"Discours d'autorit=?ISO-8859-1?Q?=E9_=3A_des_discours_sans_=E9clat=28s=29_?=?" appel
Alice Krieg-Planque
akrieg at CLUB-INTERNET.FR
Tue Apr 9 08:55:14 UTC 2013
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politique pour un numéro sur "Discours d'autorité : des discours sans
éclat(s) ?"
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Mots. Les langages du politique
Appel à contributions pour un dossier publiable en mars 2015
Discours d'autorité : des discours sans éclat(s) ?
La revue Mots. Les langages du politique entend publier en mars 2015 un
dossier
rassemblant des travaux portant sur le discours d'autorité.
Problématique générale
Pour les institutions comme pour les « experts », faire autorité, c'est
produire un discours
marqué du sceau de la crédibilité ou même de la véracité, lesté du poids
de la compétence ou de la
connaissance, émis pour rencontrer « spontanément » la reconnaissance et
recueillir
« naturellement » l'assentiment. Contre Pierre Bourdieu (1982) qui
affirmait que « l'autorité vient
au langage du dehors », ce dossier de Mots. Les langages du politique
invite à explorer la dimension
langagière qui alimente cet effet d'évidence.
Nous faisons ici l'hypothèse que dans toute institution -- au sens large
de « groupement
social légitimé » (Douglas, 1999) -- coexistent des discours qui
entretiennent des rapports différents
à l'altérité et à la conflictualité : échanges réputés symétriques
obéissant à un « modèle
conversationnel », échanges ouvertement conflictuels des débats,
polémiques et controverses, mais
aussi discours apparemment consensuels et homogènes, qui tendent à
imposer des normes de pensée
et d'action, naturalisées au nom d'une tradition, d'une expertise, de
garants incontestables... C'est
ce dernier type d'organisation discursive qui pourra être interrogée
dans ce dossier, tant dans les
institutions publiques (nationales et internationales), que dans les
sphères médiatique, scientifique,
ou religieuse.
À la différence de l'autorité manifeste, attachée à l'ethos oratoire et
incarnée par le tribun, la
posture se fait ici plus modeste en apparence et la présence du locuteur
plus discrète, au point de
s'effacer presque totalement dans le discours officiel des grandes
institutions.
À la différence également des discours autoritaires (Periès et Pineira
1995), les discours
d'autorité ne produisent pas les signes explicites du pouvoir de
contraindre, n'interdisent pas
ouvertement la contradiction, mais tendent à s'imposer de manière plus
subreptice et plus indirecte,
en s'appuyant sur la force de l'évidence : c'est davantage à la force
illocutoire de l'assertion,
masquée sous les apparences du simple constat, qu'ils empruntent leur
efficacité, qu'aux actes de
langage directifs -- injonctions ou menaces.
C'est la puissance de cet effet d'évidence que ce dossier se propose
d'interroger. Si ce
questionnement rejoint les travaux théoriques sur l'existence et la
fonction d'un discours
hégémonique, ou sur l'idéologie (Lambert et Schepens 2011), on se
penchera ici plus
particulièrement sur le processus par lequel le discours tend à ériger
en doctrine -- ou réduire en
doxa -- un point de vue, un paradigme interprétatif, un dispositif
d'action publique (Cussó et Gobin
2008, Rist 2002)...
Ce dossier se propose d'y joindre une question, familière aux
spécialistes de la
communication politique et institutionnelle : la préférence donnée à
l'explication sur
l'argumentation (Bronckart 1996 : 237).
Plusieurs hypothèses peuvent orienter la réflexion.
La première concerne le possible repérage dans les discours
institutionnels d'un triple
effacement :
- l'effacement des instances énonciatives, avec le jeu, qu'il autorise,
des postures de sur- et sous-
énonciation, telles qu'elles ont été mises en évidence par A. Rabatel
(Rabatel 2003, 2004), mais
aussi F. Grossmann et F. Rinck (Grossmann 2010, Grossmann et Rinck 2004) ;
- l'escamotage des points de vue adverses ou alternatifs, dans ce qui
apparaît parfois comme un
« discours sans adversaires » (Juhem 2001) ;
- l'évitement des formes de conflictualité, les procédés
d'euphémisation, qui placent ce discours
policé à l'opposé des discours polémiques (Oger et Ollivier-Yaniv 2006),
alimentant la thèse d'une
« dépolitisation » qui reste à établir.
La seconde piste proposée concerne les formes de stabilisation -- du
débat et des énoncés --
qu'il est possible de repérer, notamment à travers les choix
désignationnels, la promotion de
formules qui fonctionnent comme des « opérateurs de neutralisation de la
conflictualité » (Krieg-
Planque 2010), l'emploi de « termes-notions » (démocratie,
développement...) qui renvoient à un
sens social autorisé, et qui se chargent invariablement de la même
valeur axiologique (Rémi-Giraud
et Constantin de Chanay 2007, Dufour 2011).
Les modalités de la décontextualisation des énoncés, et de leur mise en
circulation pourront
être examinées par exemple dans deux directions : celle qui mobilise les
notions de lieux communs
mais aussi de figement, et de phraséologie (Fiala 1987), voire de
sloganisation (Tournier 1985) ;
celle qui s'interroge sur l'amplification, par la répétition et
l'enchâssement, de l'« effet d'évidence
et de reconnaissance du préconstruit » (Pêcheux 1975).
On aura reconnu au passage dans ces quelques pistes certains des traits
communément
associés à la « langue de bois » : les travaux anciens ou récents qui
ont pu lui être consacrés n'ont
guère permis de trancher, semble-t-il, entre la réserve prudente qui en
fait une notion -- peu
opératoire -- du sens commun, et la tendance à l'essentialisation, qui
prend la catégorie pour acquise
(Fiala, Pineira et Sériot 1989, Nowicki, Oustinoff et Chartier 2011,
Delporte 2009).
Nous aimerions au contraire que les contributions à ce dossier, par des
descriptions
linguistiques et discursives précises, permettent de mieux comprendre,
sur des corpus variés, les
processus à travers lesquels le « faire-croire » s'efface en apparence
et cède à l'efficacité, plus
indirecte mais plus sûre, d'un « dire-vrai ».
Bibliographie
BOURDIEU Pierre, 1982, Ce que parler veut dire. L'économie des échanges
linguistiques, Paris,
Fayard.
BRONCKART Jean-Paul, 1996, Activité langagière, textes et discours ;
pour un interactionnisme
socio-discursif, Lausanne, Delachaux et Niestlé.
CUSSO Roser et GOBIN Corinne (dir.), 2008, « Du discours politique au
discours expert » (dossier),
Mots. Les langages du politique, n°88, novembre 2008.
DELPORTE Christian, 2009, Une histoire de la langue de bois, Paris,
Flammarion.
DOUGLAS Mary, [1986] 1999, Comment pensent les institutions, Paris, La
Découverte/M.A.U.S.S.,
coll. Recherches.
DUFOUR Françoise, 2011, « « Où en est "la démocratie" ? » ou Le
fonctionnement idéologique
d'une formule déférente », Semen, n°30, 2011, p. 107-125
FIALA Pierre, 1987, « Pour une approche discursive de la phraséologie -
Remarques en vrac sur la
locutionalité et quelques points de vue qui s'y rapportent, sans doute
», Langage et société, n°42,
p. 27-44.
FIALA Pierre, PINEIRA Carmen et SERIOT Patrick (dir.), 1989, « Langues
de bois ? » (dossier), Mots.
Les langages du politique, n°21.
GROSSMANN Francis, 2010, « L'Auteur scientifique. Des rhétoriques aux
épistémologies », Revue
d'anthropologie des connaissances, vol. 4, n° 3, p. 410-426.
GROSSMANN Francis et RINCK Fanny, 2004, « La surénonciation comme norme
du genre :
l'exemple de l'article de recherche et du dictionnaire en linguistique
», Langages, n° 156, p. 34-50.
JUHEM Philippe, 2001, « La logique du succès des énoncés humanitaires :
un discours sans
adversaires », Mots. Les langages du politique, Lyon, ENS Editions, n°
65, pp. 9-27.
KRIEG-PLANQUE Alice, 2010, « La formule "développement durable" : un
opérateur de
neutralisation de la conflictualité », Langage et Société, n°134, p. 5-29.
LAMBERT Céline et SCHEPENS Philippe (dir.), 2011, « Les langages de
l'idéologie. Etudes
pluridisciplinaires » (dossier), Semen, n°30.
NOWICKI Joanna, OUSTINOFF Michaël et CHARTIER Anne-Marie (dir.), 2011, «
Les langues de
bois » (dossier), Hermès, n°58.
OGER Claire et OLLIVIER-YANIV Caroline, 2006, « Conjurer le désordre
discursif. Les procédés de
"lissage" dans la fabrication du discours institutionnel », Mots. Les
langages du politique, n°81,
p. 63-77.
PECHEUX Michel, 1975, Les Vérités de la Palice, Paris, Maspéro.
PERIES Gabriel, PINEIRA Carmen (dir.), 1995, « Acte d'autorité, discours
autoritaires » (dossier),
Mots. Les langages du politique, n°43.
RABATEL Alain, 2003, « L'effacement énonciatif et ses effets
pragmatiques de sous - et de sur -
énonciation », in Lopez-Muñoz Juan Manuel, Marnette Sophie et Rosier
Laurence (dir.), Formes et
stratégies du discours rapporté : approche linguistique et littéraire
des genres de discours, Estudios
de Lengua y literatura francesas, n°14, Université de Cadiz, p. 33-61.
RABATEL Alain (dir.), 2004, « Effacement énonciatif et discours
rapportés » (dossier), Langages,
2004/4 n° 156, p. 3-17.
REMI-GIRAUD S. et CONSTANTIN DE CHANAY H., 2007, « Démocratie et ses
dérivés. De la
dénomination à l'argument sans réplique ? », Mots. Les langages du
politique, n° 83, p.81-99.
RIST Gilbert (dir.), 2002, Les mots du pouvoir. Sens et non-sens de la
rhétorique internationale,
Nouveaux cahiers de l'IUED, n°13, Genève et Paris, PUF.
TOURNIER Maurice, 1985, « Texte "propagandiste" et cooccurrences.
Hypothèses et méthodes pour
l'étude de la sloganisation », Mots. Les langages du politique, n°11, p.
155-187.
Modalités de soumission
Les contributions pourront prendre la forme d'articles (maximum 40 000
signes tout
compris) ou de notes de recherche (maximum 15 000 signes tout compris).
Les auteurs devront
soumettre aux trois coordinateurs, avant le 1er octobre 2013, un
avant-projet (3 000 signes
maximum tout compris), dont l'acceptation vaudra encouragement mais non
pas engagement de
publication. Les contributions devront être proposées aux trois
coordinateurs avant le 1er février
2014. Conformément aux règles habituelles de la revue, elles seront
préalablement examinées par
les coordinateurs du dossier, puis soumises à l'évaluation doublement
anonyme de trois lecteurs
français ou étrangers de différentes disciplines. Les réponses aux
propositions de contributions
seront données à leurs auteurs au plus tard en juillet 2014, après
délibération du Comité éditorial.
Les références bibliographiques devront figurer en fin d'article et être
mentionnées dans le corps du
texte sous la forme : (Machin, 1983). L'usage des caractères italiques
sera réservé aux mots et
expressions cités en tant que tels, et les guillemets aux énoncés dûment
attribués à un auteur, ou à la
glose d'un syntagme. Un résumé de cinq lignes et cinq mots-clés seront
joints à l'article, en
français et si possible en anglais et en espagnol.
Coordination du dossier
Michèle Monte, Université du Sud Toulon Var, Babel (EA 2649),
Michele.Monte at univ-tln.fr
Claire Oger, Université Paris 13, LabSic (EA 1803), cla.oger at gmail.com
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