soutenance HDR 7 déc., M-M Dautriat-Bertucci: Plurilinguisme et altérité. Français,école, politiques linguistiques-éducatives, Tours

Jean-Claude Bondol jcbondol at YAHOO.FR
Thu Nov 30 10:17:16 UTC 2006




 De: "Marie-Madeleine Bertucci" 

Soutenance d'Habilitation à diriger des recherches  de Marie-Madeleine 
Dautriat-Bertucci
 le jeudi 7 décembre à 14h 30  dans la salle 310 à l'Université 
François Rabelais de Tours :

Sujet :
 Plurilinguisme et altérité. Français,école, politiques 
linguistiques-éducatives
 
Jury
Jacqueline Billiez Université Stendhal-Grenoble 3
Véronique Castellotti Université de Tours
Jean-Louis Chiss Université Paris 3
Françoise Gadet Université Paris X
Didier de Robillard (dir.) Université de Tours

Résumé du document de synthèse présenté pour l’Habilitation à diriger 
des recherches le 7 décembre 2006 à l’Université François Rabelais de 
Tours.

Les thèmes du plurilinguisme et de l’altérité me permettent de fédérer 
mes recherches dans le cadre du travail réflexif que constitue la 
rédaction d’une habilitation.  Ainsi ma thèse soutenue en 1995, dont le 
titre était Contribution à une étude des dysfonctionnements 
linguistiques chez les  élèves créoles de La Réunion, abordait la 
question du plurilinguisme et de la diglossie français-créole. Elle 
construisait, à travers l’étude de la situation linguistique à La 
Réunion et de l’apprentissage du français par les élèves créoles, une 
figure de l’altérité, en mettant en avant la relation aux langues de 
ces élèves, comme élément constitutif d’une identité plurilingue. Cette 
approche, croisée avec une étude du milieu socioculturel des élèves, 
permettait de dessiner les formes de leur intégration scolaire et 
sociale à travers leur relation au français, langue de scolarisation, 
et plus généralement au savoir et à l’école. Elle se concluait sur la 
nécessité d’instaurer une écodidactique, fondée sur la compréhension de 
l’élève, de son milieu et sur la reconnaissance de son identité. Elle 
mettait en avant l’idée que devaient être ménagées des voies d’accès 
différenciées au savoir et entamait une réflexion sur la fonction 
intégrative du français, l’appropriation réussie d’une langue autre et 
complémentaire du créole, donnant à l’élève la possibilité de 
construire une relation positive à lui-même et à autrui.
Mes travaux ultérieurs ont amplifié et prolongé les pistes de réflexion 
contenues  dans ma thèse, avec une analyse didactique plus nettement 
orientée vers la sociolinguistique, l’effet de loupe de la situation 
réunionnaise m’ayant servi à construire mon analyse de la situation 
dans l’hexagone et au-delà dans le monde francophone. La notion de 
plurilinguisme est restée centrale. Elle a été approfondie par une 
extension de l’approche  aux problèmes posés par la variation, à 
travers un intérêt porté aux français non standard, au français 
populaire et ou des banlieues, aux  parlers jeunes et aux français non 
hexagonaux dans le cadre de la francophonie. Deux grands axes ont 
structuré mes  recherches depuis 1995. J’ai abordé d’une part la 
question de l’école et de l’apprentissage du français à la périphérie 
des villes, dans les situations de banlieues notamment. Je me suis 
intéressée d’autre part à la perception de la diversité linguistique 
dans le contexte scolaire, particulièrement dans les programmes de 
l’école et du collège. Cette étude a orienté les recherches menées dans 
le domaine des politiques linguistiques-éducatives, avec une attention  
particulière pour les situations de mobilité et le statut des élèves 
migrants en milieu scolaire ordinaire. Ces éléments, en apparence 
distincts sont étroitement solidaires. Leur mise en relation permet de 
dessiner les contours de l’altérité en termes linguistiques et de faire 
apparaître ses rapports avec le plurilinguisme. Cette altérité 
linguistique s’inscrit dans le cadre d’une écologie des langues. 
Celle-ci rend compte de l’amplitude de la diversité linguistique et de 
l’intimité des liens qui unissent les faits de variation, au-delà des 
oppositions apparentes formulées soit en termes d’espace : opposition 
centre / périphérie, soit en termes de normes : opposition standard / 
non standard. Ce sont ces questions que le travail conduit à l’occasion 
de l’habilitation cherche à mieux problématiser et à orienter vers de 
nouvelles perspectives.

           Le premier chapitre intitulé  Itinéraire retrace dans une 
perspective réflexive mon parcours de recherche de ma thèse en 1995 à 
l’année 2006, année consacrée à la préparation de l’Habilitation à 
diriger des recherches en Sciences du langage. Les trois chapitres 
suivants constituent une tentative de lecture de mes recherches à la 
lumière de deux thèmes fédérateurs : le plurilinguisme et l’altérité 
sur les terrains du français, de l’école, des politiques linguistiques 
et éducatives.

             Ces notions font la synthèse de terrains apparemment 
disjoints dans mon travail, mes travaux sur la situation linguistique 
des élèves créoles de La Réunion, mes recherches sur le traitement de 
la diversité linguistique dans les programmes de français, sur les 
identités plurilingues des migrants ou sur les situations de banlieues. 
Elles sont organisatrices sur deux points. D’abord, elles me permettent 
d’aborder le plurilinguisme d’un double point de vue didactique et 
sociolinguistique, qui autorise l’élaboration d’une synthèse et la 
construction de liens et de rapprochements. Ensuite, elles me donnent 
la possibilité de croiser l’analyse des faits linguistiques avec  la 
problématique de l’altérité et de mettre en lumière des stratégies de 
minorisation, qui s’exercent sur certains groupes par le biais des 
situations linguistiques. Je me pencherai plus particulièrement sur le 
cas des locuteurs ayant traversé des situations de mobilité. Analyser 
le plurilinguisme dans le contexte monolingue français, c’est 
contribuer, d’une certaine façon, à interroger le statut de  l’altérité 
dans la société française contemporaine, le fonctionnement des langues 
en tant que constructions sociales, leur statut, leur légitimité. Par 
là même, j’aborderai les enjeux du plurilinguisme dans une double 
direction, en termes d’intégration des migrants, notamment dans le 
cadre scolaire, et dans une perspective plus générale en réfléchissant 
aux modalités « d’éveil aux langues », et à la mise en place de 
compétences plurilingues chez les locuteurs. La variation sera 
également centrale dans ce travail, dans la mesure où elle m’amènera à 
aborder le statut du français standard, ses liens avec « les parlers 
jeunes et ou de banlieues » et avec les français non hexagonaux. 
Fédératrice, la variation conduira à établir un lien avec les 
situations de banlieues, qui tiennent une place importante dans ma 
recherche et à voir en quoi ces notions participent à l’élaboration 
d’une représentation de l’altérité.

           Ces chapitres sont donc l’occasion d’un retour sur les 
recherches effectuées et l’occasion de les mettre en perspective en les 
réactualisant. Cette réactualisation est rendue nécessaire par mon 
évolution personnelle. J’ai moi-même parfois changé dans mes 
conceptions et mes analyses par rapport à des travaux plus anciens. Les 
avancées de la recherche, des publications récentes d’autres chercheurs 
me conduisent en outre à une relecture de mon travail en fonction de 
ces éclairages nouveaux.

           Enfin dans un dernier chapitre, je propose des orientations 
de recherche en essayant de montrer comment inscrites dans une 
continuité, elles sont des prolongements de ce que j’ai déjà réalisé. 
Si elles se situent dans une continuité, elles tendent aussi à un 
élargissement de mes travaux, dans la mesure où elles visent à 
développer des synergies avec d’autres chercheurs.

             Ces orientations de recherche se développent dans trois 
directions, les politiques linguistiques et l’enseignement du français 
dans le cadre de la francophonie et leurs liens avec la diversité des 
situations linguistiques ; la question de la maîtrise et de 
l’enseignement de la langue dans le premier et le second degré en 
France et la valorisation du plurilinguisme ; l’étude du récit de vie 
destinée à mettre en lumière les traits constitutifs des identités 
plurilingues dans des contextes migratoires.  Ces travaux ne sont pas 
dénués de finalité professionnelle et pourraient alimenter une 
réflexion sur la formation des enseignants de français. Celle-ci se 
fonderait sur une didactique du français en milieu plurilingue, en 
complémentarité avec d’autres langues, dans une relation réflexive avec 
l’altérité. Ainsi, s’ouvriraient des voies à la recherche sur les 
politiques linguistiques-éducatives à l’école et dans la cité.

               Dans ces conditions, la recherche en didactique et 
sociolinguistique s’inscrit dans une réflexion plus générale, qui donne 
à l’écologie des langues une dimension sociale et politique. Celle-ci a 
toute sa place dans la compréhension de la société contemporaine, 
particulièrement dans l’analyse de l’intégration des migrants et des 
stratégies identitaires liées au plurilinguisme  et au contact des 
langues.

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