Soutenance HDR : Plurilinguisme et altérité. Fra nçais,école, politiques linguistiques-éducativ es
Clara Romero
ulysse21fr at YAHOO.FR
Thu Nov 30 09:21:04 UTC 2006
De: "Marie-Madeleine Bertucci" <Marie-Madeleine.BERTUCCI at wanadoo.fr>
Soutenance d'Habilitation à diriger des recherches de Marie-Madeleine Dautriat-Bertucci
le jeudi 7 décembre à 14h 30 dans la salle 310 à l'Université François Rabelais de Tours :
Sujet :
Plurilinguisme et altérité. Français,école, politiques linguistiques-éducatives
Jury
Jacqueline Billiez Université Stendhal-Grenoble 3
Véronique Castellotti Université de Tours
Jean-Louis Chiss Université Paris 3
Françoise Gadet Université Paris X
Didier de Robillard (dir.) Université de Tours
Résumé du document de synthèse présenté pour l’Habilitation à diriger des recherches le 7 décembre 2006 à l’Université François Rabelais de Tours.
Les thèmes du plurilinguisme et de l’altérité me permettent de fédérer mes recherches dans le cadre du travail réflexif que constitue la rédaction d’une habilitation. Ainsi ma thèse soutenue en 1995, dont le titre était Contribution à une étude des dysfonctionnements linguistiques chez les élèves créoles de La Réunion, abordait la question du plurilinguisme et de la diglossie français-créole. Elle construisait, à travers l’étude de la situation linguistique à La Réunion et de l’apprentissage du français par les élèves créoles, une figure de l’altérité, en mettant en avant la relation aux langues de ces élèves, comme élément constitutif d’une identité plurilingue. Cette approche, croisée avec une étude du milieu socioculturel des élèves, permettait de dessiner les formes de leur intégration scolaire et sociale à travers leur relation au français, langue de scolarisation, et plus généralement au savoir et à l’école. Elle se concluait sur la nécessité d’instaurer une écodidactique, fondée sur la compréhension de l’élève, de son milieu et sur la reconnaissance de son identité. Elle mettait en avant l’idée que devaient être ménagées des voies d’accès différenciées au savoir et entamait une réflexion sur la fonction intégrative du français, l’appropriation réussie d’une langue autre et complémentaire du créole, donnant à l’élève la possibilité de construire une relation positive à lui-même et à autrui.
Mes travaux ultérieurs ont amplifié et prolongé les pistes de réflexion contenues dans ma thèse, avec une analyse didactique plus nettement orientée vers la sociolinguistique, l’effet de loupe de la situation réunionnaise m’ayant servi à construire mon analyse de la situation dans l’hexagone et au-delà dans le monde francophone. La notion de plurilinguisme est restée centrale. Elle a été approfondie par une extension de l’approche aux problèmes posés par la variation, à travers un intérêt porté aux français non standard, au français populaire et ou des banlieues, aux parlers jeunes et aux français non hexagonaux dans le cadre de la francophonie. Deux grands axes ont structuré mes recherches depuis 1995. J’ai abordé d’une part la question de l’école et de l’apprentissage du français à la périphérie des villes, dans les situations de banlieues notamment. Je me suis intéressée d’autre part à la perception de la diversité linguistique dans le contexte scolaire, particulièrement dans les programmes de l’école et du collège. Cette étude a orienté les recherches menées dans le domaine des politiques linguistiques-éducatives, avec une attention particulière pour les situations de mobilité et le statut des élèves migrants en milieu scolaire ordinaire. Ces éléments, en apparence distincts sont étroitement solidaires. Leur mise en relation permet de dessiner les contours de l’altérité en termes linguistiques et de faire apparaître ses rapports avec le plurilinguisme. Cette altérité linguistique s’inscrit dans le cadre d’une écologie des langues. Celle-ci rend compte de l’amplitude de la diversité linguistique et de l’intimité des liens qui unissent les faits de variation, au-delà des oppositions apparentes formulées soit en termes d’espace : opposition centre / périphérie, soit en termes de normes : opposition standard / non standard. Ce sont ces questions que le travail conduit à l’occasion de l’habilitation cherche à mieux problématiser et à orienter vers de nouvelles perspectives.
Le premier chapitre intitulé Itinéraire retrace dans une perspective réflexive mon parcours de recherche de ma thèse en 1995 à l’année 2006, année consacrée à la préparation de l’Habilitation à diriger des recherches en Sciences du langage. Les trois chapitres suivants constituent une tentative de lecture de mes recherches à la lumière de deux thèmes fédérateurs : le plurilinguisme et l’altérité sur les terrains du français, de l’école, des politiques linguistiques et éducatives.
Ces notions font la synthèse de terrains apparemment disjoints dans mon travail, mes travaux sur la situation linguistique des élèves créoles de La Réunion, mes recherches sur le traitement de la diversité linguistique dans les programmes de français, sur les identités plurilingues des migrants ou sur les situations de banlieues. Elles sont organisatrices sur deux points. D’abord, elles me permettent d’aborder le plurilinguisme d’un double point de vue didactique et sociolinguistique, qui autorise l’élaboration d’une synthèse et la construction de liens et de rapprochements. Ensuite, elles me donnent la possibilité de croiser l’analyse des faits linguistiques avec la problématique de l’altérité et de mettre en lumière des stratégies de minorisation, qui s’exercent sur certains groupes par le biais des situations linguistiques. Je me pencherai plus particulièrement sur le cas des locuteurs ayant traversé des situations de mobilité. Analyser le plurilinguisme dans le contexte monolingue français, c’est contribuer, d’une certaine façon, à interroger le statut de l’altérité dans la société française contemporaine, le fonctionnement des langues en tant que constructions sociales, leur statut, leur légitimité. Par là même, j’aborderai les enjeux du plurilinguisme dans une double direction, en termes d’intégration des migrants, notamment dans le cadre scolaire, et dans une perspective plus générale en réfléchissant aux modalités « d’éveil aux langues », et à la mise en place de compétences plurilingues chez les locuteurs. La variation sera également centrale dans ce travail, dans la mesure où elle m’amènera à aborder le statut du français standard, ses liens avec « les parlers jeunes et ou de banlieues » et avec les français non hexagonaux. Fédératrice, la variation conduira à établir un lien avec les situations de banlieues, qui tiennent une place importante dans ma recherche et à voir en quoi ces notions participent à l’élaboration d’une représentation de l’altérité.
Ces chapitres sont donc l’occasion d’un retour sur les recherches effectuées et l’occasion de les mettre en perspective en les réactualisant. Cette réactualisation est rendue nécessaire par mon évolution personnelle. J’ai moi-même parfois changé dans mes conceptions et mes analyses par rapport à des travaux plus anciens. Les avancées de la recherche, des publications récentes d’autres chercheurs me conduisent en outre à une relecture de mon travail en fonction de ces éclairages nouveaux.
Enfin dans un dernier chapitre, je propose des orientations de recherche en essayant de montrer comment inscrites dans une continuité, elles sont des prolongements de ce que j’ai déjà réalisé. Si elles se situent dans une continuité, elles tendent aussi à un élargissement de mes travaux, dans la mesure où elles visent à développer des synergies avec d’autres chercheurs.
Ces orientations de recherche se développent dans trois directions, les politiques linguistiques et l’enseignement du français dans le cadre de la francophonie et leurs liens avec la diversité des situations linguistiques ; la question de la maîtrise et de l’enseignement de la langue dans le premier et le second degré en France et la valorisation du plurilinguisme ; l’étude du récit de vie destinée à mettre en lumière les traits constitutifs des identités plurilingues dans des contextes migratoires. Ces travaux ne sont pas dénués de finalité professionnelle et pourraient alimenter une réflexion sur la formation des enseignants de français. Celle-ci se fonderait sur une didactique du français en milieu plurilingue, en complémentarité avec d’autres langues, dans une relation réflexive avec l’altérité. Ainsi, s’ouvriraient des voies à la recherche sur les politiques linguistiques-éducatives à l’école et dans la cité.
Dans ces conditions, la recherche en didactique et sociolinguistique s’inscrit dans une réflexion plus générale, qui donne à l’écologie des langues une dimension sociale et politique. Celle-ci a toute sa place dans la compréhension de la société contemporaine, particulièrement dans l’analyse de l’intégration des migrants et des stratégies identitaires liées au plurilinguisme et au contact des langues.
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