque
Le colloque est organisé sur le principe d’un appel à communications,
dont les réponses sont attendues avant le 15 avril 2026 aux adresses
suivantes : clp2026sofia at yahoo.com et iburov at uni-sofia.bg. Les
propositions de communication, contenant un titre, un résumé d’environ
500 mots et une bibliographie sélective (une quinzaine de références
au maximum), feront l’objet d’une évaluation de la part d’un comité
scientifique. Le résumé doit établir le lien avec le thème du
colloque, présenter les objectifs visés, l’approche théorique et la
méthodologie adoptées, orienter vers les hypothèses de travail et/ou
les résultats attendus. Les auteurs seront informés de l’acceptation
de leurs propositions de communication le 1er juin 2026 au plus tard.
Dans le respect de la tradition instaurée par les Pragois de rédiger
leurs textes fondateurs et programmatiques en français (cf. notamment
les Thèses de 1929 et le Projet d’une terminologie phonologique
standardisée de 1931) et de donner un nom français à leur tribune
officielle, les Travaux du CLP, la langue principale du colloque sera
le français. Seront acceptées toutefois des propositions de
communications présentées également en italien, en roumain (langues
enseignées dans le Département d’études romanes de l’Université de
Sofia) et en anglais.
Les communications auront une durée de 20 minutes et seront suivies de
10 minutes de discussion. Les conférences plénières auront une durée
de 45 minutes et seront suivies de 15 minutes de discussion.
Argumentaire:
Admirant le modèle du Cercle linguistique de Moscou (CLM) avec ses
activités, Vilém Mathesius (1882-1945), linguiste et historien de la
littérature, prend l’initiative, dès 1925, de fonder à Prague,
conjointement avec Bohumil Trnka (1895-1984), Roman Jakobson
(1896-1982) et Serge Karcevski (1884-1955), un groupe analogue
d’échange d’idées en matière de linguistique et de littérature. Réuni,
le 6 octobre 1926, pour sa première séance (Mathesius 1966 [1936] :
139-140, Battistella 2022 : 221-222), celui-ci se voit rapidement
rejoindre, à travers différentes formes de participation ou de
collaboration, par linguistes, littéraires et philosophes tchèques et
étrangers, parmi lesquels la figure la plus importante pour le
développement futur du groupe est certainement celle de Nikolaï
Troubetzkoy (1890-1938). La théorisation de nouveaux termes et
concepts, sa méthodologie rigoureuse et son approche inédite de la
langue feront du Cercle linguistique de Prague (CLP), pendant plus
d’une décennie, le foyer d’une véritable révolution en linguistique,
qui finira par imposer celle-ci comme une discipline pionnière et un
modèle à suivre pour les sciences humaines. D’autres associations
formelles ou informelles de linguistes vont se constituer par la
suite, en se réclamant d’une filiation avec le CLP, comme la Société
Genevoise de Linguistique (fondée en 1940) (Sechehaye 1941 : 175-176),
en contestant l’approche pragoise, comme le Cercle linguistique de
Copenhague (fondé en 1931), ou en suivant simplement la ‘mode’ des
‘cercles’ européens, tout en imitant le fonctionnement de sociétés
savantes plus anciennes, comme le Cercle linguistique de New York
(fondé en 1943), qui continue les activités suspendues sous
l’Occupation de la Société de linguistique de Paris (fondée en 1864)
(Testenoire 2023). Toujours est-il qu’aucune autre école de pensée
n’aura jamais un impact comparable à celui du CLP sur la théorie
linguistique moderne et le colloque prévu du 19 au 21 novembre 2026 à
l’Université de Sofia « Saint Clément d’Ohrid » se propose de lui
rendre hommage, notamment en ce qui concerne l’établissement du
paradigme structuraliste.
Vachek (1966 : 6-7) rappelle que l’approche pragoise se réclame non
seulement de l’épithète structuraliste (insistant sur la nécessité
d’aborder les faits de langue dans leur interdépendance mutuelle),
mais aussi de l’épithète fonctionnaliste (étant donné que chaque
élément de la langue est censé accomplir une certaine fonction). Les
Thèses de Prague, élaborées et présentées à l’occasion du Ier Congrès
international des slavistes, organisé en octobre 1929 dans la capitale
tchécoslovaque, promeuvent effectivement déjà une « [c]onception de la
langue comme système fonctionnel » (CLP 1929 : 7). Parmi les nombreux
concepts importants introduits par le CLP, les organisateurs du
présent colloque ont choisi en effet de rendre hommage surtout à celui
de fonction, en déroulant un fil rouge qui parcourt quatre de ses cinq
sections thématiques. Certes, l’importance de cette notion pour la
linguistique moderne ne saura être mise en valeur par la seule étude
de son acception pragoise, intimement liée aux recherches sur les
diverses fonctions de la langue et de ses éléments, raison pour
laquelle nous invitons à étudier ses développements structuralistes,
post-structuralistes et modernes qui lui réservent une place centrale
ou qui se réclament d’une approche fonctionnelle. Toutes les
approches, si diverses soient-elles, qui défendent une conception de
la langue comme système de communication dont la structure ou
l’évolution sont déterminées par ses fonctions (communicative,
expressive ou autre), qui expliquent les structures ou les processus
linguistiques par des principes fonctionnels ayant une validité en
dehors du langage, qui analysent le fonctionnement de la langue à
travers les interactions entre ses locuteurs ou avec son environnement
écologique ou socio-culturel, ou qui contestent les théories
fonctionnelles dans un cadre formel ou génératif, seront les
bienvenues.
Sections Thématiques:
1. Histoire du CLP et études épistémologiques de ses thèses et
concepts
Cette section thématique invite à l’étude historiographique des idées
du CLP et de ses membres individuels, à la recherche de ses
précurseurs ou continuateurs, à l’analyse des rapports de filiation ou
de contestation avec les autres théories structurales (européennes ou
étatsuniennes) de la première moitié du XXe siècle, ou à l’élucidation
des liens de la théorie pragoise avec les autres sciences humaines.
Forte de sa position géographique centrale en Europe et animée d’un
climat scientifique particulièrement propice dans les années
1920-1930, la ville de Prague a stimulé la rencontre de courants
linguistiques venus de l’est et de l’ouest avec une tradition tchèque
qui, en les personnes de Tomáš Masaryk (1850-1937) et Vilém Mathesius,
avait souligné, bien avant la fondation du CLP, l’importance d’une
description synchronique et fonctionnelle de la langue (Jakobson 1973
: 313, Fischer-Jørgensen 1975 : 19). Tout en affichant une certaine
continuité d’idées à la fois avec Ferdinand de Saussure (1857-1913) et
l’École de Kazan, les Pragois ont toujours été attentifs à marquer
leurs distances par rapport à ces deux sources d’inspiration
(Troubetzkoy 1949 [1939] : 4, Jakobson 1973 : 252-253, Jakobson 1976 :
55) et à souligner l’importance de l’apport tchèque pour l’élaboration
de la théorie pragoise (Vachek 1967 : 335, Fronek 1988 : 93), si bien
que les recherches qui explorent le transfert d’idées de Genève et de
la Russie vers Prague n’ont jamais cessé d’être un paradigme fécond
(cf. entre autres Caussat 1990, Coursil 1995, Gadet 1995, Bergounioux
2014). La langue comme système de relations syntagmatiques et
paradigmatiques, les implications des dichotomies langue/parole,
synchronie/diachronie, la théorie du phonème et du signe, le concept
d’opposition ont fait l’objet d’un développement pragois qui ne
saurait être séparé de ses sources chez Saussure, Jan Baudouin de
Courtenay (1845-1929) et Mikołaj Kruszewski (1851-1887), et nous
encourageons toute communication qui se propose de revoir ou
d’analyser sous un nouveau jour ces relations de filiation complexes.
Un paradigme largement méconnu de la linguistique tchèque de
l’entre-deux-guerres, qui se cristallise dans les activités du CLP,
concerne la dimension de la sociologie du langage, de l’élaboration et
de la planification de corpus de langues, motivée par la situation
multilingue de l’État tchécoslovaque (cf. Chloupek & Nekvapil, eds.,
1987). En marge des études historiographiques sur l’héritage pragois,
cette perspective de recherche est devenue aujourd’hui l’un de ses
plus beaux fleurons, notamment avec les efforts de Neustupný (1978)
pour asseoir la planification linguistique macro-sociétale sur une
théorie des problèmes langagiers, efforts qui ont finalement abouti à
la Language Management Theory (cf. Jernudd 1983, Neustupný & Nekvapil
2003, Nekvapil 2006).
Contrairement à ce qu’indique son nom, le CLP n’a pas limité son
intérêt à des problèmes strictement linguistiques. Des travaux de
poétique de Jakobson ont été discutés déjà au sein du CLM (Jakobson
1973 : 133-134), et Jan Mukařovský (1891-1975), qui était
fondamentalement esthéticien et théoricien de la littérature,
collaborait étroitement avec le chercheur russe pendant sa période
‘pragoise’ dans ses recherches sur la valeur esthétique du son,
assurant ainsi le « lien entre la linguistique pragoise et le
structuralisme littéraire tchèque au sens large » (Battistella 2022 :
240). Jakobson (1973 : 132) souligne d’ailleurs clairement
l’inspiration extralinguistique de la théorie structuraliste, en
l’associant principalement, mais non exclusivement, aux techniques
créatives et représentatives des « grand artistes nés dans les années
1880 », à savoir Picasso, Joyce, Braque, Stravinsky, Xlebnikov, Le
Corbusier. Toutes les communications qui se proposent d’explorer les
origines ou les activités non strictement linguistiques ou
interdisciplinaires du CLP seront donc accueillies avec intérêt.
Cette section encourage enfin les études de la collaboration entre les
membres du CLP à travers leurs échanges épistolaires. La
correspondance du début des années 1920 de Troubetzkoy avec Jakobson,
mais aussi avec Antoine Meillet (1866-1936) et Ivan Šišmanov
(1862-1928), révèle des moments encore largement inexplorés de sa
période ‘pré-phonologique’, et surtout de la période entre 1920 et
1922 où il enseignait à l’Université de Sofia en y donnant un cours
d’Introduction à la linguistique comparée avec un intérêt particulier
pour les principales langues indo-européennes (Jakobson 1985). Non
encore complètement émancipé de ses premiers travaux d’ethnographie et
de folklore, et marqué surtout pour son intérêt pour la reconstitution
du proto-slave et la linguistique comparée des langues slaves, cet
épisode de la carrière académique de Troubetzkoy invite naturellement
à y chercher les ébauches de ses idées qui l’illustreront, à partir de
la fin des années 1920, et surtout avec ses Grundzüge (1939)
posthumes, comme le père-fondateur de la phonologie moderne.
2. Fonction et fonctionnalisme en phonologie
Les travaux en phonologie du CLP sont indiscutablement ceux qui ont
fait la gloire du groupe et ont transformé ce nouveau champ de
recherche pour le début du XXe siècle en science-pilote pour les
autres sciences du langage, lesquelles ont progressivement reçu d’elle
non seulement des concepts heuristiques mais aussi une rigueur
méthodologique élaborée au fil des années 1930. Même si la mise en
place de la phonologie pragoise s’associe surtout aux noms de
Troubetzkoy et Jakobson, beaucoup d’autres membres du CLP ont écrit
eux aussi sur le phonème, les neutralisations et la nature des
oppositions phonémiques (cf. Havránek 1931, Vachek 1935, 1936, Trnka
1936, Novák 1939, Karcevski 1943) ; sans oublier le rôle de Mathesius
(1929) pour l’abandon de la conception psychologisante du phonème
héritée de Baudouin, et encore soutenue par Troubetzkoy à l’occasion
de son intervention en 1931 au IIe Congrès international de linguistes
à Genève, au profit d’une conception fonctionnelle qui fera la gloire
non seulement du CLP mais du fonctionnalisme européen en général.
Cette conception fonctionnelle du phonème s’est imposée par la mise au
premier plan de sa fonction distinctive, au détriment de sa fonction
constitutive ou identificationnelle, défendue par les Écoles de Moscou
et de Leningrad, qui en fait aussi une unité positive de constitution
des morphèmes. Loin d’être un simple débat d’écoles, cette question
s’ouvre naturellement sur la notion de pertinence communicative
(Martinet 1991 [1960] : 13). Réalisée à travers une pertinence
significative (grâce aux unités de la première articulation) et une
pertinence distinctive (assurée par les unités de la seconde
articulation), la pertinence communicative fait apparaître une
solidarité fonctionnelle entre monèmes et phonèmes. Il en est ainsi
car la fonction distinctive martinétienne ne se conçoit qu’à travers
la réalisation de la fonction significative, cette dernière ayant
besoin d’un support formel pour se réaliser (Feuillard 2001 : 9-10).
Cela touche, de son côté, à une question encore plus globale : celle
du rapport entre phonologie et morphologie, et plus généralement entre
son et sens, mais aussi celle de la manière dont les théories
linguistiques (structurales, génératives ou autres) modélisent ce
rapport, et de la manière dont l’analyse des (nouvelles) données
empiriques des diverses langues peut ultérieurement l’éclairer.
Les Pragois ont consacré l’indépendance de la phonologie par rapport à
la phonétique, sans toutefois nier les liens étroits qui les unissent.
L’idée même que le phonème est doté d’un contenu interne défini en
termes articulatoires ou acoustiques confère aux unités du signifiant
une vision plus substantialiste que celle de Saussure (Bergounioux
2014). Les travaux de Jakobson de fin de carrière envisagent la
phonologie comme une phonétique fonctionnelle, adoptant ainsi une
perspective qui est fondamentalement celle de Martinet : chez ce
dernier, des contraintes d’ordres articulatoires (propriétés de la
substance difficilement compatibles ou source d’une difficulté de
production) jouent en effet, à travers la notion d’inertie, un rôle
primordial pour le comportement des phonèmes et leur organisation en
système (cf. en particulier Martinet 1949). Il ne serait pas exagéré
de dire que c’est effectivement le CLP qui a ouvert le débat, toujours
d’actualité, sur l’interface phonétique/phonologie, sur la nécessité
d’une phonologie construite sur des bases phonétiques (Ohala 1983,
1990, Hayes, Kirchner & Steriade, eds., 2004, Burov 2018), sur les
processus de phonologisation ou d’émergence de forme à partir d’une
substance (Ohala 1973, 1993, Barnes 2002). Remontant aux travaux de
Jakobson et ses collaborateurs (Jakobson 1962 [1939], Jakobson & Lotz
1949, Jakobson, Fant & Halle 1952, Cherry & Halle & Jakobson 1953,
Jakobson & Halle 1956), l’idée que les segments possèdent un contenu
interne est liée au moins à deux questions importantes pour les cadres
modernes : les primitives phonologiques (traits, éléments, particules,
gestes) et les constituants (nœuds) qui les dominent doivent-ils être
définis uniquement sur la base de critères phonétiques ou (aussi) sur
la base de critères fonctionnels (possibilité d’un ensemble de
phonèmes de fonctionner comme une classe naturelle dans les processus
phonologiques) ; les inventaires doivent-ils contenir un nombre aussi
réduit que possible de primitives polyfonctionnels (comme le stipulent
les Théories des éléments) ou un nombre plutôt élevé de traits définis
de manière univoque au risque que cela engendre des redondances (cf.
entre autres Ladefoged 1989, Burov 2023) ?
3. La fonction à la jonction de la synchronie et de la diachronie
Dès les Thèses de 1929, les Pragois opèrent une synthèse originale des
approches synchronique et diachronique (p. 7-8). Celle-ci va à
l’encontre, d’une part, de la conception ‘atomique’ du changement
linguistique promue par les Néo-grammairiens par sa mise en rapport
avec l’évolution globale du système de la langue et avec les facteurs
(synchroniques) qui le motivent ; d’autre part, elle s’oppose à
Saussure et aux Genevois, accusés de privilégier trop l’analyse
synchronique. À la conception statique du système linguistique qui
transparaît du Cours de linguistique générale (Saussure 1931 [1916]),
les Pragois opposent en effet l’idée de synchronie dynamique, qui sera
élaborée dans les travaux de Jakobson (Gadet 1995) et surtout dans
ceux de Martinet (Babiniotis 2009). Il est possible de remonter cette
idée aux Programmes et travaux de Baudouin des années 1870, où le
linguiste polonais souligne la complémentarité de ce qui est statique
et changeant dans la langue (Baudouin de Courtenay 1972 [1871] : 71,
[1876-1877] : 92-95), mais aussi à ses travaux de fin de carrière, où
il traite de manière plus approfondie les problèmes de « stabilité
dynamique » (traits relativement stables qui se prêtent plus
difficilement à des changements diachroniques), d’une part, et les
transformations dynamiques (diachroniques) qui se profilent en
synchronie, d’autre part. Certes, cela ne revient pas à sous-estimer
le rôle d’un autre précurseur important du CLP, Tomáš Masaryk, avec sa
« vision structuraliste de la langue » basée sur une « conception
téléologique du fonctionnalisme linguistique », l’idée de « synchronie
dynamique » et le « rôle des sujets parlants pour le développement de
la langue et le changement linguistique » (Fronek 1988 : 93).
En effet, si la notion de fonction a un sens tout à fait univoque en
synchronie, où elle renvoie au rôle des unités dans le système de la
langue, en diachronie, elle ne saurait se comprendre que comme « ce
vers quoi tend la langue dans son ensemble » (Verleyen 2013 : 26).
Considérée dès les Thèses comme « un système de moyens d’expression
appropriés à un but » (CLP 1929 : 7), la langue est effectivement
abordée par les Pragois à travers une vision finaliste dans laquelle
elle est supposée poursuivre une certaine harmonie, stabilité, ou un
équilibre du système, la création de structures toujours plus
régulières et prévisibles, etc. Dans une telle vision téléologique,
cristallisée dans la correspondance de Troubetzkoy avec Jakobson de la
fin des années 1920, le changement diachronique ne peut être conçu que
comme une espèce d’homéostase : même si certains changements
pourraient être vus comme destructeurs, ils sont suivis par d’autres
dont la finalité est de rétablir un certain équilibre dans le système
(Verleyen 2013 : 7).
Cependant, si l’idée que le changement linguistique poursuit une
certaine finalité a été souvent dénoncée comme « antiscientifique »
(cf. en particulier Martinet 1955 : 18), ces points soulevés par les
Pragois ont été repris de manière heuristique à une époque moderne à
travers une approche qualifiable de fonctionnelle. Débarrassée de la
conception troubetzkoyenne et jakobsonienne de la langue comme une
totalité organique, celle-ci se propose d’expliquer le changement par
référence aux besoins communicatifs des locuteurs ou à des contraintes
fonctionnelles (cognitives, pragmatiques, mnémoniques, anatomiques,
physiques ou autres) qui déterminent leur comportement langagier. Par
exemple, si les voyelles tendent à être équidistantes dans l’espace
phonétique ou à y occuper certaines positions préférées qui favorisent
leur audibilité et distinctivité (Liljencrants & Lindblom 1972,
Lindblom 1986), ou si l’analogie tend à aboutir à des structures plus
régulières, plus prévisibles et facilement mémorisables (Albright
2008, Garrett 2008), peut-on conclure à l’existence de contraintes
synchroniques qui orientent l’évolution diachronique possible vers un
état final préféré plutôt que vers un autre (cf. notamment les «
contraintes fonctionnelles adaptatives » de Haspelmath 2019 ou les «
contraintes écologiques » de Maddieson 2006) ? Si ces contraintes sont
adaptatives, fonctionnelles et extralinguistiques en même temps,
s’expliquent-elles par le fait que la langue fonctionne elle-même
comme un système complexe adaptatif (Sinnemäki 2014 : 191, Patriarca,
Heinsalu & Léonard 2020 : 11, Burov 2021 : 68), étroitement imbriqué
dans son milieu éco-social et échangeant de manière fluide une énergie
avec des systèmes connexes : l’anatomie, le comportement et la
cognition de l’homme ? Dans quelle mesure les concepts de la Théorie
des systèmes complexes (cf. notamment Simon 1962, Auyang 1998, Gribbin
2004), en particulier celui d’attracteur, conçu « comme un ensemble
d’états vers lequel un système dynamique évolue de façon irréversible
en l’absence de perturbations » (Lacombe 2023 : 4), expliquent-ils les
contraintes synchroniques qui déterminent l’évolution des langues ?
Cette section thématique invite enfin à réfléchir sur les sources
diachroniques possibles de certaines structures ou distributions
synchroniques, et à voir dans quelle mesure la diachronie est
responsable de la haute fréquence ou de la rareté de certains éléments
et structures dans les langues du monde (cf. Harris 2008, Haspalmath
2019).
4. Théorie de la marque et bases fonctionnelles de l’opposition marqué
~ non marqué
L’invention de la notion de marque, attribuée parfois à Troubetzkoy,
se cristallise plutôt dans ses échanges épistolaires avec Jakobson du
début des années 1930 (Viel 1984 : 443-444, Gadet 1994). Plus
concrètement, Troubetzkoy s’interroge, dans une lettre du 31 juillet
1930 adressée à Jakobson, sur le rapport entre les deux termes d’une
opposition privative. Il y propose à ce sujet le terme признак
/priznak/ ‘trait, propriété’ (qui sera ultérieurement traduit en
français par ‘marque’), et dans sa réponse du 26 novembre cette même
année son compatriote avance les néologismes adjectivaux признаковый
/priznakovɨ/ (‘marqué’ ou litt. ‘pourvu d’un trait’) et беспризнаковый
/bespriznakovɨ/ (‘non marqué’ ou litt. ‘dépourvu d’un trait’)
(Jakobson 1985 : 162-163, Gadet 1994 : 87). Conformément à
l’étymologie russe du mot, le terme marqué d’une opposition privative
est considéré par Troubetzkoy (1931) comme articulatoirement plus
complexe que sa contrepartie non marquée, parce que produit avec un
geste articulatoire supplémentaire (auquel correspond un trait
particulier), absent du terme non marqué (thèse relayée par Vachek
1936). Les réflexions sur la marque seront développées surtout par
Jakobson, qui la mettra en rapport avec l’acquisition, la dégradation
et la diffusion typologique des systèmes phonologiques. Ces
développements permettront, à partir de Jakobson (1932), d’étendre
progressivement ce concept, strictement phonologique à l’origine, à
d’autres sciences du langage, et aboutiront finalement à toute une
Théorie de la marque (cf. entre autres Chomsky & Halle 1968, Kean
1980, Greenberg 1987, Battistella 1990, Andrews 1990, Bybee 2011).
Confondue dès son origine avec l’opposition simple ~ complexe (à cause
du contenu intrinsèque plus complexe qu’est censé présenter le terme
marqué par rapport au terme non marqué), cette opposition a été
progressivement inscrite dans une série de dichotomies : naturel ~ non
naturel, prototypique ~ non prototypique, universel ~ marginal,
fondamental ~ secondaire, primitif ~ dérivé, régulier ~ irrégulier,
iconique ~ arbitraire, etc. Seront particulièrement appréciées toutes
les communications qui se proposent de discuter, de questionner ou
d’enrichir ces dichotomies, de mettre en rapport la marque avec
d’autres concepts ou de chercher des bases fonctionnelles pour
l’opposition marqué ~ non marqué. Il a été soutenu, en particulier,
que le rapport entre marque et complexité est beaucoup moins univoque
qu’il ne paraît, et que si le terme marqué tend à être
syntagmatiquement plus complexe, il tend en même temps à être
paradigmatiquement plus simple (Moravcsik 2013 : 173). Complexité et
marque ont été considérées aussi comme étant dans un rapport de
général à particulier, la marque correspondant à ce qui, dans la
Théorie des systèmes complexes, s’analyse comme une complexité
fonctionnelle : fonctionnement contraint d’une unité, d’une structure
ou d’un ensemble de structures formant un sous-système linguistique
(Burov 2019, à paraître).
Cette section offre enfin l’occasion de s’interroger sur les bases
fonctionnelles possibles des oppositions entre termes marqués et non
marqués. Si les oppositions singulier ~ pluriel, voix active ~ voix
passive, phrase affirmative ~ phrase interrogative/négative, etc.
s’interprètent effectivement à travers cette dichotomie, la tendance
des termes non marqués à être syntagmatiquement plus brefs
favorise-t-elle leur majeure fréquence d’usage ou en est la
conséquence ? Si les formes utilisées plus souvent se prêtent mieux à
la réduction à cause de leur majeure prévisibilité et de l’effet de
l’érosion phonétique (Haspelmath 2008b), est-ce parce que les
situations conceptuelles plus fréquentes sont plus faciles à
reconnaître et leur marquage ultérieur est inutile (Cristofaro 2010) ?
La récupérabilité de l’information dans des conditions qui facilitent
au maximum la production permet ainsi de respecter le principe
fonctionnel de l’économie qui n’est pas strictement linguistique mais
sous-tend l’activité humaine en général (cf. aussi Haiman 1985).
5. Typologie linguistique et approche fonctionnelle des universaux du
langage
Les travaux de Mathesius sur le tchèque, l’anglais et l’allemand,
menés souvent dans une perspective contrastive, le conduisent à
souligner l’intérêt d’une comparaison synchronique de langues
génétiquement non apparentées. Il développe ainsi sa caractérologie
linguistique, censée étudier uniquement les « traits fondamentaux des
langues » (Mathesius 1964 [1928]), étape importante d’une longue
évolution qui fera comprendre aux linguistes de la seconde moitié du
XXe siècle que la mise en place d’une méthode comparative à grande
échelle est la seule voie susceptible d’aboutir à des taxonomies
générales des ressemblances entre les langues. Située dans le sillage
de Wilhelm von Humboldt (1767-1835), Georg von der Gabelentz
(1840-1893), Franz Finck (1867-1910) et d’autres précurseurs de la
typologie linguistique, la caractérologie de Mathesius exercera une
influence profonde sur les travaux de typologie d’un autre membre du
CLP, Vladimír Skalička (1909-1991) (cf. Skalička 1935, 1979).
La recherche de lois phonologiques générales et d’une typologie
universelle des oppositions distinctives a marqué profondément la
carrière de Troubetzkoy à partir de la fin des années 1920. Non
seulement les Grundzüge (1939), mais aussi Troubetzkoy (1929, 1931),
discutent des propriétés structurelles universelles des systèmes
consonantiques et vocaliques, ainsi que les paramètres de la variation
observée à travers des exemples d’un grand nombre de langues. Mais
l’orientation universaliste de la phonologie pragoise sera parachevée
par Jakobson dont les recherches sur le langage enfantin et l’aphasie
(Jakobson 1949 [1939], 1941) portent à la découverte de tendances
universelles qui régissent la typologie des systèmes phonologiques, et
à la conclusion que la diversité apparente des traits distinctifs
n’est pas illimitée (Jakobson, Fant & Halle 1952, Jakobson & Halle
1956). Les combinaisons de ces traits – universels, binaires et en
nombre fini – sont censées rendre compte de la composition de tous les
systèmes phonémiques.
Les recherches de Jakobson, comme le souligne Körtvélyessy (2017 :
101), ont inspiré aussi bien l’approche typologique, empirique,
fonctionnelle et inductive des universaux, inscrite dans le sillage de
Greenberg (cf. entre autres Greenberg, ed. 1963, 1975, Greenberg,
Ferguson & Moravcsik, eds., 1978, Comrie 1989, Bybee 2006, Haspelmath
2008a, b, 2019, Cristofaro 2010, Moravcsik 2010, 2013), que l’approche
générative et déductive chomskyenne (cf. entre autres Chomsky 1965,
1968, Bach & Harms, eds., 1968, Boeckx 2006). Plus concrètement,
Greenberg reprendra à Jakobson l’idée d’universaux implicationnels
ainsi que la notion pragoise de marque, en les étendant aux domaines
morphosyntaxique et lexical (cf. Greenberg 1963, 1987). Chomsky, lui,
s’inspirera des idées du linguiste russe sur l’acquisition des
systèmes phonémiques pour défendre l’innéité des universaux, tout en
développant sa propre théorie binariste des traits (Chomsky & Halle
1968).
Cette section thématique invite à enrichir le débat sur les universaux
du langage/universaux linguistiques entre typologues
(fonctionnalistes) et générativistes (Cooreman & Goyvaerts 1980, Burov
2020) de nouveaux arguments à l’appui de chacune des deux approches, à
justifier ou à questionner le recours à des principes fonctionnels
(économie, expressivité, iconicité/transpa-rence,
automatisation/routinisation, etc.) pour expliquer la large diffusion
ou la rareté d’éléments, de structures ou de processus linguistiques à
une échelle globale (Haiman 1985, Bybee 2006, 2010, Moravcsik 2013), à
étudier la part du locuteur et de l’auditeur pour le changement
linguistique et l’émergence des patrons (trans)linguistiques (Ohala
1973, 1993), à mettre en rapport la structure d’une communauté
parlante, les besoins communicatifs de ses membres et la fonction
(identitaire, véhiculaire, communicative) de leur langue avec ses
propriétés structurelles internes (Kusters 2003, Nettle 2012).
L’ensemble de ces thématiques, avec les paradigmes de recherche
qu’elles évoquent, permettent d’espérer que ce colloque pourra
effectivement honorer le centenaire de la fondation du CLP, en
stimulant à la fois des études historiographiques et une mise en
perspective moderne d’un de ses concepts-clés, celui de fonction, à
travers ses nombreuses implications pour les théories linguistiques
d’obédience fonctionnelle.
Bibliographie sélective:
https://sites.google.com/view/clp2026sofia/argumentaire/argumentaire?authuser=0
Conferenciers Pleniers:
Gabriel BERGOUNIOUX (Université d’Orléans), Joaquim Brandão de
CARVALHO (Université Paris 8), Sonia CRISTOFARO (Sorbonne Université),
Martin HASPELMATH (Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology,
Leipzig), Ondřej PESEK (Université de Bohême du Sud, České Budějovice
& Pražský lingvistický kroužek)
Comite Scientifique:
Aleksandra BAGASHEVA (Sofia University), Gabriel BERGOUNIOUX
(Université d’Orléans), Walter BISANG (Johannes Gutenberg-Universität
Mainz), Ivo BUZEK (Université Masaryk), Joaquim Brandão de CARVALHO
(Université Paris 8), Greville CORBETT (University of Surrey), Denis
CREISSELS (Université Lumière Lyon 2), Sonia CRISTOFARO (Sorbonne
Université), Christophe Gérard CUSIMANO (Université Masaryk & Pražský
lingvistický kroužek), Rea DELVEROUDI (National and Kapodistrian
University of Athens), Snezhina DIMITROVA (Sofia University), Benjamin
FAGARD (Centre d’analyse et de mathématique sociales, CNRS & EHESS),
Giuliana FIORENTINO (Università del Molise), Jacques FRANÇOIS
(Université de Caen Normandie), Olga GALATANU (Université de Nantes),
Martin HASPELMATH (Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology,
Leipzig), Adèle JATTEAU (Université de Lille), Gueorgui JETCHEV
(Université de Sofia), Pierre LARRIVEE (Université de Caen Normandie),
Jean Léo LEONARD (Université Paul-Valéry Montpellier 3), Ksenija
LEONARD (Université Paul-Valéry Montpellier 3), Carmen MÎRZEA VASILE
(Institut de linguistique de l’Académie roumaine « Iorgu Iordan –
Alexandru Rosetti » & Universitatea din Bucureşti), Katerina
NICOLAIDIS (Aristotle University of Thessaloniki), Ondřej PESEK
(Université de Bohême du Sud, České Budějovice & Pražský lingvistický
kroužek), Daniel PETIT (École Normale Supérieure & École Pratique des
Hautes Etudes, Paris), Anna POMPEI (Università Roma 3), Angela RALLI
(University of Patras), Anthi REVITHIADOU (Aristotle University of
Thessaloniki), Patrick SAUZET (Université Toulouse – Jean Jaurès),
Kaius SINNEMÄKI (University of Helsinki), Rosanna SORNICOLA
(Università di Napoli), Pierre-Yves TESTENOIRE (Université Sorbonne
Nouvelle), Assen TCHAOUCHEV (Université de Sofia), Nina TOPINTZI
(Aristotle University of Thessaloniki), Marina TZAKOSTA (University of
Crete), Alain VIAUT (CNRS), Rodica ZAFIU (Institut de linguistique de
l’Académie roumaine « Iorgu Iordan – Alexandru Rosetti » &
Universitatea din Bucureşti)
Inscription au Colloque:
Les frais d’inscription s’élèvent à 110 euros et leur paiement pourra
s’effectuer du 1er juillet au 1er octobre 2026 par virement sur un
compte bancaire qui sera communiqué ultérieurement aux participants
retenus. Sont dispensés de frais d’inscription les membres des comités
scientifique et d’organisation, ainsi que les enseignants, les
chercheurs et les doctorants de l’Université de Sofia. Les
communicants de l’Université Masaryk, non-membres des deux comités,
ainsi que les doctorants d’autres universités, bénéficieront d’un
tarif réduit de 60 euros.
Publication Des Actes:
Les participants auront la possibilité de publier leurs textes dans
les Actes du colloque, dont la parution est prévue pour 2028 (à
préciser ultérieurement si dans un volume collectif ou dans un numéro
thématique d’une revue de linguistique). Les articles soumis feront
l’objet d’une évaluation et d’un tri sélectif de la part du comité
scientifique en fonction d’un certain nombre de critères : originalité
de l’approche, des faits présentés et de la problématique traitée,
insertion dans le thème du colloque, pertinence des thèses et des
arguments, clarté de l’exposé et du langage utilisé, etc. Les
articles, conformes à la feuille de style qui sera communiquée
ultérieurement, doivent contenir entre 30000 et 45000 caractères
(bibliographie, notes et espaces compris) et être envoyés aux adresses
clp2026sofia at yahoo.com et iburov at uni-sofia.bg pour le 31 mars 2027.
Calendrier et Dates Importantes :
Date limite d’envoi des propositions de communication : le 15 avril
2026
Réponse du comité d’organisation : le 1er juin 2026 au plus tard
Inscription au colloque : du 1er juillet au 1er octobre 2026
Programme préliminaire : le 5 octobre 2026
Programme final : le 1er novembre 2026 au plus tard
Déroulement du colloque : les 19, 20 et 21 novembre 2026
Date limite d’envoi des articles pour la publication des Actes : le 31
mars 2027
Comite d’organisation:
Ivaylo BUROV (Université de Sofia), Elena DINEVA (Université de
Sofia), Vittorio GANFI (Université de Bergame), Milena MILENOVA
(Université de Sofia), Alena PODHORNA-POLICKA (Université Masaryk),
Diana VARGOLOMOVA (Université de Sofia), Malinka VELINOVA (Université
de Sofia)
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LINGUIST List: Vol-36-3695
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