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Véronique Magri veronique.magri at YAHOO.FR
Sun Dec 2 11:06:48 UTC 2012


Appel à contribution
 
pour la revue Semen
 
La répétition lexicale, approche
discursive et pragmatique
 
V. Magri (Université Nice Sophia-Antipolis, UMR 7320 Bases,
Corpus et Langage) et 
A. Rabatel Université Claude Bernard, Lyon 1 (éds.)
 
Considérée
comme une faute dans l’histoire de la rhétorique et dans le discours des
grammairiens, la répétition  est décriée
comme pléonasme ou tautologie quand elle associe un caractérisant purement
redondant par rapport au caractérisé et dévalorisée quand elle est vue comme
source d’un effet de sens négatif, la redondance. L’approche énonciative et
pragmatique des figures[1] s’éloigne évidemment de cette conception référentialiste des mots et du
discours pour inscrire les figures dans un processus par lequel les locuteurs ou
les énonciateurs ajustent leur rapport cognitif et intersubjectif aux mots, à
la réalité et aux allocutaires. Dans le cadre théorique de l’approche
énonciativo-pragmatique pourra être amorcée une mise en ordre du fonctionnement
syntaxique et sémantique des formes de la répétition. 
Afin d’assurer
la cohérence des études proposées, on s’intéressera uniquement aux
configurations où il y a reprise d’un même matériel formel. Les répétitions lexicales
sont définies strictement comme reprises explicites d’un segment linguistique,
quel que soit l’empan de ce segment linguistique, depuis l’unité lexicale
jusqu’à la séquence textuelle, en passant par les unités intermédiaires du
segment phrastique et de la phrase[2].
Seront de fait éludées les répétitions de structures syntaxiques, qui induisent
desparallélismes
structurels et rythmiques, parce qu’elles se situent à un niveau infralexical.
 La variation du signifiant même si le signifié
ou le référent reste identique est un motif d’exclusion des figures de
l’expolition ou de la paraphrase. En revanche, les configurations où le
signifiant reste identique se situent au cœur de ce projet : les figures
de l’anaphore[3],   de l’épiphore[4],  de l’épizeuxe[5],  de l’antanaclase[6] -
pourront par exemple être proposées à l’analyse, ou tout autre procédé de reprise
d’un même matériel lexical. Les exemples sont ici empruntés au discours
littéraire français mais les phénomènes de répétitions lexicales pourront être
envisagés dans tout type de discours, médiatique, politique, ou autre aussi
bien qu’à d’autres sphères langagières. 
La répétition
lexicale sera envisagée en particulier dans son rapport à la textualité, qui se
constitue sur le binôme identité – variation ou altérité. La seconde
occurrence, dans le cas de la répétition, ne vient pas se substituer à la
précédente mais s’y ajoute pour donner de l’épaisseur aux mots. La répétition
voisine alors avec le processus de reformulation qui articule un avant-texte
auquel il renvoie anaphoriquement et une expression qui peut être identique
formellement mais qui fonctionne comme expression nouvelle pointée comme
aboutissement d’un processus discursif. 
Les
répétitions jouent sur la reprise du même - on rejoint le cas de la
réduplication stricto sensu, définie comme « répétition littérale,
immédiate et iso-fonctionnelle d’un quelconque segment textuel »[7] - mais
l’inscription dans la chaîne linéaire du texte fait que la seconde occurrence
est forcément différente de la précédente : le signifié peut subir une
altération de sens en relation avec le cotexte. La problématique de la
répétition réside dans ce paradoxe d’une reprise à l’identique, en surface, qui
la désigne cependant comme fait d’hétérogénéité énonciative modalisant un
premier énoncé ou le mettant en perspective. 
La répétition
lexicale s’appréciera à l’intérieur d’une unité de discours, depuis la phrase
jusqu’à une œuvre tout entière. Pour les grands corpus, l’outil informatique
pourra être utilement proposé pour repérer les répétitions comme itérations, au
sens de François Rastier[8]. 
Trois axes
sont proposés à la réflexion : 
 
Répétitions lexicales et
configurations syntaxiques
Les répétitions
s’inscrivent dans la linéarité du texte tout en instaurant une discontinuité
apparente puisqu’elles en freinent la lecture cursive. C’est le fonctionnement
sémantico-syntaxique des répétitions qui pourra être interrogé. Les
constructions syntaxiques variées des répétitions sont à corréler à des
implications sémantiques diverses. Les répétitions sont à appréhender comme des
formes-sens. On pourra évaluer en les comparant diverses réalisations de
l’épizeuxe, en particulier des structures comme, entre autres, « il
était d’une paresse, mais d’une incurable paresse » ; « il avait
des principes, enfin de grands principes » ; « si le magnifique
poème de cet amour secret devait avoir une fin, que dis-je une fin » (Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées). 
 
Répétitions lexicales et
points de vue
L’analyse de
ces variations formelles et sémantiques pourra être située dans le cadre
énonciatif théorique des postures énonciatives[9] et menée
à la lumière de l’hypothèse des points de vue en confrontation. La dimension
pragmatique et interactionnelle des répétitions sera ici envisagée, comme un
lieu où se disent les rapports de force, les négociations discursives, que le
discours se construise en co-énonciation, en sur-énonciation ou en
sous-énonciation, que les points de vue se cumulent ou se contredisent. Le
calcul des instances sources des points de vue et de leur prise en charge
pourra contribuer à éclairer les formes de répétitions. 
 
Répétitions lexicales et construction
du sens
Les
répétitions posent la question du sens. La répétition qui se constitue par la
tension entre le même et le différent induit que le sens n’est pas réductible à
un signifié unique mais se conçoit comme la somme de signifiés successifs, non
autonomes et dont la concaténation  révèle la complémentarité, ou comme une succession de points de vue sur
les objets du discours. La dimension cognitive des figures de répétition
permettra de les envisager comme procédés d’ajustement du dire aux choses, au
dit lorsque se manifeste l’auto-répétition, à la doxa, au discours des autres.
Les concepts d’hétéro-dialogisme et d’auto-dialogisme peuvent être exploités.  Des affinités peuvent-elles être trouvées
entre les mots répétés et les mots-clés d’un imaginaire ? « Répéter
permet de créer des pics énergétiques dans la linéarité de l’écriture »
(S. Abiker).
 
Bibliographie sélective
Abiker S. (2008). L’écho
paradoxal. Étude stylistique de la répétition dans les récits brefs en vers,
XIIe-XIVe siècles. http://theses.edel.univ-poitiers.fr/theses/2008/Abiker-Severine/2008-Abiker-Severine-These.pdf
Bonhomme M. (2005). Pragmatique des figures du discours,
Paris, Champion.
Charolles M. (1997).
« Spécialisation des marqueurs et spécificité des opérations de reformulation,
de dénomination et de rectification » in Bange P. L’analyse des
interactions verbales : la dame de Caluire. Centre de recherches
linguistiques et sémiologiques (Lyon), p. 99-122. 
Fontaine N. (1990). De
la répétition dans les textes littéraires. Situation historique et approche
structurale. Thèse, Tours. 
Frédéric M. (1985). La
répétition. Étude linguistique et rhétorique, Tübingen, Max Niemeyer Verlag.
Magri V. (2012). « Reformulation
et textualité », 3e Congrès mondial de linguistique française,
vol. 1, p. 1143-1159, http://dx.doi.org/10.1051/shsconf/20120100024.
Molinié G. (1991). Éléments de stylistique française, PUF.
Rabatel A. (2012).
« Positions, positionnements et postures de l’énonciateur », Tranel,
56, p. 23-42. 
RabatelAlain (2013). « De l’intérêt des
postures énonciatives (co-énonciation, sous-énonciation, sur-énonciation) pour
l’interprétation des textes et pour la gestion et l’analyse des interactions
didactiques », Cultura y Educación. 
Rabatel A.
(2008a).  Homo narrans, Limoges,
Lambert-Lucas.
Rabatel A.
(2008b). Figures et point de vue. Langue
Française 160  
Rastier F. (1987). Sémantique interprétative, Paris, PUF. 
  Répétition, Altération, Reformulation (2000). : colloque international 22-24 juin 1998, Presses Universitaires de Franche-Comté. 
Richard E.(2004). La répétition, syntaxe et
interprétation, L’Information grammaticale, 100, p. 53-54. 
Schuwer M., Le Bot M.-Cl., Richard É. (2008). Pragmatique de la reformulation, PUR. 
Semen, 12 Répétition,
altération, reformulation dans les textes et discours. http://semen.revues.org/1860.
Watine M.-A. (2012).
« La réduplication : une interprétation dialogique », in Les
Figures à l’épreuve du discours. Dialogisme et polyphonie, PUPS. 
 
 
Modalités
de soumission
 
Les propositions d’articles (avec résumé environ 2500 signes dont espaces) devront être envoyées à 
 
Veronique.Magri at unice.fr
Alain.Rabatel at univ-lyon1.fr
 
Calendrier 
 
Envoi des propositions aux éditeurs scientifiques ;
date limite le 15 mai 2013
 
Signification aux auteurs : 30 juin 2013
 
Journée d’étude NICE : 22 novembre 2013
 
Remise des textes aux éditeurs pour relecture interne en janvier
2014
 
Remise des textes à la revue pour expertises externes mars 2014
 
Parution deuxième semestre 2014, revue SEMEN
 
 
 
 
 
 
 
 

________________________________
 
[1] Voir M. Bonhomme, Pragmatique
des figures du discours, Paris, Champion, 2005 et A. Rabatel (dir.), Figures
et points de vue, Langue française, 160, 2008. 
[2] Voir A. Rabatel, Homo
narrans, sur la confection de l’arche d’alliance.
[3] « Rome, l’unique objet de mon ressentiment ! Rome à qui vient ton
bras d’immoler mon amant ! » (Corneille, Horace).
[4] « Et toujours ce parfum de foin coupé qui venait de Bérénice qui résumait
Bérénice, qui le pénétrait de Bérénice » (Aragon, Aurélien).
[5] « La vie est belle, belle, belle ! Oh ! dis-le moi »
(Éluard, Dialogue des inutiles).
[6] « Un père en punissant, Madame, est toujours père » (Racine, Phèdre) ».
[7] M.-A. Watine,  « La réduplication : une
interprétation dialogique » in Les Figures à l’épreuve du discours,
p. 151. 
[8] F. Rastier, Sémantique
interprétative, Paris, PUF, p. 93 sq.
[9] A. Rabatel, « Positions, positionnements et
postures de l’énonciateur », Tranel,  56, 2012, p. 23-42. 
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