Annonce : soutenance d'HDR
saillard at LINGUIST.JUSSIEU.FR
saillard at LINGUIST.JUSSIEU.FR
Fri Nov 20 13:55:45 UTC 2009
Claire Saillard
Dynamiques linguistiques : du terrain à lacquisition
Soutenance en vue de lhabilitation à diriger les recherches, Université Paris 7
Paris Diderot
Jeudi 3 décembre 2009, à partir de 10h00
Salle des thèses, UFR GHSS, Immeuble Montréal, 59 rue Nationale, 75013 Paris
Composition du Jury :
M. Alain Rouveret (Université Paris 7 Paris Diderot)
Mme Marie-Claude Paris (Université Paris 7 Paris Diderot)
M. Georges Daniel Véronique (Université de Provence)
Mme Josiane Boutet (Université Paris IV, IUFM de Paris)
Mme Xu Dan (INALCO)
Mme Marie Berchoud (Université de Bourgogne, IUFM de Dijon)
Résumé :
Au cours de la soutenance, je mattacherai à retracer mon itinéraire de
linguiste, parcours multiple dont la cohérence est à chercher dans la notion de
dynamiques linguistiques. Mes recherches dans ce domaine se sont enracinées dans
lobservation et la description de terrains variés, sans négliger la nécessaire
réflexion théorique concernant les catégories et les concepts utilisés. La
diversité des terrains sentend ici tant du point de vue de leur localisation
géographique Taiwan, Chine, France que du point de vue de leur définition
en tant que domaine de recherche : du « terrain » de la linguistique de terrain
au « terrain » de la classe de langue, en passant par le « terrain » défini en
termes sociolinguistiques, voire sociologiques.
Si cest à lUniversité Paris 7 que jai acquis les bases de la langue chinoise
et de la linguistique, cest à loccasion de la poursuite de mes études à
Taiwan, au sein de lUniversité Nationale Tsing Hua, que jai découvert la
linguistique de terrain et lexistence des langues austronésiennes de Taiwan.
Cette famille cumule une grande richesse (14 langues encore vivantes, faisant
état de nombreux dialectes) et une importance théorique unique, puisque Taiwan
a été reconnu depuis le début des années 1990 comme le berceau de la famille
linguistique austronésienne. En raison de leur relative méconnaissance à
lépoque, jai été attirée par études de terrain dans les zones montagneuses de
Taiwan, dans une approche linguistique descriptive.
De la linguistique de terrain à la sociolinguistique, il ny avait quun pas,
franchi dautant plus aisément que les données et les analyses
sociolinguistiques faisaient elles aussi cruellement défaut pour les langues
austronésiennes de Taiwan, alors même que les langues chinoises, en particulier
le minnan, bénéficiaient de publications en nombre croissant. Je me suis livrée
à des enquêtes et recueils de données interactionnelles par voie dobservation
participante. Convaincue de limportance du travail en tant que déterminant des
normes sociales dans les sociétés modernes, jai voulu centrer ces observations
sur lenvironnement professionnel. Du fait de ma formation doctorale à Taiwan,
mes travaux se sont nourris principalement de la sociolinguistique
Nord-américaine, sans pour autant se situer dans un courant théorique unique.
La nature dynamique des situations observées, que ce soit à Taiwan ou plus tard
à propos de la migration chinoise, a motivé une certaine flexibilité dans les
outils et modèles théoriques que jai employés. Dans le même temps, le travail
de terrain a nourri une réflexion plus macro-sociolinguistique sur le statut
des langues majoritaire et minoritaires à Taiwan.
Cette réflexion engagée sur les concepts sociolinguistiques et le contexte
chinois au sens large (Chine continentale, Taiwan, Hong Kong), où la référence
à la norme linguistique est omniprésente, ma menée à questionner la notion de
langue standard, en utilisant le concept de « vernacularisation » développé par
P. Wald et G. Manessy à propos des variétés africaines de français.
De retour en France, ce sont ma situation géographique et mes engagements
associatifs qui ont redirigé mon attention vers la migration chinoise
internationale dans un premier temps, mais aussi nécessairement
intra-nationale. En collaboration avec J. Boutet, je me suis intéressée à la
constitution des répertoires plurilingues des Chinois, et à lévolution de ces
répertoires dans la migration. Avec une équipe interdisciplinaire (historiens,
sociologues, psychologue clinique
) jai tenté de mieux connaître les
mécanismes de la migration internationale des Chinois vers lEurope, soumettant
ainsi les stratégies linguistiques à la logique de stratégies plus prioritaires
pour les locuteurs concernés.
En termes de responsabilités professionnelles, jai été amenée à minvestir dans
deux « terrains » : celui de lenseignement et de la recherche à lUniversité
Paris 7, et celui du déploiement dune politique linguistique de diffusion du
français au sein de lAmbassade de France en Chine. Dans ce dernier cadre, jai
été amenée à me familiariser avec un terrain particulièrement important pour le
FLE, puisque les universités françaises attirent des effectifs toujours
croissants détudiants chinois. Dans les deux cas, il mest apparu
indispensable de tenter de concilier ces pratiques professionnelles avec mes
centres dintérêt dans le domaine de la recherche. Ce rapprochement a présidé
au choix du thème de mes travaux les plus récents, sappuyant sur lanalyse de
corpus produits par des apprenants chinois de FLE. Ces travaux se basent sur
une démarche de linguistique contrastive entre chinois et français pour
explorer la question de lacquisition de la temporalité du français par les
apprenants chinois, visant à clarifier le lien entre aspect et temps dans ces
deux langues.
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